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Certains jours, je me surprends à penser que le hasard fait vraiment mal les choses. Je vais devoir relire une thèse d'histoire et qui dit relecture dit immédiatement modification de la forme. Je ne pense pas être compétent pour le fond. Et il s'avère que cette thèse est rédigée avec un outil épatant qui porte le doux nom de LaTeX. Pour ceux qui ne le sauraient pas, LaTeX n'est pas une matière servant à créer des pneus et des accessoires vendus dans des magasins spécialisés. C'est un ensemble de macros écrites au dessus de TeX, une création de dieu, et permettant d'écrire un texte au kilomètre en séparant la forme du fond. C'est infiniment plus efficace que l'ignoble Word fonctionnant uniquement sur l'inénarrable Ouïndowzerie et produisant des fichiers biodégradables.
Après avoir dérouillé mes signes de correction typographique avec les deleatur, vertatur et autres joyeusetés, il fallait aussi que je prépare deux ou trois outils pour aider à la mise en page :
La gestion des chasses verticales est la pire. En typographie, il nous arrive de tricher avec des fleurons que nous appelons aussi vignettes. Lorsque ces fleurons se situent entre deux paragraphes pour éviter une chasse verticale trop importante et désagréable, ils prennent le nom de culs-de-lampe. Ainsi, tous les culs-de-lampe sont des fleurons, mais la réciproque n'est pas vraie.
J'ai donc dû chercher sur mon moteur de recherche favori une fonte casseau, c'est-à-dire incomplète au sens typographique du terme, et contenant des culs-de-lampe. Naïvement, j'ai recherché "LaTeX cul-de-lampe"… Je ne sais pas si vous voyez bien ce qui peut sortir d'une telle requête ! Il y a des jours où l'on se sent un peu seul…
Il est sûr que si vous avez négligé “de lampe” dans votre requête, vous avez dû être surpris.
Avec “latex cul de lampe", on trouve directement un document qui parle de fleurs et d’ornements. Rien de bien choquant.
Par contre, je serais preneur de votre solution pour la mise en page, les index multiples, les tableaux et les veuves et orphelines.
Bonne relecture.
Ce n’est pas bien difficile, mais c’est tellement adapté à l’ouvrage en question que je ne suis pas bien sûr que ce soit réellement portable. La difficulté est surtout de gérer les index multiples. Cela commence par le paquet bibunits. Le reste se fait avec des scripts ad hoc pour renuméroter les bu*.bib et bu*.aux afin que LaTeX trouve le bon fichier au bon moment lors de la construction du fichier dvi.
Pour les tableaux, il faut jouer un peu plus. Je prétends pour ma part (comme mon maître Jean-Pierre Lacroux) que si un tableau ne tient pas sur une page, il y a certainement un problème de composition. Mais cette remarque n’est malheureusement pas entendue comme elle devrait l’être.
Quant aux veuves et orphelines, il faut leur tordre le coup en dernier lieu en modifiant légèrement les pénalités par défaut voire, si cela ne suffit pas, à grands coups de sauts de page forcés.
Je me souviens très bien du jour où j’ai installé LaTeX. Passant devant mon écran, ma douce s’est écriée : ” Encore une perversion de plus !” et a encore plus fouiné ma messagerie, mes sites favoris, les cookies. N’y connaissant rien en informatique, elle n’a pas abusé d’0phcrack et autres Cain & Abel pour péter mes mots de passe. Elle a eu recours au chantage.
En société et au boulot, la méconnaissance de LaTeX étant quasi universelle, j’ai toujours eu droit à des sourires complices ou à des regards désapprobateurs devant tant d’exhibitionnisme.