« Le monde parallèle | République bananière » |
Dans un premier temps, j'aimerais faire une mise au point liminaire. Je ne pense pas être raciste ni même xénophobe et il est assez difficile de me taxer d'islamophobe. En revanche, j'exècre au plus haut point les obtus de toutes obédiences, qu'ils utilisent la bible comme un cadastre ou qu'ils interdisent l'accès à un lieu quelconque.
J'habite depuis presque vingt ans au centre de Paris. De temps en temps, on entend dans les media que les forces de l'ordre ont dissipé un apéritif vin-saucisson dans le XVIIIe arrondissement et tous les journalistes parlent de poussées de l'extrême droite voire de relents nauséabonds de la peste brune pour les littéraires les plus inspirés.
Ces manifestations ont lieu de la rue Myrha à la rue Léon. La rue Myrha est une petite rue du quartier de Château-Rouge, tout à côté du marché africain. Une zone de non droit comme il en existe peu. Rue Myrha se trouve une petite salle de prière musulmane et, comme elle était petite, le maire du XVIIIe arrondissement a toléré il y a quelques années que les fidèles fassent leur prière du vendredi dans la rue. Je ne vais pas discuter du bien fondé ou non de cette décision, après tout cela regarde les habitants du quartier dont bon nombre sont des musulmans d'Afrique noire.
Ce qui pose en revanche problème est que la rue est interdite durant trois heures le vendredi aux femmes et aux non musulmans. Dans le lot des non musulmans figurent en vrac les forces de l'ordre, les pompiers, les secours médicaux… Cela pose d'autant plus problème que les musulmans qui prient le vendredi dans cette rue ne sont pas des habitants du quartier ou des gens qui y travaillent mais viennent pour la plupart de banlieue, se donnant rendez-vous pour cette prière qui est devenue une affaire de basse politique. Il suffit de les regarder sortir de la station de métro la plus proche pour s'en convaincre d'autant qu'ils ne ressemblent absolument pas aux musulmans noirs africains habituels habitants du quartier.
Lorsque Marine Le Pen parle de cette prière comme elle l'a fait cette semaine, tout le monde la condamne, UMP en tête parce que ses dirigeants commencent à avoir peur d'être débordés sur leur droite et de ne pas se retrouver au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Pour éviter la dispersion des voix, ils remettent même sur le tapis le bon vieux concept d'identité nationale. Que Marine Le Pen compare cette occupation de rue à l'occupation allemande entre 1940 et 1944 est parfaitement scandaleux même si elle ne fait qu'utiliser le fonds de commerce de son père. Qu'aucun homme politique dit républicain ne veuille faire avancer le problème d'une manière ou d'une autre l'est tout autant.
Et c'est sans compter sur les journalistes dont pas un ne s'est déplacé pour constater ce qui se passait réellement dans cette rue. J'ai encore entendu ce matin que la rue n'était bloquée qu'une demi-heure entre 13h00 et 14h00 le vendredi. C'est parfaitement faux puisque la prière dure trois quart d'heure et qu'il faut compter le temps d'installation et de pliage des tapis. Il y en a au bas mot pour trois heures. Pire, le seul journaliste qui a parlé de cette prière dans la rue a cru bon d'interroger une mère de famille qui ne trouvait pas cela gênant. Forcément, le vendredi, à 14h00, elle est à son travail. Je ne sais pas où ce journaliste a appris son métier, mais il faudrait qu'il songe à se faire rembourser ses études ! Ou peut-être cette prière est-elle tellement politique que personne ne veut en parler et préfère laisser faire.
Plutôt que de parler d'identité nationale, ne vaudrait-il pas mieux traiter le problème à la source ? Pourquoi laisser le champ libre au Front National ? Plus on attendra, plus le problème sera difficile à résoudre puisqu'il devient symbolique. Ouvrir une salle de prière plus grande pour les musulmans du quartier ne servira plus à rien, ceux qui se retrouvent le vendredi venant avec leur service d'ordre depuis la banlieue. Le seul moyen d'en sortir est de rétablir l'ordre républicain dans le quartier, ordre qui profitera à tous, musulmans du quartier ou non musulman.
N'oubliez jamais que l'extrémisme ne pousse que sur les ruines de l'état de droit.
Les 3h de temps de blocage de la rue, c’est une estimation de votre part ?
La rue est-elle bloquée durant le pliage/dépliage des tapis ?
Quoiqu’il en soit, merci pour cet éclairage sur un “fait d’hiver” dont je n’ai que vaguement entendu parler.
Les trois heures de temps sont l’estimation d’une amie qui est arrivée le matin pour visiter un appartement dans un HLM de la rue et qui est restée bloquée dans l’immeuble durant toute la manifestation. Elle est arrivée un peu avant midi et n’a pu repartir qu’après 14h30. On n’est peut être pas tout à fait à trois heures, mais c’est l’ordre de grandeur de l’occupation de la chaussée un vendredi hors fête religieuse. Comme elle a téléphoné pour dire qu’elle était coincée rue Myrha, son estimation est réaliste.
La rue est bloquée par un service d’ordre religieux depuis la pose des tapis jusqu’au retrait intégral de ceux-ci et au départ des fidèles. Seuls les musulmans mâles y ont accès, la rue étant totalement interdite aux non musulmans et aux femmes. Selon les sources, il y aurait entre huit cents et quatre mille fidèles réguliers.
Je dois aussi rajouter que la salle de prière de la rue Myrha est une salle privée qui n’a rien a voir avec une mosquée reconnue comme la grande mosquée de Paris, celle qui se trouve au bout de la rue Jean-Pierre Timbaud ou celles qui sont ailleurs à Paris ou en banlieue et qui ne posent pas de problèmes.