« Parlez-vous centriste ?Tout ça pour ça »

FMI

16.11.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Je hais les financiers

Hier matin, France Inter nous a permis d'écouter le discours de Dominique Strauss-Kahn. Cet homme devrait danser le tango. Trois pas en avant, deux pas en arrière. Et pour couronner le tout, il avance masqué, incapable de dire aujourd'hui s'il sera ou non candidat à la candidature pour l'élection présidentielle au nom du parti socialiste. Qu'on ne me fasse surtout pas croire qu'il n'a pas déjà pris sa décision.

J'attendais un discours portant sur l'économie mondiale en général et le cas de la France en particulier. Vu par le patron du FMI, cela aurait pu être intéressant. Bien mal m'en a pris puisque ce sujet, bien qu'abordé, est toujours resté dans le vague, sauf au moment où il a cru bon signaler qu'il fallait peut-être taxer un peu plus le capital qu'il ne l'était. Juste après, un petit pas en arrière, puisque, dit-il, ce sont les spécialistes du FMI qui le disent, pas moi, comprennez-vous, je ne peux pas écrire moi-même tous les rapports du FMI.

Tu parles ! Je défie quiconque de me prouver que le capital n'est pas taxé. Lorsqu'on me signale qu'il l'est moins que le travail, je pouffe parce qu'il l'est à peine moins et que c'est plutôt le travail qui est trop taxé que le capital qui ne l'est pas assez. Passons.

Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre les taxes ou les impôts divers et variés, mais il faut tout de même constater qu'en France, nous sommes champions hors catégorie.

Bref, il faut d'après lui taxer le capital. Mieux ou plus. Juste une boulette de la théorie socialiste qu'il faut très rapidement faire oublier. Pourtant, le seul moyen de faire est de permettre aux gens de s'enrichir. Pas de façon monstrueuse, mais de s'enrichir pour vivre convenablement. En France, j'ai de plus en plus l'impression qu'on a un problème avec le mot richesse. Il n'est pas bien vu de s'enrichir.

Pourtant, la question de la richesse individuelle se pose parce qu'il a été prouvé que la richesse collective ne menait à rien. Souvenez-vous de l'URSS qui était un pays riche parce qu'il produisait tous les ans une bombe thermonucléaire et une chaussure de taille 42 par habitant… Je suis assez âgé pour avoir connu l'Europe de l'est avant la chute du mur et j'en garde des souvenirs que ne peuvent imaginer ceux qui n'y ont jamais mis les pieds. J'ai des souvenirs de ces pays développés et riches dans lesquels il n'y avait même plus de queues devant les magasins parce qu'il n'y avait plus rien à acheter dans ces magasins. J'ai des souvenirs d'économies tellement florissantes qu'il fallait compter les zéros sur les billets de Zloty et faire attention car l'inflation était tellement énorme que la notion de prix n'avait plus aucun sens. Revenons au sujet. Sans richesse individuelle et locale, il n'y a aucun moyen de développement ni de redistribution, sauf à faire fonctionner la planche à billet. Vous me direz qu'il est possible d'emprunter, mais au final, l'emprunt se termine toujours par une dévaluation lorsqu'il revient comme actuellement à faire de la cavalerie. C'est juste une question de temps.

La question n'est donc pas d'empêcher les gens de s'enrichir, ce qui est tout de même ce qui est fait chez nous, mais de savoir ce qui doit relever de la répartition de ce qui ne doit pas en relever. Un état ne peut pas vivre indéfiniment au-dessus de ses moyens en redistribuant toujours plus d'argent qu'il n'a pas.

Pourquoi toujours aider plus la population à grands coups d'aides publiques alors même que cette population devrait pouvoir se débrouiller par elle-même ? Vous allez me dire que le chômage est un drame, mais pourquoi lutter contre le chômage alors qu'il serait bien plus profitable de se battre pour l'emploi ? Je suis intimement persuadé qu'on gagnerait à aider les entreprises à ne pas licencier plutôt qu'indemniser les chômeurs résultant de la fermeture de ces mêmes entreprises. Mais se battre pour garder les emplois passe pas un peu de protectionnisme, qu'il s'agisse de droits de douane, de T.V.A. sociale ou de taxe variable en fonction des kilomètres parcourus par un produit fini. Ce n'est donc pas un problème franco-français alors qu'indemniser les chômeurs n'est.

Et pendant ce temps-là, on aide. On glisse vers l'assistanat généralisé en critiquant ceux qui réussissent à sortir du lot. Pire, on considère que ce n'est ni bien ni moral. On discute sur le bouclier fiscal — oubliant qu'il profite aussi à des heureux contribuables qui ne payent même pas d'impôt sur le revenu — alors que le véritable scandale est l'ISF qu'on ne garde que pour des raisons purement idéologiques.

Pendant ce temps-là, on gesticule. On demande aux USA de ne pas dévaluer leur monnaie alors qu'ils ont toutes les bonnes raisons pour le faire, leur économie étant elle-aussi exsangue et leur dette étant détenue par la Chine en dollars US. On peut toujours demander, ça n'engage à rien et l'espoir fait vivre. C'est tellement plus facile de prétendre que les autres pays mettent l'euro dans une situation alarmante.

Il faut donc responsabiliser un peu plus l'habitant de nos contrées pour qu'il attende un peu plus de son travail et un peu moins de l'état. Tant que cela ne sera pas fait, et ce sera douloureux, nous n'en sortirons pas car il faudra toujours plus d'impôts et de taxes pour alimenter le panier percé de la redistribution. Et nous n'avons pas entendu Dominique Strauss-Kahn prendre position sur le système de répartition français, ni sur le niveau des taxes et des impôts, parce que lorsqu'on parle de dépenses, il faut tout de même ne pas oublier le volet recettes, que ces recettes soient issues de ponctions sur les contribuables ou d'emprunts sur les marchés financiers. Non, il n'en a rien dit. Tout était en filigrane, du comprend qui peut, du qui avance masqué, oscillant entre la gauche radicale et le centre mou.

La prochaine campagne électorale devrait être intéressante. Ou peut-être pas finalement, aucune alternative n'ayant assez de poids pour changer le sempiternel combat entre le parti socialiste qui n'a pas encore fait sa conversion en démocratie chrétienne et l'actuelle UMP qui frise l'hystérie néo-libérale…

 

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