« Le ver est dans la pomme | Vous avez aimé les péages sur les autoroutes, vous aimerez les péages sur les nationales » |
Après quelques jours passés à un jet de pierre de Paris oublié par les fournisseurs d'accès internet, je reprends l'écriture de mes notes. J'en ai quelques unes en préparation. La première sera pour la crise de la dette puisque nous n'avons entendu que cela au courant du mois d'août. J'avoue, vers la fin, on a vaguement entendu parler de la Libye qui risque de passer d'un pouvoir hégémonique à un autre si on prend la peine de regarder de près la composition du Conseil National de Transition.
Donc revenons à la crise de la dette. L'obsession du gouvernement français est de ne pas perdre sa notation triple A. Pour cela, il fait feu de tout bois. Tout y passe : la défiscalisation partielle des emplois à domicile, l'augmentation de la TVA sur certains produits, l'augmentation de la CSG, une taxe exceptionnelle sur les plus riches d'entre nous et j'en passe. Et de quoi reparle-t-on ? De l'ISF… J'ai toujours trouvé très bête de taxer le patrimoine. Que l'on taxe plus lourdement les revenus me semblerait déjà plus intelligent. La plus haute tranche d'impôt sur le revenu était en France supérieure de 50% en 1980 à ce qu'elle est actuellement et tout le monde trouvait cela normal. Pourquoi avoir créé un impôt aberrant comme l'ISF qui met des contribuables dans des situations ubuesque puisque sans le bouclier fiscal tant décrié leur contribution au titre de l'ISF peut dépasser l'ensemble de leurs revenus annuels ? Et qu'on ne me dise surtout pas que ce sont des cas marginaux, cela arrive très vite lorsque vous êtes agriculteur et que vous avez un terrain bien placé, au hasard sur l'Île-de-Ré.
Donc on ponctionne un peu plus. On ponctionne un peu plus d'une dizaine de milliards d'euros sur l'exercice courant et 2012. Or, l'INSEE, cet organisme tant décrié parce qu'il ose publier des chiffres, nous annonce que la dette publique a augmenté de 54,9 milliards d’euros entre le 4e trimestre 2010 et le 1er trimestre 2011. Si l'on considère qu'un trimestre fait trois mois, cela nous fait donc une augmentation du trou de pas loin de 600 millions d'euros par jour, week-ends et jours fériés compris. Je vous fais grâce du calcul de la charge des intérêts. La ponction supplémentaire de quatorze milliards ne suffira donc qu'à couvrir un peu plus de trois semaines de dépenses, ce qui est totalement insuffisant. Il est vrai que lorsque qu'on parle de quatorze milliards d'euros, cela impressionne le contribuable de base. Mais il faut lui parler avec une unité de grandeur qu'il comprend et si le gouvernement lui avait dit que ces quatorze milliards d'euros ne suffiraient que pour trois semaines de dépenses courantes de fonctionnement, il aurait compris que ce n'était qu'une goutte dans un puits sans fond et que le gouvernement se moquait un peu de lui.
Il est grand temps de regarder la situation en face. Le triple A de la France est usurpé et il faut s'en convaincre et agir en conséquence. Plus l'état attendra, plus la pilule sera amère à avaler. Il n'est plus temps d'augmenter les impôts, il est urgent de réduire les dépenses. Je n'ai a priori rien contre les fonctionnaires, mais il faut rappeler que la France entretient 90 fonctionnaires pour 1000 habitants là où l'Allemagne n'en a que 50. La part des salaires des fonctionnaires dans le PIB français est de 15,5 % contre 7 % pour l'Allemagne (chiffres de 2008) et je ne suis pas convaincu que l'Allemagne soit un pays sous-administré. Par ailleurs, contrairement à ce que pérore le gouvernement, le nombre des fonctionnaires ne cesse d'augmenter comme le signale un rapport de 2008 de la Cour des Comptes :
Un Français sur cinq est employé dans l’une des trois fonctions publiques.
D’après la Cour, au début de l’année 2008, les trois fonctions publiques (État, collectivités territoriales et hôpitaux) employaient au total 5,3 millions d’agents, dont près de la moitié (2,5 millions) pour l’État.
Cela représente un peu plus de 20 % de l’emploi total en France. Pour son personnel, l’État dépense aujourd’hui deux fois plus qu’en 1980 soit environ 48 % de son budget, c’est-à-dire 15,5 % du PIB.
Or, contrairement à la légende gouvernementale, toutes les fonctions publiques ont progressé : la fonction publique territoriale a augmenté de 71,2 % depuis 1980, la fonction publique hospitalière de 53,4 % et la fonction publique d’État de… 14,3 %. Pas de répit donc pour l’augmentation du nombre de fonctionnaires.
Mais il faut tenir compte de 2 millions de salariés payés par les contribuables
En fixant le nombre de fonctionnaires à 5,2 millions, la Cour passe sous silence tous les salariés qui ne relèvent pas de la fonction publique au sens strict, mais qui sont payés par les pouvoirs publics sans avoir le statut de fonctionnaires. Or, ils sont très nombreux tous ces agents rémunérés par l’État, les organismes publics ou parapublics et les entreprises publiques. Leur recensement a été fait par un rapport passé inaperçu : le rapport annuel sur l’état de la fonction publique publié en 2007 par le Conseil supérieur de la fonction publique de l’État.
