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Depuis hier soir, on entend et on lit un peu partout que le nuage de particules radioactives émis par les catastrophes nuéclaires japonaises va survoler l'Europe ce mercredi.
Hier soir aussi, en rentrant chez moi, j'ai pu voir dans plusieurs pharmacies des écriteaux sur lesquels étaient inscrits :
Ici, pas de vente de cachets d'iode
La question n'est pas savoir si ce nuage aura ou n'aura pas de conséquences. Il est inadmissible que les media — et les écologistes de tous poils — sautent sur l'occasion, les uns pour faire parler d'eux, les autres pour vendre du papier, alors même que la population japonaise lutte dignement contre les effets du sort. Quand bien même il y aurait des cachets d'iode en vente libre dans les officines, n'avez-vous pas honte de vous comporter comme cela ?
Que l'on discute des responabilités est une chose en raison de toutes les négligences accumulées par l'opérateur de ces réacteurs nucléaires, que l'on se comporte de la sorte lorsque l'on n'est aucunement confronté au problème et que les populations locales restent dignes en est une autre.
Vous allez me dire qu'il y a un nuage radioactif qui arrive sur nous. Certainement. Mais j'aimerais savoir combien parmi tous ceux qui hurlent au nuage radioactif vont passer leurs vacances en Bretagne ou dans le Massif Central. La Bretagne est une terre granitique donc particulièrement concernée par la radioactivité naturelle due au radon et le Massif Central contient tellement d'uranium qu'on a cru bon un jour y creuser des mines. Pour fermer la porte à toute discussion, je précise que les chiffres qui suivent sont issus des statistiques de la CRIIRAD et de l'IRSN et ne sortent pas de mon chapeau.
Parlons juste de la Bretagne. Le radon serait responsable de 20% des cancers du poumon dans la région. Alors que le seuil de précaution est fixé à 400 béquerels par mètre cube et celui d'alerte à 1000 béquerels par mètre cube, une enquête réalisée, entre 1982 et 2000 dans plus de 1200 habitations, a révélé que 27% dépassaient les 200 béquerels/m³ et 12% les 400 béquerels. Une autre étude, effectuée dans 3200 établissements publics bretons, a démontré que 12% dépassaient les 400 béquerels/m³, dont 4% plus de 1000.
Les retombées attendues du nuage actuel sont entre 100 à 1000 millionièmes de becquerel par mètre cube. Même si on ajoute un facteur dix de marge d'erreur, il sera impossible de distinguer la radioactivité naturelle de celle issue de ce nuage sans procéder à des analyses poussées de isotopes tant cette radioactivité artificielle sera noyée dans la radioactivité naturelle dans laquelle nous baignons tous les jours.
J'espère qu'à la lecture de ce billet, tous les bouffeurs d'iode auront honte !