« Triple A | Solaris » |
Nous avons actuellement en France les taux d'intérêt les plus bas depuis 1752. Cela ne nous rajeunit pas et devrait rendre confiance aux investisseurs du marché mondial qui nous permettent de vivre au-dessus de nos moyens depuis plus de trente ans.
Pourtant, le taux des CDS (credit default swap) français vient de dépasser ceux du petit Panama. En d'autres termes, cela sigifie que l'état du Panama insipe plus confiance aux invertisseurs que l'état français, ce qui devrait donner à réfléchir à notre gouvernement, Christine Lagarde en tête.
Je sais bien qu'elle joue son rôle et qu'elle doit dire que tout va bien et qu'en 2011 la croissance sera à nouveau là. Il faudrait déjà nous expliquer pourquoi nous cherchons toujours à équilibrer un budget par la sacro-sainte croissance. Courir après la croissance est aussi vain que de courir après sa propre ombre et il serait bon de commencer à comprendre qu'on ne peut faire qu'avec ce qu'on a et qu'il est idiot de faire année après année des plans sur la comète. Souvenez-vous que le 27 septembre 2007, soit un an avant le début de la crise actuelle, François Fillon, premier ministre, disait déjà être à la tête d'un état en faillite. Depuis, il a fallu relancer l'économie ou au moins faire semblant en empruntant des sommes astronomiques aux marchés. C'est pour cela que depuis quelque temps, le gouvernement taille dans les acquis sociaux et les couvertures sociales diverses et variées et ce n'est qu'un début. Même si la gauche revenait au pouvoir, elle ne pourrait faire autrement tant nous avons vécu en dépit du bon sens au dessus de nos moyens depuis trop longtemps.
Contrairement à ce qui est affirmé haut et fort, la France est actuellement au bord de la cessation de paiement, ce qui est confirmé par le taux des CDS qui est depuis lundi dernier supérieur à ceux du Panama. Il devriendra donc de plus en plus difficile d'emprunter aux marchés pour régler les factures de fins de mois de la France. L'agence Moody's menace même de dégrader la note de plusieurs pays dont la France. La conséquence immédiate pour notre pays sera l'augmentation des taux d'intérêts des emprunts.
Et que cela changera-t-il, me direz-vous ? Beaucoup de choses. Si le Portugal, l'Italie, l'Espagne et quelques autres implosent, seuls les grands pays de la zone euros, France et Allemagne en tête, seront capables de payer l'ardoise. Pour régler la note, ils seront contraints à nouveau d'emprunter aux marchés. Si leurs notes se dégradent, la facture sera légèrement plus salée.
D'aucuns annoncent la mort de l'euro et disent qu'il faut en sortir pour redonner un balon d'oxygène à l'économie française en faisant une dévaluation compétitive d'urgence. Durant le vingtième siècle, la France à dévalué dix-sept fois sa monnaie et nous voyons aujourd'hui où cela nous a mené. Non, la question n'est pas de savoir s'il faut ou non sortir de l'euro. La question est de savoir si nous serons contraints ou non de sortir de l'euro, ce qui est tout de même assez différent. La seule manière aujourd'hui de sauver la zone euro est d'avoir une politique économique et monétaire concertée au niveau de l'Union Européenne, ce qui passe entre autres par une fiscalité concertée et des droits de douanes. Si nous n'arrivons pas à cela, autant quitter immédiatement un navire qui ne pourra que sombrer.