« Comment le gouvernement lutte pour l'emploi dans nos belles régions françaises | Grand Paris » |
Je pense de plus en plus que les États-Unis d'Amérique sont le seul pays au monde a être passé de la barbarie à la décadence sans avoir connu la civilisation. Je ne dis pas cela en raison de la scandaleuse exécution de Troy Davis cette nuit, à une heure du matin, heure française, par injection létale dans son pénitencier de Géorgie. Il y aurait pourtant beaucoup à dire. Il y aurait beaucoup à dire sur son procès, il y a vingt ans. Il y aurait encore beaucoup à dire sur l'attitude des différents niveaux de hiérarchie qui auraient tous pu, à un moment ou un autre, arrêter cette machine infernale, tant la culpabilité de cet homme semble douteuse.
Ce pays est passé à la décadence parce qu'il n'est plus capable de porter à l'extérieur de ses frontières les messages de liberté qui fondent sa propre politique intérieure. Cette semaine, ce grand pays va encore pouvoir se démarquer en opposant un veto à la demande palestienne de reconnaissance de l'état de Palestine.
Pourquoi la refuser ? Cet état est de facto reconnu par l'ONU depuis la résolution de 1947 qui créait deux états en Palestine mandataire. Il est ainsi anormal que cet état ne soit ni membre ni reconnu par l'ONU. Il est tout aussi anormal que les palestiniens soient obligés de demander une reconnaissance et que les États-Unis brandissent leur veto en tant que membre permanent du conseil de sécurité.
La reconnaissance de cet état poserait un certain nombre de problèmes qu'il faudra de toute façon régler d'une manière ou d'une autre mais refuser cette reconnaissance n'est que reculer pour mieux sauter. En effet, la reconnaissance de l'état de Palestine ouvrirait la boîte de Pandore. Un état reconnu par l'ONU aurait accès aux cours internationales de justice et pourrait traîner l'état hébreu — et certains de ces membres — devant celles-ci pour crimes de guerre ou pour occupation illégale de territoire. En posant un veto, il n'y aura aucune évolution à court terme et la position israélienne s'en trouve renforcée.
J'en entends déjà qui me traitent d'antisémite. C'est mal me connaître d'autant qu'il ne s'agit pas ici de prendre position pour ou contre l'état hébreu ou l'état palestinien mais de s'insurger contre une situation inadmissible cautionnée par un tas de pays ayant à leur tête les États-Unis. Loin de moi l'idée de repousser Israël à la mer. Mais il est tout de même assez cocasse de constater qu'un pays donnant des leçons de démocratie au monde entier se fourvoie aussi lamentablement dans une telle affaire. En effet, depuis les premiers mouvements sionistes nés au XIXe siècle, les intellectuels sionistes ont passé leur temps à réécrire l'histoire du peuple juif pour tenter de prouver que les juifs du monde entier étaient issus de la diaspora à la suite de la destruction du second temple en 70 de notre ère. Cette réécriture, et elle seule, justifie le retour des juifs en Eretz Israel, constitue la pierre d'angle de leur constitution en état-nation et la colonisation à tout va. Pire, cette réécriture autorise aussi la fameuse loi du retour au détriment des habitants qui ont peuplé cette terre depuis des temps immémoriaux. Il y a en effet beaucoup plus de chance que le palestinien de Naplouse soit plus proche parent de Shimon Bar Kokhba que le juif séfarade vraisemblablement issu de tribus berbères. Ceux qui voudraient en savoir plus devraient lire Comment le peuple juif fut inventé de Shlomo Sand, historien israélien, qui montre comment les intellectuels juifs sionistes ou protosionistes ont créé de toutes pièces un peuple artificiel en le rattachant au peuple juif du royaume des Hasmonéens et en rejetant toutes les preuves scientifiques qui n'allaient pas dans leur sens.
La lecture biaisée de l'histoire ainsi qu'une certaine culpabilité des pays occidentaux permet donc à un état créé de toutes pièces de se comporter impunément avec une indignité et une arrogance de plus en plus grandes. Dès qu'une voix exprime une petite désapprobation, la vieille excuse de l'antisémitisme remonte à la surface. Excuse facile puisque la religion n'a rien à faire dans les reproches que l'on peut faire à l'état hébreu. La religion mosaïque n'est que le ciment articifiel de la cohésion d'un peuple formé par des entités disparates qui n'ont rien à voir entre elles et lorsqu'un palestinien attaque un israélien, il n'attaque pas un juif, il attaque quelqu'un qui occupe sa terre. Il attaque aussi quelqu'un qui l'empêche de travailler ou de se déplacer comme il le souhaite. Assez cocassement, le palestinien se trouve dans la situation d'un peuple occupé par l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale, la différence de poids étant que les États-Unis soutiennent l'Allemagne.
J'espère que nos gouvernants auront le courage de s'opposer à ce qui se trame en terre de Palestine, aujourd'hui, au nez et à la barbe de la communauté internationale. J'espère, mais je ne me fais pas d'illusions, la situation ne va pas s'arranger cette semaine. Et plus ils attendront, plus la tension sera grande. Et comme le point commun des israéliens de pleine citoyenneté est la religion juive, plus l'antisémitisme risque de revenir en force. À leur place, j'aurais honte et je ne jouerais pas avec le feu d'autant qu'il y a des bonnes volontés de part et d'autre du mur.
J'ai eu l'occasion de traverser Israël et la Cisjordanie à pied à l'époque des accord d'Oslo. Je me souviens de la ferveur populaire, tant israélienne que palestinienne et de l'espoir de la rue. Aujourd'hui, pas loin de vingt ans plus tard, le monde arabe s'est réveillé. Il n'y a aucune raison que le peuple palestinien reste au bord du chemin. À trop tenir une position inadmissible, les pays occidentaux, États-Unis en tête, risquent fort de creuser la tombe de l'état hébreu.
Je descends de personnes Juives et j’applaudis des deux mains (à une seule c’est plus dur) ton article. Le Judaïsme n’est rien d’autre qu’une religion. La race juive n’existe que dans des cerveaux malades. La position des gouvernants d’Israel et des Etats-unis n’est pas tenable, ces gens-là doivent être tenus responsables des morts et de l’état de misère dans laquelle vivent des millions de Palestiniens.