« FMI | Hermès » |
Cela fait six mois qu'on en parle. Hier, François Fillon démissionne et aujourd'hui, il est remplacé par… François Fillon. La montagne accouche d'une souris, Jean-Louis Borloo claque la porte. Un communiqué de l'intéressé a été adressé aux agences de presse :
« J'ai informé le président de la République des raisons pour lesquelles j'ai choisi de ne pas appartenir à la prochaine équipe gouvernementale.
Je préfère, en effet, retrouver ma liberté de proposition et de parole au service de mes valeurs, qui ne sont pas de circonstances, au premier rang desquelles je place la cohésion sociale.
J'ai vivement remercié le président de la confiance qu'il m'a accordée au cours des trois dernières années. Grâce à lui la France a pris un virage décisif vers une croissance durable.
Par ailleurs, j'ai personnellement félicité François Fillon et lui ai adressé tous mes voeux de succès au service des Français »,
ce qui, vous l'admettrez, est un savant mélange de menace et de langue de bois. Il faut dire à la décharge de l'intéressé que son ministère d'état, pour lequel il avait déjà dû avaler un certain nombre de coulœuvres, devenait un simple ministère. Rester dans un gouvernement pour servir de caution centriste n'a pas dû être du goût de Jean-Louis Borloo.
La conséquence immédiate de la reconduction de François Fillon ne s'est pas faite attendre. Si l'UMP, certainement consciente que le centre doit être représenté au sein du gouvernement pour qu'il soit équilibré, indique être déçue, d'autres voix s'élèvent pour fustiger un coup des gaullistes et des anciens du RPR. J'ai pourtant beaucoup de mal à percevoir ce qui rapproche un membre quelconque du gouvernement actuel d'un gaulliste. Que je sache, un gaulliste n'est pas un libéral fanatique. Il n'est ni de gauche, ni de droite, il est dans l'axe.
Par ailleurs, un gouvernement me semble devoir être au service d'un pays et non d'une frange de ses électeurs ou d'un simple homme. Aujourd'hui, ce gouvernement est plus au service du président de la république, en vue de sa prochaine campagne électorale, que de la nation. Plusieurs ministres ont été reconduits alors mêmes qu'ils ont fait montre de leurs incompétences. Je pense en particulier aux locataires de Bercy qui n'ont strictement rien fait pour donner de l'air aux entreprises françaises en se demandant depuis deux ans pourquoi l'économie française allait si mal. Pourtant, il y aurait un petit nombre de mesures qui ne coûteraient pas bien cher pour aider ces PME, en tout cas largement moins cher que le coût des chômeurs supplémentaires directement issus de la mort de ces PME. Plutôt que de se demander pourquoi l'Allemagne tire mieux son épingle du jeu que la France, il suffit d'organiser une ligne politique claire et à long terme plutôt que de naviguer à vue. Un patron de PME ne peut aujourd'hui en France faire aucun investissement parce que d'une part il n'a aucune visibilité financière — contrairement à ce qui est dit les banques sont encore plus frileuse cette année que l'année dernière, j'en ai même une qui m'a demandé sans rire d'être caution solidaire d'une dette d'état sur mes biens personnels ! — et d'autre part parce qu'il n'a aucune visibilité fiscale et ne sait pas à quelle sauce il va être mangé. Deux mesures simples aideraient déjà grandement les PME : décorréler les prêts OSÉO des prêts bancaires et avoir une ligne de fiscalité des entreprises claire et sans revirements continuels.
