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Selon Mediapart,
Berlin exige la démolition du Parthénon. Le coût de l'entretien du site serait trop élevé et menacerait l'équilibre des finances publiques grecques. Non entretenu, le temple menacerait de s'effondrer et pourrait blesser des touristes visitant le site. Le consulat allemand à Athènes rappelle que des milliers de touristes allemands visitent le site chaque année.
Seule capitale en Europe à protester, Rome a condamné les déclarations du gouvernement allemand. Paris se tait, à l'instar des autres capitales européennes.
Le gouvernement allemand a répondu qu'il était prêt à envisager la déconstruction du Parthénon et son transfert puis remontage dans un musée allemand. Le monument, chef d'œuvre de l'humanité, serait ainsi mieux préservé que s'il restait sur le sol grec.
Qu'un gouvernement tiers demande une telle chose à la Grèce, même pour une fiction, est déjà inadmissible, mais qu'en dehors de l'Italie et dans la même fiction — peut-être parce qu'elle risque de tomber dans le même tourbillon à court terme — aucun autre gouvernement européen n'ait eu le courage de réagir est proprement scandaleux.
La Grèce s'est mise toute seule dans la situation actuelle, aidée par les poids lourds européens qui ne pouvaient ignorer que ses comptes étaient trafiqués depuis des années mais qui faisaient mine de ne pas voir ou de regarder ailleurs tant que cela les arrangeait. Il est d'ailleurs assez surprenant que personne n'ait porté à l'attention du public les sommes payées par la Grèce au titre de ses seuls intérêts sur sa dette avant que sa bulle n'explose. En ce sens, je ne vais pas plaindre le gouvernement grec. Je ne vais pas plaindre non plus les gouvernements européens qui se débattent avec ce problème et qui n'ont toujours rien compris au sport en question.
La preuve est qu'au moment où il faut se poser la question d'un fédéralisme économique à défaut d'un réel fédéralisme et qu'il aurait été possible de faire quelque chose sans bousculer les calendriers, les différents machins, au sens gaullien du terme, constitutifs de l'Union Européenne ont encore brillé par leur faiblesse assumée pour ne pas dire inefficacité.
Combien d'européens savent-ils qu'un dirigeant a été choisi jeudi dernier pour présider l'Europe ? Ce n'est pas leur faire offense de déclarer que peu sont au courant à l'heure où l'élection du président russe fait la une des journaux à côté de la campagne électorale française. Pourtant, dans la pls grande discétion, le Flamand Herman Van Rompuy a en effet été reconduit à la tête de l'Union Européenne pour deux ans et demi par les Vingt-Sept réunis à Bruxelles.
Non content d'assurer la présidence de l'Union, il a de surcroît été nommé président des sommets de la zone euro, fonction qui jusqu'alors n'existait pas. L'information a été relayée avec tellement de force et d'intérêt par les grands organes de presse que l'intéressé lui-même, d'ailleurs seul candidat en lice,a dû l'annoncer sur son compte Twitter jeudi soir.
Comme indiqué par le quotidien les Échos :
Cette reconduction s'est faite sans difficulté parce que Herman Van Rompuy a rempli à la satisfaction générale la mission qui lui a été confiée en janvier 2010. Il s'est montré un conciliateur efficace, dont l'action est saluée par les capitales de l'Union mais aussi par les autorités monétaires et bancaires, qui ont trouvé en lui un interlocuteur apprécié pendant la crise de la zone euro.
Ce n'est cependant pas faire injure à ce diplomate belge que de dire que la façon dont il conçoit son poste ne correspond en rien à ce que tout le monde avait compris au moment de la signature du traité de Lisbonne. Et encore moins à ce que Valéry Giscard d'Estaing, un des « pères » de la construction européenne, avait en tête : un patron visionnaire. Discret jusqu'à la caricature, le président Van Rompuy rapproche les points de vue, mais n'aspire nullement à incarner l'Europe. C'est manifestement ce que veulent Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et les autres, qui considèrent — surtout à Paris — que l'on est allé au bout de l'intégration et qui ne jurent que par l'intergouvernemental.
Je ne sais pas si vous saisissez bien les conséquences de cette reconduction. Je ne sais pas si Herman Van Rompuy est compétent ou non, s'il est à sa place ou si quelqu'un d'autre pourrait mieux faire le travail que lui. Le problème est qu'il était le seul candidat. Son poste est donc recherché et cela prouve à quel point les gouvernements actuels se contrefichent ouvertement de ce qu'est actuellement l'Union Européenne. Et cela n'augure rien de bon pour l'avenir européen. À l'heure où il faudrait un homme fort, visionnaire, pour tirer l'Union Européenne du marasme dans lequel elle est enlisée depuis l'arrivée de l'Euro, elle aligne désormais six dirigeants en titre, chaque dirigeant essayant plus ou moins de tirer la couverture à lui selon ses propres intérêts qui ne sont pas forcément ceux de l'Union. J'ai compté pour vous :
Pourtant, tout le monde s'accorde à dire que les vrais patrons sont Berlin, Paris et Rome. Dans cette dispersion, la fonction de Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européeenne, est presque ridicule et ne donne ni l'efficacité nécessaire au poste, ni la visiblité et encore moins la stature internationale qui conviendrait au grand argentier de la zone Euro.