« Le crépuscule des dieux | Le monde parallèle » |
J'ai la forte impression de beaucoup parler de politique depuis quelque temps. Je n'arrive pas à savoir si depuis quelques mois nous entendons plus de politiques parler de tout et n'importe quoi ou s'il s'agit d'une dérive personnelle que je dois à tout prix combattre.
En tout cas, ce matin, nous avons pu écouter Nicolas Dupont-Aignan. Le journaliste, je ne sais pas pourquoi, a eu l'idée saugrenue d'inviter en même temps Michel Sapin, ancien ministre de l'économie et des finances du cabinet Bérégovoy. D'habitude, il n'y a qu'un seul invité. Là, le discours était incompréhensible d'autant que Nicolas Dupont-Aignan — que j'appellerai à partir d'ici NDA — ne va pas couper la parole à son adversaire très facilement.
La thèse de NDA est que la zone euro va finir par imploser en raison de l'absence de gouvernement économique de l'Europe et de la politique absurde d'un euro fort imposée à la banque centrale européenne par les différents traités. Chiffre à l'appui, il montre que l'Union Européenne a déjà renfloué son système financier pour la bagatelle de quatre mille milliards d'euros depuis le début de la crise et qu'elle sera incapable de faire face au naufrage annoncé du Portugal, de l'Espagne et des autres pays qui seront entraîné dans la tourmente.
La seule répartie de son contradicteur était de prendre NDA pour un rétrograde qui ne chercherait qu'à revenir aux années 1950. Pas une seule fois, Michel Sapin n'a eu un argument intelligent ou intelligible pour réfuter les thèses de NDA. Lorsque dans un débat, l'un des deux participants n'a de cesse de couper la parole à son interlocuteur pour tourner ses arguments en ridicule sans jamais ne proposer d'alternative crédible, on peut raisonnablement penser qu'il n'a aucun argument à opposer.
Les plus âgés d'entre-vous se souviendront pourtant que Michel Sapin a été ministre des finances et qu'il a eu à affronter deux crises monétaires provoquées par le succès relatif du « oui » au traité de Maastricht. Comment donc un homme qui a dû affronter la tourmente de deux crises monétaires et qui a été de surcroît membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France peut-il déclarer que la politique monétaire menée par la Banque Centrale Européenne ne nous emmène pas dans le mur ? Comment peut-il prétendre que les états européens auront encore dans leurs caisses ce qu'il faut pour maintenir la zone euro en l'état ?
Les questions autour de la valeur réelle de l'euro ont pourtant été nombreuses. Non seulement la valeur de l'euro vis à vis des autres monnaies en circulation, car tout le monde s'accorde à dire que l'euro est de 30 à 50% surévalué, mais il ne faut pas oublier que la valeur réelle de l'euro n'est pas la même d'un bout à l'autre de la zone euro. On ne fait pas la même chose avec un euro en Grèce, au Portugal ou en Allemagne. Comment peut-on donc éviter que cette zone euro n'implose ?
Grâce à cette politique monétaire, les entreprises européennes sont pénalisées par rapport aux entreprises qui produisent des biens hors zone euro, d'une part parce qu'elles ne peuvent pas exporter en dehors de cette zone, mais aussi parce que les importations sont moins chères. Comme il n'existe ni gouvernement, ni fiscalité européenne, il n'existe aucun droit de douane réellement efficace à l'entrée de la zone euro qui pourrait rééquilibrer les prix entre ce qui est produit sur place et ce qui l'est hors zone euro.
Nous sommes donc devant un choix et il ne sert à rien de gesticuler pour faire accroire que tout va bien. La première solution est de créer immédiatement un gouvernement économique gérant l'euro et la zone euro correctement. Le second choix est de revenir aux monnaies nationales. Michel Sapin ne semble vouloir ni de l'un ni de l'autre. À rester au milieu de gué en se disant que tout va bien est la pire des choses qu'on puisse faire dans la situation actuelle puisque la tension monte de plus en plus sur l'euro et que rien n'est fait. Si cette gouvernance européenne ne voit pas le jour rapidement, il n'y aura plus d'autre solution que de quitter une zone euro en pleine implosion.
Et n'oublions pas que nous jouons aussi avec la Chine et le dollar qui n'ont aucun intérêt à voir une politique économique européenne concertée voir le jour. En effet, si l'on met bout à bout la puissance économique des vingt-sept pays de l'Union Européeenne, cette union est la première puissance économique mondiale. Or que faisons-nous actuellement avec cette puissance économique ? Nous renflouons la Chine au travers des marchés obligataires et des spéculations sur les dettes souveraines et nous réglons la note des États-Unis qui font actuellement fonctionner leur planche à billets.
Nous voyons donc qu'il est urgent d'attendre.
Tu parles de plus en plus de politique parce que ton inconscient commence à ne plus rien comprendre aux “discours” du monde politique actuel, non ?
Je n’en sais rien. Peut-être mon inconscient trouve-t-il absurde d’aller dans le mur en accélérant et en déclarant que tout va bien ?