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Vous avez certainement entendu parler de la fameuse taxe soda, nouveau grand machin sorti du cerveau d'un membre d'un quelconque cabinet de ministère. Il s'agit ni plus ni moins de résoudre en même temps les problèmes liées à la dette de la France et à l'obésité de ses habitants en taxant toute boisson qui contient du sucre.
Pour vous informer, j'ai essayé de trouver le montant de la taxe. La seule information que j'ai trouvée émane d'un rapport sénatorial de 2006 qui tentait de montrer qu'il fallait taxer ces boissons à hauteur de 1%, rapport qui a été enterré car jugé à l'époque impopulaire. Considérons que ce chiffre de 1% correspond à ce que Bercy est en train de nous concocter. Le litre d'un soda quelconque risque donc d'augmenter d'un ou deux centimes, ce qui est ridicule et ne permettra de rapporter que 120 millions d'euros par an. Pour fixer les idées, 120 millions d'euros, ce n'est que cinq heures du budget de l'état au rythme du premier trimestre de 2011. C'est donc une mesure qui va nous sauver.
Par ailleurs, je ne vois pas l'intoxiqué de base renoncer à son soda préféré parce qu'il y aura une taxe de deux centimes par bouteille. Pour être réellement efficace, l'augmentation de prix devrait être tangible. Et ce n'est pas tout. Le Monde note des motivations contradictoires :
Les professionnels de la santé interrogent les motifs de cette taxation surprise. Indiscutables, les objectifs de santé publique et d'économie budgétaire paraissent toutefois irréconciliables. L'économiste Pierre Combris, directeur de recherche à l'INRA, juge le raisonnement du gouvernement illogique : " Si l'on atteint l'objectif de réduction du déficit, c'est qu'on aura collecté beaucoup d'impôts, parce que les gens auront consommé beaucoup de produits sucrés. Et l'objectif de lutte contre l'obésité sera raté. A l'inverse, si l'on atteint l'objectif de santé publique, cela voudra dire que les Français auront diminué leur consommation de sucres. Et si les gens consomment moins, mécaniquement, l'Etat recueille moins de taxes. "
Singulier pari donc que d'espérer générer 120 millions d'euros de recettes supplémentaires dans les caisses de la sécurité sociale, tout en faisant perdre des kilos aux Français. Le gouvernement veut-il mettre le pays à la diète, "qu'il aille jusqu'au bout de son idée", soutient Thérèse Libert, vice-présidente de l'Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN). "Quitte à taxer les aliments facteurs d'obésité, pourquoi se limiter au sodas et ne pas s'attaquer aux chips, à la charcuterie, ou à la mayonnaise ?" A moins d'inverser le raisonnement : "pour lutter efficacement contre l'obésité, mieux vaudrait réduire le prix des produits sains, les fruits, les légumes, le poisson plutôt que de taxer les produits sucrés", suggère Thérèse Libert.
Et l'on ne parle pas encore des dégats collatéraux. Imaginez seulement le manque-à-gagner pour les dentistes, certains de ces sodas affichant crânement à la fois un pH de moins de 1 très efficace pour faire des trous dans les dents et une charge de sucre à transformer en betterave un diabétique…