« Invasion de puces dans les crèches | Les clichés ont la vie dure » |
Ça y est. Depuis cette nuit, l'âge légal de la retraite a été repoussé à 62 ans contre 60. Reste le passage devant le sénat, ce qui ne devrait être qu'une simple formalité.
Les députés français ont donc sonné le glas de cette mesure emblématique du premier septennat de François Mitterrand et les socialistes, certainement en mémoire du chef, ont déjà annoncé qu'ils reviendront sur cette mesure s'ils sont élus en 2012. Tous les arguments sont bons pour rallier des suffrages.
Le problème majeur de cette réforme n'est pas l'allongement de la durée de cotisation ni l'âge légal de départ à la retraite. Ne parlons pas non plus de la pénibilité du travail qui est, dans la majorité des cas, un faux problème. J'aimerais d'ailleurs assez avoir des statistiques réelles sur le pourcentage de travailleurs — pas de salariés parce que tous les salariés sont des travailleurs mais le contraire n'est pas vrai — ayant un métier réellement pénible. Le vrai problème est la continuité de l'emploi au cours de la vie professionnelle. En France, l'âge médian de sortie du marché du travail est de 58,4 ans (source INSEE) et l'âge moyen de liquidation de la retraite est de 61,5 ans (même source). L'âge de liquidation est ainsi dans la moyenne européenne. Passons sur le mélange entre âge médian et âge moyen, visiblement, nos politiques sont incapables d'en faire la différence. Il faudrait les renvoyer d'urgence sur les bancs de l'école pour recevoir un cours de mathématiques statistiques. Peut-être ont-ils voté cette mesure car ils ne sont pas confrontés au problème, l'assemblée nationale n'étant pas socialement représentative de la population active (les fonctionnaires et les professions libérales sur-représentés ne sont pas touchés par cette réforme).
L'âge médian signifie qu'il y a autant de personnes qui partent après l'âge de 58,4 ans que de personnes qui partent avant cet âge. Reculer l'âge légal de la retraite en partant du principe que cet âge médiant reculera aussi de deux ans est une aberration puisque l'une des mesures est politique et l'autre économique et que l'une n'implique pas l'autre. La seule conséquence sera une baisse mécanique des pensions versées.
Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que les carrières sont de plus en plus morcelées et qu'il n'y a que très peu de gens qui ne passent pas par la case Assedic. Parler du problème spécifique des carrières des femmes est donc un épouvantail puisqu'il n'est pas prouvé que les carrières des femmes sont plus morcelées que celles des hommes surtout dans les classes inférieures de la société. Repousser l'âge de liquidation des retraites à taux plein à 67 ans signifie simplement une baisse supplémentaire des pensions puisque ceux qui n'ont pas réussi à atteindre 40 ans de cotisations à l'âge de 65 ans auront encore plus de difficultés à atteindre 42 ans de cotisations à 67 ans.
Et l'on entend les syndicats et les politiques d'opposition, qui n'ont rien compris au sport en question, parler de choses aussi aberrantes que le rajout d'une taxe sur le capital, sur l'intéressement des salariés et sur plein d'autres choses qu'on pourrait taxer ou surtaxer pour payer les retraites. J'ai en particulier entendu chez Arlette Chabot que l'intéressement salarial est exonéré de charges sociales. Je suis content de savoir que les CSG et CRDS ne sont pas des charges sociales. Je pose donc la question : que sont les CSG et CRDS ? Il est vrai que ces deux taxes sont payées par le patronat et non par le salariat.
Et l'on entend personne pour proposer des réformes permettant de réduire le taux de chômage qui plombe aussi les recettes des caisses de retraite. Non, plutôt que d'attaquer le problème à la base, on va rajouter des taxes sur les entreprises ou sur les salariés, voire sur les deux. Je ne suis pas convaincu que ce soit intelligent ni même pérenne.
Et on ne parle que des retraites par répartition, donc des retraites des salariés, pas des retraites complémentaires ou des caisses des non salariés qui fonctionnent par point et dont la valeur des points peut subtilement changer d'une année sur l'autre.
En tant que chômeur de 53^H4 ans, confronté au marché du travail dans l’informatique, où l’on est considéré comme “obsolète” dès que l’on a plus de 42^W39 ans, j’avoue sans la moindre honte que je me contrefous royalement des errances des âges de la retraite.
D’un autre côté, j’ai deux ados qui ne méritent pas une prise en compte _sérieuse_ de ces complexes soucis d’âges des retraites…
-1 et je —>[]