« La guerre des talents n'aura pas lieu | Médiator » |
Je ne peux résister au plaisir malsain de vous faire profiter de la petite phrase du jour, la phrase à double sens que l'on ne comprend qu'à moitié.
Là où il y a de la démocratie, il n'y a pas de difficulté pour manger.
Cet aphorisme est signé Arnaud Montebourg. Considérons que la seconde proposition est une conséquence de la première, en d'autres termes qu'il s'agit d'une implication au sens mathématique du terme. Je sens que vous êtes perdus et qu'il vous faut une image. Fixons les idées à l'aide d'un exemple simple aisément compréhensible. Si une mère dit à son fils : « si tu n'es pas sage, je vais de donner une gifle », en français, cela signifie que s'il est sage, il ne recevra pas de gifle. C'est une équivalence. En langage de mathématicien, pourtant, même s'il est sage, elle pourra lui en coller une. On parle d'implication.
Reformulons donc le trait de lucidité — ou de luciditude ? — de ce cher Arnaud. Oui, ils s'appellent tous par leur prénom, il n'y a aucune raison que je ne fasse pas pareil.
Là où il y a de la démocratie, il n'y a pas de difficulté pour manger. Cela revient à dire que s'il y a de la démocratie, il n'y a pas de difficulté pour manger, mais que même s'il n'y a pas de difficulté pour manger, cela ne signifie pas qu'il y a de la démocratie. Jusque là, je comprends à peu près.
Sauf qu'il existe des tas de contre-exemples. Les États-Unis d'Amérique se disent être une grande démocratie et je n'ai pas l'impression qu'il soit facile pour tout le monde de manger à sa faim. Remarquez, c'est aussi un peu le cas de la France, de l'Inde et de tout un ensemble de pays démocratiques ou prétendus tels. Je n'ai pas sous la main d'exemple de vraie dictature sous laquelle il fait bon vivre. En revanche, je n'ai pas souvenir qu'on mangeait bien en Union Soviétique, preuve au moins que s'il n'y a pas de démocratie, il peut être difficile de manger.
Bref, ce bel aphorisme du plus bel effet ne résiste pas vraiment à l'analyse. Il est creux, mais fait parler. C'est la moindre des choses pour un prétendant aux primaires socialistes.
Si nous ne méritons que ce genre d'hommes politiques, la démocratie est vraiment tombée bien bas.
L’aphorisme de Montebourg montre que la démocratie se vante de satisfaire les besoins matériels de l’homme. De ce point de vue, elle tient ses promesses, peu ou prou. Toutefois, l’homme ne vit pas seulement de pain (Dt 8,3). Mais cet autre besoin, la démocratie l’ignore.
La question est donc la suivante. Est-ce la démocratie ou le socialisme qui ignore crânement les autres besoins ?