« Beaujolais nouveau | Parlez-vous centriste ? » |
Cela ne vous a pas sans doute pas échappé, nous venons d'étrenner un nouveau gouvernement qui devra durer dix-huit mois. Les premières conférences de presse ont eu lieu et Christine Lagarde nous a aimablement signalé que le nouveau gouvernement est totalement révolutionnaire, avec virage à 360 degrés. Signalons tout aussi aimablement à Christine Lagarde qu'un virage à 360° et, à moins que la géométrie que l'on considèrera en première approximation euclidienne n'ait changé depuis ma sortie de l'école, c'est une ligne droite.
Soit. La continuité est révolutionnaire. Remarquez, je n'imagine pas Christine Lagarde avec un couteau entre les dents.
Ce matin, la même Christine Lagarde était l'invitée des matinales d'Inter. Décidément, depuis lundi dernier, tous les politiques y passent. Le discours est le même que celui de tous les autres membres du gouvernement : nous allons faire des efforts pour réduire le déficit qui ne sera plus que de 91 milliards d'euros pour 2011. Rien que cela devrait faire bondir puisque la dette augmentera d'à peu près 10 000 de nos défunts francs par habitant de notre beau pays de France, soit pour parler plus prosaïquement, de près d'un dizième du revenu annuel du salarié médian. Dit comme ça, ça devrait commencer à faire réfléchir. Notez qu'au passage, je serais assez curieux de savoir ce qui est affecté à l'amortissement de la dette passée et à ses intérêts.
Un auditeur sachant auditer, photographe de son état, s'est permis de demander à Christine Lagarde pourquoi, malgré l'annonce de la suppression de la taxe professionnelle, la sienne avait augmenté de 30% cette année, sautant à pieds joints dans le plat de la soi-disante suppression de cette taxe. Effectivement, cette taxe n'a pas été supprimée et je suis bien placé pour le savoir vu que la mienne aussi a augmenté. Seule la partie de cette taxe correspondant aux investissements matériels l'a été, mais pour que Bercy s'y retrouve, elle a été reportée sur l'équivalent pour les entrerprises de la taxe d'habitation qui est, elle, du ressort du second volet de la taxe professionnelle. Je ne sais pas si vous voyez bien de quoi je parle. Grossièrement, il s'agit d'un système de vases communiquant, d'un jeu à somme nulle, reportant la taxe sur les investissements touchant principalement l'industrie sur les entreprises de services.
Donc non seulement, et contrairement aux annonces gouvernementales qui laissaient croire que la suppression de cette taxe était un cadeau au patronat, cette taxe n'est pas supprimée voire augmente, mais elle augmente d'autant plus pour les entreprises de service largement concurrencées aujourd'hui par le statut d'auto-entrepreneur qui n'est pas soumis à la même fiscalité.
La question de l'auditeur a permis à Christine Lagarde de se lancer dans un numéro d'équilibriste de haut vol. Certes, cette modification de la taxe professionnelle a coûté quelques milliards à l'état, mais il ne faut pas oublier que cette taxe est perçue par l'état et par tout un ensemble de collectivités locales allant de la commune à la région qui, de peur de ne plus toucher de subsides, ont joyeusement augmenté leurs taux respectifs. L'un dans l'autre, je ne suis pas vraiment sûr que cette opération ait coûté un centime. En revanche, il y a un une campagne de communication sur le dos des entreprises une fois de plus.
J'en arrive même à me demander si le gouvernement actuel est encore un gouvernement, un ensemble d'hommes et de femmes capables de prendre des décisions pour le bien d'une nation, ou une simple équipe de « communicants » au service de leur champion. De technicien, l'homme politique devient de plus en plus un simple communicant au service d'une politique de partis et de textes de lois écrits par les lobbies qui campent dans les antichambres de l'assemblée nationale. À ce propos, je ne sais pas si vous avez déjà mis les pieds à l'assmblée nationale, mais pour avoir vu plusieurs parlementaires pour essayer de leur faire comprendre ce que vivent aujourd'hui les PME, j'ai eu l'occasion d'observer les actions des lobbies. C'est assez effarant.
La vraie question est donc de savoir si le gouvernement possède encore une marge de manœuvre pour diriger le pays.
Je vais finir par demander des droits d’auteur sur ces textes, moi, hein… Je dis ça, je ne dis rien…
Quand on sait que Lagarde a fit une brillante carrière dans les affaires Outre-Atlantique, et qu’on suit son action en France, on ne s’étonne plus de l’état de la finance mondiale.
Elle a du prendre des cours de prestidigitation chez Madoff.
Quant à savoir qui pourrait nous sortir de là! Il faudrait un Poincaré, un Barre ou un Clémenceau, mais cela ne se trouve pas au claquement de doigts.
Si ce n’était que de la prestidigitation, ce serait un moindre mal. Personnellement, ce qui me fait vraiment peur, c’est son discours. Je n’arrive pas à savoir si elle est sérieuse et croit à ce qu’elle dit sur la sortie de la crise actuelle ou si elle fait de l’auto-persuasion.
Je connais beaucoup de chefs d’entreprises et d’experts-comptables et tous sont d’accord sur un point: on a mis un couvercle sur la casserole, mais la crise financière est encore devant nous.
Gesticuler comme elle le fait est indécent. Compter sur la sacro-sainte croissance pour sortir de cette crise dans laquelle nous ne sommes pas encore entrés est ridicule.