Si l’on comptabilise tous les salariés rémunérés avec l’argent public, fonctionnaires ou pas, le total atteint environ 6,9 millions de personnes soit 26 % de la population active française. C’est donc un Français sur quatre qui appartient au secteur public. Sur ces quelque 2 millions de personnes hors fonction publique, environ 712 000 sont des agents des entreprises publiques (Poste, RATP, SNCF, etc..) et 700 000 autres travaillent dans des organismes privés à financement public (associations, enseignement privé, organismes de protection sociale, etc.). Tous ces employés dépendent de l’argent des contribuables autant pour leurs salaires que pour leur retraites.
Ces chiffres donnent le vertige puisqu'il représentent le premier poste des dépenses du budget de l'état. Naturellement, il faut des fonctionnaires, mais qu'on les mette là où on en a besoin. La fonction publique est écartelée entre des agents surchargés qui ne savent plus où donner de la tête et d'autres qui ne font rien de leurs journées parce qu'ils ont des postes statutaires. Le seul moyen d'en sortir est de contractualiser cette fonction publique, c'est-à-dire de se permettre de licencier les agents lorsque leur poste ne sert plus à rien. Il ne s'agit pas de ne pas reconduire des postes d'agents partant à la retraite, mais de redéployer ces agents, qu'ils le veuillent ou non comme le ferait une entreprise. Cela permettrait de limiter le nombre de fonctionnaires tout en augmentant leur efficacité pour le bénéfice de tous. Et on éviterait que près de la moitié du budget de l'état passe en rétribution d'agents. Cette seule mesure de bon sens permettrait de s'en sortir.
Au lieu de cela, que fait-on ? On rogne les niches fiscales en espérant rogner assez pour boucler le budget de 2012. Bercy ne devrait pas oublier que dans chaque niche, il y a un chien, et qu'il risque par mordre !
Je travaille avec des fonctionnaires depuis longtemps. Au début, je pensais qu’un fonctionnaire était une personne plus ou moins zélée (enfin plutôt moins que plus) indépendante des pressions, favorisant le service public et disposant d’une éthique irréprochable.
J’ai vite déchanté !
Si certains fonctionnaires peuvent être épuisés par leur travail (certains médecins par exemple), ce n’est pas la règle. Il faut avoir vu, comme on dit “de ses yeux", les traîne-patins des mairies, des préfectures, des écoles. Des congés maladie opportunistes (j’ai pu voir en Caisse d’Assurance Maladie jusqu’à trois ans d’indisponibilité pour maladie diplomatique).
Dans les mairies, faut rester une journée entière et observer que l’essentiel du personnel lit la collection intégrale de Voici. Je ne plaisante pas, il y a des piles !
L’indépendance ? Parlons-en. Marchés attribués sur des critères assez évasifs et jamais aucun retour justifiant une acceptation ou un refus. C’est le fait du prince.
L’indépendance ne va pas jusqu’à contrôler les sous-traitants privés qui permettent d’économiser de gros efforts de travail aux fonctionnaires. Sur le papier, le système paraît indépendant. En fait, il booste un système clientèliste dans les strates inférieures qui elles sont privées.
Exemple : on examine médicalement une personne qui peut présenter un gros danger pour autrui. Vaut mieux être fonctionnaire pour ne subir aucune pression, n’est-ce pas ? Sauf qu’il est très arrangeant pour l’administration d’agrémenter des dizaines de spécialistes privés qui vont réaliser cet examen. Que vont faire les spécialistes en pleine concurrence commerciale ? Ils vont se vendre et fermer les yeux sur les risques.
C’est un peu comme ces toubibs qui surpeuplent une ville et qui vous demandent immédiatement combien vous souhaitez de semaines en congé maladie. S’ils ne le proposent pas, adieu le client !
C’est la même logique, sauf que là l’apparence est préservée : il y a des fonctionnaires qui chapeautent le tout.
Personnel pistonné sur des postes ne nécessitant pas de concours élevé (et encore, les copies sont anonymes sauf si on glisse une phrase clé à l’adresse du correcteur que l’on connaît si bien dans la famille). Pour entrer comme fonctionnaire, il suffit, c’est le langage de la maison d’ailleurs, d’avoir pour seul mérite de “sortir des couilles de son père".
En résumé, les fonctionnaires déçoivent. Dans une entreprise privée, on s’attend à un univers où chacun cherche à bouffer l’autre. C’est la règle du jeu. On ne s’attend pas du tout à cela dans les services de l’état. Pourtant, c’est du même niveau.
Constater que pour préserver des postes d’enseignants, on va jusqu’à conseiller à des adolescents et à leurs parents des filières pourries me laisse pantois. Les fonctionnaires se nourrissent d’abord eux-mêmes avant de penser au bien public.
Que faut-il faire ? Mais les virer nom de dieu. Ne pas les remplacer lors d’une mise à la retraite est insuffisant et souvent injuste. Il y a des services où il faut vraiment remplacer la personne qui a pris sa retraite.
Faut-il tout privatiser ? Je ne sais pas. Mais quand on se heurte à cette mafia de fonctionnaires, il faut le vivre, c’est pire qu’un mur. Kafkaïen. Au moins, avec un “client", on prend quelques précautions des fois qu’il aille voir ailleurs.
Pardon pour cette hargne. J’ai vu des médecins hospitaliers fonctionnaires. La vache, qu’est-ce qu’ils peuvent bosser ! Pour des salaires médiocres et des heures supplémentaires jamais payées. Ca fait mal au coeur de les mettre dans le même panier que les profiteurs qui ne sont que des planqués de la crise.