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Lettres classiques

22.09.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Vieux con, Haines ordinaires

Je ne sais pas si vous avez suivi le feuilleton de la réforme du CAPES de lettre classiques. La stratégie visant à éradiquer de l'école publique la plaie que sont le latin et le grec entre en sa phase terminale puisque la disparition du CAPES de lettres classiques, principal fournisseur de professeurs de latin et de grec dans les lycées de France, est d'ores et déjà programmée.

Il y aura, dès le mois de novembre 2010, un CAPES de lettres classiques flambant neuf et ne contenant plus ni latin ni grec. Tout au plus pourront être demandées aux candidats des bribes de versions ou de thèmes comme sont demandées des traductions aux futurs professeurs de lettres modernes qui traduisent parfois un peu d'anglais. Plus d'explication des auteurs classiques, place à l'épreuve reine qu'est le commentaire d'une page quelconque du manuel scolaire tant qu'il en restera un.

Grâce à la suppression de ces épreuves, le jury du CAPES ne peut même plus juger de la qualité d'un candidat dans la discipline qu'il s'apprête à enseigner. On se demanderait même à quoi sert encore ce concours.

La commission de réforme des concours s'est réunie. Le nouveau concours a été avalisé par le ministre de tutelle. Personne n'est descendu dans les rues pour manifester contre cette réforme pour le moins bizarre. Remarquez, c'est plutôt normal et si on supprimait les mathématiques du CAPES de mathématiques, il ne se trouverait pas non plus un lycéen pour défiler dans les rues. Il est tellement plus gratifiant de manifester contre le report de l'âge de la retraite ou la vignette moto, voire la simple idée de remettre une année de propédeutique avec un examen d'entrée à l'université ! Dans ces conditions, voir ne serait-ce qu'un seul lycéen dans la rue pour défendre Homère, Eschyle, Virgile ou Horace relève de l'impossible.

Depuis trente ans, des hommes de progrès luttent contre ces fléaux de l'élitisme, du conservatisme et de l'inutilité que seraient le latin et le grec. Le latin et le grec ne sont peut être pas nécessaires à la bonne compréhension du français mais mine de rien, ils y contribuent largement. Depuis que nous avons à la tête de l'état des hommes politiques fiers de leur inculture, le phénomène ne s'est pas arrangé. Ce problème n'est malheureusement pas limité aux langues anciennes. Souvenez-vous de la polémique autour de la Princesse de Clèves. Le petit Nicolas avait cru amusant de déclarer, j'ouvre les guillemets avec des pincettes :

« Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens. L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! En tout cas, je l’ai lu il y a tellement longtemps qu’il y a de fortes chances que j’aie raté l’examen ! »

Si seulement lors de son investiture, il y avait eu un examen où on lui avait demandé de parler de cet ouvrage. Nous aurions évité le petit nerveux d'une inculture crasse et assumée. Enfin, au moins, il nous apprend qu'un jour, il a su lire. Remarquez, on avait le choix entre deux incultes, d'un côté le petit Nicolas, de l'autre, Marie-Ségolène, et entre nous, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. Il n'y en a pas un pour racheter l'autre. On doit avoir les hommes politiques que l'on mérite et force est de constater que nous ne devons pas être trop méritants.

Pourtant, au début des années 70, souvenez-vous, on pouvait entendre un président de la république déclamer du Paul Éluard à la fin d'une conférence de presse. Vous me direz que Georges Pompidou était un homme de lettres et vous aurez raison. Il me semble de le petit Nicolas, en tant qu'avocat, devrait aussi en être un.




Aujourd'hui, au plus haut de l'état se trouvent des hommes qui sont fiers de ne plus avoir aucune espèce de culture. Il n'est pas question que de la Princesse de Clèves, mais de toute forme de culture. En vertu du principe de Peter et de celui du piston qui ne fonctionne qu'avec un solide nivellement par le bas, tous les postes à responsabilité sont tenus par des incapables la plupart du temps incultes. Et on s'étonne encore que ces gens continuent à s'attaquer aux derniers bastions de la culture que sont des matières prétendûment inutiles comme le latin et le grec, mais aussi le français, les mathématiques, les sciences…

Écoutez seulement nos élites parler. Écoutez la langue française massacrée par notre président, incapable de faire la moindre concordance de temps, incapable de poser une négation sans bouffer un ne qui n'est pas explétif… Ses tics de langage sont uniquement là pour faire populaire. Comme je ne crois pas au mimétisme, je suis convaincu que cette façon de parler est parfaitement étudiée et est issue d'un travail laborieux. Écoutez son âme damnée, son ministre de l'intérieur. Ces deux-là n'ont pas appris à parler ensemble, d'autant qu'il ne se connaissent que depuis 1976. Mais ils montrent les mêmes tics de langage, les mêmes tournures de phrases, le même accent, le même mépris de la langue.

Nous avons déjà Iznogoud qui travaille assidûment à la création d'une génération de gens parfaitement incultes, munis de diplômes n'ayant plus aucune valeur parce que donnés à tout le monde ou presque. Essayons au moins d'échapper à Izverybad qui se rêve calife à la place du calife et qui ne changera rien à l'affaire.

Au fait, que devient Jean Sarkozy ?

 

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Commentaire de: Missan
Missan
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On croit rêver. On a connu des PEGC (Professeurs d’Enseignement Général de Collège) qui enseignaient l’anglais sans avoir jamais franchi le Pas-de-Calais, on aura des professeurs certifiés de lettres classiques qui n’auront pas passé d’épreuve de latin ni de grec. Si on passe en revue les hommes politiques férus de classicisme, on se retrouve avec Pompidou, Juppé, Darcos et d’autres qui n’offensaient (n’offensent) ni “grand-père ni grand-mère” pour citer Molière. Et dont les propos étaient parfaitement compréhensibles, même s’ils n’étaient pas entachés du populisme étudié que vous dénoncez.
Un pays qui laisse maltraiter sa langue perd son identité, son âme. Défendons notre langue et félicitons et encourageons tous ceux qui s’emploient à la promouvoir.

12.11.10 @ 14:28


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