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Je risque fort de me faire un peu plus rare ces temps-ci, ayant une mission à faire me contraignant à deux heures quotidiennes de transport. Mes sujets de grincherie n'ont certes pas disparu, mais j'ai moins de temps pour les exprimer. Je profite de ces deux heures de transport pour lire et je suis tombé sur un petit livre de David Lodge qui vaut le détour. Ça s'intitule « la chute du British Museum » et pour situer le contexte, ce petit livre a été écrit aux alentours du concile Vatican II dans un style fin René Coty, début Charles de Gaulle contenant force pastiches.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, il ne parle pas d'art mais de la journée épique d'un chercheur obnubilé par une potentielle grossesse de sa femme au british museum — la journée, pas sa femme. Ce brave homme, fervent catholique, s'en tient avec sa femme aux prescriptions de sa sainte mère l'église — je dis la sienne parce qu'en ce qui me concerne, j'ai de plus en plus de mal avec certaines de ses positions —, ces prescriptions allant jusqu'à la régulation des naissances par la méthode naturelle plus souvent appelée roulette du Vatican. C'est un peu le contraire de la roulette russe et le résultat peut être tout aussi catastrophique. À 25 ans, ayant déjà trois enfants à son compteur et pas les moyens d'en nourrir un de plus, on comprend aisément son désarroi, et on le comprendra d'autant plus qu'il faut signaler aussi que sa femme était en retard. Bref, tout cela le travaille.
Voici un petit extrait jubilatoire du début du roman :
Le catholicisme était, selon des preuves archéologiques, assez largement répandu sur tout la planète Terre au vingtième siècle. En ce qui concerne l'hémisphère occidental, il semble qu'il ait été caractérisé par un système complexe de tabous sexuels et de rituels. Les rapports entre conjoints étaient restreints à certaines périodes limitées, déterminées d'après le calendrier et la température corporelle de la femme. Les archéologues martiens ont appris à reconnaître le domicile des catholiques grâce à la présence d'un grand nombre de graphiques compliqués, de calendriers, de petits livrets remplis de chiffres, et de quantités de thermomètres cassés, ce qui atteste la grande importance attachée à ce code. Des savants ont soutenu qu'il ne s'agissait là que d'une méthode pour limiter en nombre la progéniture ; mais comme il a été prouvé de manière concluante que les catholiques donnaient naissance à plus d'enfants en moyenne qu'aucune autre partie de la société, cela semble indéfendable. D'autre doctrines des catholiques comprenaient une croyance en un rédempteur divin et en une vie après la mort.
Notez bien que ce roman a été écrit avant la naissance des traditionalistes. Les catholiques ont un peu évolué depuis ce temps-là. Un peu. Quant aux traditionalistes…