« Quatre contes de Noël | Investir au Panama » |
La France a déjà reçu son cadeau de Noël. En effet, cette année, le Père Noël est passé un petit peu en avance puisque l'agence Standard & Poor's, l'une des trois grandes agences mondiales de notation, a confirmé la note AAA à notre beau pays. Il paraîtrait même que cela risque de durer puisque d'après cette même agence, cette perspective serait stable. La France devrait donc garder cette note durant quelques mois. Notez bien que j'utilise le conditionnel.
Chez Standard & Poor's, la notation juste inférieure à AAA est AA+. Sans faire du mauvais esprit et n'ayant aucune illusion sur l'état de l'économie française, j'aimerais bien qu'on me montre l'état d'un pays n'ayant qu'un AA+. Je ne parle même pas d'un pays gratifié de la note BB signifiant un risque spéculatif ni même d'un pays appartenant aux catégories C ou D.
Lorsqu'une agence de notation prétend qu'actuellement la France est un pays sans risque financier, je ne peux en effet m'empêcher de sourire. La seule explication valable est que ces agences de notation ont revu leurs critères de notation à la hausse afin qu'il reste quelques pays affublés de la note maximale pour ne pas plonger les marchés financiers dans une panique sans nom. Et lorsqu'on regarde de près l'économie réelle de ces pays dits à sécurité maximale, on est en droit de se demander en quels sont les états des économie réelles de pays un peu plus mal notés.
Cette notation triple A est même dangereuse. À l'heure où l'économie française ne tourne plus qu'au ralenti, situation qui est partie pour durer quelque temps, il est aberrant de pouvoir emprunter aussi peu cher aux marchés financiers. En effet, nous n'avons pas assez de liquidités en circulation pour faire fonctionner normalement l'activité économique et il est illusoire d'emprunter pour combler ce manque parce que cela finira toujours par une reprise de l'inflation. Un jour où l'autre, il faudra rembourser ou se mettre en défaut.
Si la notation de France reflétait l'état réel de son économie, elle ne pourrait emprunter aux mêmes taux et serait contrainte aux réformes qui sont à court ou moyen terme inéluctables. Au lieu de cela, nous vivons dans l'espoir d'une reprise économique en 2011, reprise appelée par notre gouvernement mais que les entrepreneurs et l'INSEE sont loin d'apercevoir. Nous empruntons ainsi sans vergogne tous les jours des sommes astronomiques pour maintenir le système à flot alors qu'il faudrait se débrouiller pour ne plus emprunter quitte à tenir une vraie politique de rigueur. Je reste intimement convaincu que le fait de perdre cette note nous permettrait de sauver ce qui peut encore être sauvé de notre système social français. Le triple A actuel ne nous permet que de vivre bien au-delà de nos moyens réels, à crédit et en empruntant toujours plus. À force de creuser des déficits, ce qui aurait pu être des petites réformes bien acceptées vont se transformer en cataclysmes et il faut nous préparer à brève échéance à l'explosion des systèmes de retraite et de santé. La sape a d'ailleurs déjà commencé.
Joyeux Noël quand même…