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Depuis quelques jours, on nous bassine des puces radiofréquences insidieusement glissées dans les tenues des enfants des crèches. C'est déjà le cas dans certaines crèches des États-Unis et plusieurs établissements français ont déclaré être très intéressés par cette technologie.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire, il s'agit d'installer des lecteurs de puces RFID permettant de savoir instantanément si tel ou tel enfant se trouve dans la pièce ou s'est échappé. Les tenants de la nouveauté signalent que c'est un immense progrès parce que personne ne peut avoir sous les yeux continuellement une quinzaine d'enfants dont certains sont turbulents ; les opposants rétorquent qu'il s'agit d'un flicage supplémentaire. J'aurais tendance à rajouter que le boulet médiéval est assez pratique pour éviter toute fuite et ne demande pas d'énergie pour fonctionner. Le boulet, voilà l'outil de surveillance réellement écologique !
Mais personne ne signale qu'il s'agit d'une émission radioélectrique de plus, qui plus est d'une émission d'une puissance certaine puisque l'émetteur doit rayonner la puissance nécessaire au fonctionnement de toutes les puces à sa portée. Je ne suis même pas sûr que quelqu'un y ait pensé.
Depuis des années, on nous dit que le téléphone portable est nocif pour la santé. Cerise sur le gâteau, on a démonté à Paris toutes les antennes qui se trouvaient sur les écoles, préférant les installer sur les bâtiments qui faisaient face à ces écoles. Pourtant, c'est bien sous l'antenne que l'on reçoit le moins de puissance… Cherchez l'erreur ! Il a même été prouvé, par une expérience en double aveugle, que les personnes prétendûment sensibles aux ondes étaient sensibles à la simple vue des antennes car, en présence d'antennes visibles mais non fonctionnelles, elles se plaignaient de violentes céphalées. Bizarrement, en présence d'antennes invisibles et fonctionnelles, ces céphalées disparaissaient. Je ne prétends pas qu'il n'existe pas de personnes réellement sensibles aux ondes électromagnétiques, simplement que ce phénomère est beaucoup plus rare qu'on ne nous le laisse penser.
Personne ne s'indigne de l'utilisation de bornes WIFI partout, ni des fours à micro-ondes. De mon appartement, j'arrive à capter l'émission des bornes WIFI que la maire de Paris a installé place de la République — compter 500m d'un superbe canal de Rayleigh — ou square du Temple alors que j'ai des murs en pierre de plus de cinquante centimètres d'épaisseur. C'est vous dire si la puissance émise est importante. Par ailleurs, si on prend un four à micro-ondes haut de gamme — avec un blindage correct, donc pas le four acheté en grande distribution qui serait plutôt un modèle du type poreux —, il est aisé de mesurer l'isolation de la porte qui est d'à peu près 30dB à 2,45GHz. En d'autres termes, si l'émission est de 700W, on est susceptible de recueillir 0,7W dans le crâne et sur une raie d'absorption de l'eau lorsqu'on regarde son plat réchauffer.
Il y a donc deux poids et deux mesures. D'un côté les ondes nocives (radiotéléphone) et d'un autre les ondes qui ne le sont pas (fours à micro-ondes, puces RFID, WIFI). Pourtant, ces ondes sont dans les mêmes gammes de fréquence et les effets biologiques — hors fréquence d'absoption spécifique — sont sensiblement les mêmes. En dehors du téléphone lorsqu'on l'utilise à l'oreille, les puissances sont comparables.
Il faudrait donc voir à rester un minimum cohérent pour être crédible. On ne peut pas partir en guerre contre les antennes-relais des téléphones portables sans partir en croisade contre les fours à micro-ondes, les antennes WIFI ou la vulgarisation des puces RFID.
Les fours à micro-ondes sont utilisés depuis plus de cinquante ans, les antennes WIFI ou les puces RFID sont, la plupart du temps, invisibles. En revanche, les équipements nécessaires au fonctionnement des téléphones portables sont bien visibles sur les toits des villes ou les châteaux d'eau à la campagne et les utilisateurs desdits téléphones semblent pour la plupart volontaires. Il est donc facile de les pourfendre en faisant fi de la nocivité — ou de l'innocuité des ondes parce qu'après tout, aujourd'hui, on n'en sait rien — de toutes les autres ondes émises par des équipements moins visibles ou moins identifiables.
Loin de moi l'envie de prendre parti. Mais lorsqu'on a décidé de combattre la pollution radioélectrique, il faut lutter contre toutes ces émissions, pas seulement les émissions visibles. La crédibilité est à ce prix.