« Alors, Dejean, on couche ? | LOPPSI » |
L'église catholique se mêle souvent de ce qui ne la regarde pas, mais après tout, c'est aussi ce qui fait son charme désuet. Cela vous a sans doute échappé car depuis ce matin, on n'entend plus parler que de l'affaire DSK, mais il y a eu un communiqué daté d'hier, soit du 14 mai 2011, de l'église catholique de la région de Naples dans laquelle cette dernière signale avoir décidé de refuser, dès aujourd'hui, les sacrements aux mafieux non repentis. Entre autres et d'après le cardinal Crescenzio Sepe, archevêque de Naples, cela leur interdit des funérailles religieuses ou d'être témoins de mariages ou parrains lors de baptêmes. Pour des gens qui se targuent d'avoir un sens certain de la famille, c'est assez navrant vous en conviendrez.
Il faut alors poser une question cruciale (si j'ose dire). Comment reconnaît-on un mafieux non repenti ? Faut-il qu'il soit dénoncé par son voisin ? Le délit de sale gueule risque de ne pas être très loin. S'il est au contraire connu sans dénonciation et qu'il est toujours en liberté, il y aurait comme une odeur de moisi dans le sud de l'Italie que ça ne m'étonnerait guère. Vous me direz que le gouvernement italien montre l'exemple de la probité personnifiée et qu'il est impossible de demander à un mafieux plus qu'on ne demande au chef du gouvernement italien.
Pour un ancien parrain, cette position de l'église est pourtant suprenante. Il lui semble, enfin c'est écrit dans les évangiles, qu'un chrétien doive pardonner. Plutôt que d'interdire des sacrements à des mafieux non repentis, elle devrait plutôt chercher à comprendre comment on devient mafieux. Il qualifie alors ce discours qu'il qualifie de démagogique puisque ces personnes doivent « être aidées et non condamnées [par l'église, ndlr] ». Il s'agit de comprendre la suite de problèmes profonds qui font que quelqu'un adhère à une organisation mafieuse, en particulier la pauvreté ou le chômage. C'est un peu court, mais ça peut encore se défendre.
Refuser des sacrements sans chercher à comprendre comment on devient mafieux revient non seulement à caresser le napolitain dans le sens du poil mais aussi à vider la mer ligurienne avec une cuillère à café. Mais cela fait parler. Après tout, c'est peut-être le but recherché. Communication, quand tu nous tiens…
Cette décision de l’église napolitaine vis à vis de la mafia est ce qu’on appelle en jargon fiscal, un “appel de fonds".