Pour ma part, je connais bien le fonctionnement d'OSÉO. Je ne sais pas si vous savez comment cela fonctionne. C'est très simple. OSÉO propose un prêt d'investissement à une entreprise sur un projet innovant, mais ce prêt n'est accordé qu'à partir du moment où l'entreprise arrive à trouver un prêt bancaire au moins à la hauteur du montant du prêt accordé par OSÉO. Parlons chiffres. Dans mon cas, OSÉO me prêtait 160 000 € et il me fallait trouver 200 000 € dans une banque sachant que je n'avais besoin pour un contrat que j'ai perdu faute de liquidités que de 100 000 €. Le mot banque est important, il ne s'agit pas de comptes d'associés ou d'autres investissements. Et c'est là que ce beau montage coince parce qu'il faut pouvoir justifier de l'obtention d'un prêt bancaire au début d'un projet durant trois ans et permettant d'avoir toutes la trésorerie nécessaire à la conduite de ce projet. C'est peut-être voulu car d'un côté le gouvernement annonce aider les PME tout en sachant que rares seront celles qui pourront in fine bénéficier de cette aide qui n'est, je le rappelle, qu'un prêt différé. C'est aberrant et totalement impossible, une banque prêtant au fur et à mesure en fonction de l'avancée d'un projet sur investissement, et non en simple trésorerie sur du vent. La chose amusante est que je me fais démarcher régulièrement par OSÉO pour me demander où en est mon prêt bancaire de 200 000 € parce qu'ils avaient bloqué 160 000 € dans leur compte pour mon projet et qu'ils seraient vraiment désolés de ne pas pouvoir m'aider. On croit rêver !
Tout cela pour dire que les mesures annoncées avec force conviction comme quoi le gouvernement aide l'économie française en général et les PME en particulier ne sont que de la poudre aux yeux, quelque chose à mis chemin entre la méthode Coué et celle de Goebbels. Pire, c'est entre autres grâce à ces annonces que la grogne sociale monte parce que le salarié de base n'a aucune raison de mettre la parole du gouvernement en doute et n'imagine pas un seul instant que l'argent public injecté soi-disant dans l'économie ne lui profite pas. Pour lui, le patron se le met dans la poche. Si seulement il savait ce que le patronat vit actuellement !
Quant aux grands travaux d'utilité publique relancés par le fumeux ministère de la relance, ce sont juste des inepties commandées par des gens qui ont mal lu ou relu Keynes et qui appliquent brutalement, en 2010, des recettes de 1930 en faisant fi du contexte. Dans les années 30, construire des infrastructures était intelligent car le monde manquait d'infrastructures. Aujourd'hui, prétendre qu'on va relancer l'économie en restaurant des routes de montagne est aberrant. Ces routes existent, sont peut-être en état moyen, mais restaurer ces routes ne profite directement qu'aux entreprises de travaux publics, non à toute la société et encore moins à l'économie. Dans les années 30, lorsqu'on construisait une route, elle profitait à tout le monde puisqu'il n'y avait pas de route auparavant !
À l'heure où il était nécessaire de redonner à la fois une impulsion et une ligne politique à long terme, on se retrouve avec un gouvernement qui va continuer sur sa lancée parce que rien ne va changer. Il était pourtant urgent de montrer que la droite n'est pas synonyme de libéralisme débridé et qu'il existe une sérieuse opposition de droite même si elle n'a pas droit au chapitre. Il était urgent d'employer tous les moyens à enrayer la spirale infernale de la crise de laquelle nous ne sommes pas encore en train de sortir puisque nous n'en sommes pas encore au fond. Au lieu de cela, on fait du cosmétique.
Le tableau sera complet en ajoutant que les ministres non reconduits n'ont appris leur éviction qu'au travers des communiqués de presse, preuve du mépris par lequel le pouvoir les traite et de leur simple côté utilitariste.
Enfin, comme me le disait une connaissance américaine fin 2008, en France, nous ne serons jamais touchés par la crise, nous avons Christine Lagarde. Comprend qui peut !
Bonjour Grincheux.
Encore un post intéressant.
Je poste juste pour vous signaler que vous avez un nombre inhabituel de fautes, la plus alarmante étant inepsie au lieu d’ineptie.
Merci encore pour votre blog que je suis avec intérêt.
Je vais relire attentivement. Comme je l’écrivais en avertissement, j’écris souvent à des heures dites non chrétiennes des jours malheureusement ouvrables et l’étape de relecture peut être assez laborieuse lorsque je n’ai plus les idées très claires…
En tout cas, je vous remercie pour votre commentaire et pour l’intérêt que vous portez à mes grincheries.