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J'écoutais récemment d'une oreille très distraite une émission quelconque de France Culture. J'avoue que cela ne m'arrive que très rarement tant le ton docte de cette station parvient à m'horripiler très rapidement.
D'une oreille distraite, j'entends donc un invité parler d'un sondage effectué pour tester la culture générale du français moyen. J'ai eu beaucoup de mal à retrouver cette enquête que je n'ai exhumée que pour vous, heureux lecteurs que vous êtes. Je pensais à une étude récente, même pas. L'étude date du 12 octobre 1991, porte sur 800 personnes de 15 ans et plus et, pour être tout à fait honnête, je ne suis pas vraiment sûr que le problème se soit arrangé depuis.
Dans le désordre, et sachant qu'il était possible de s'abstenir plutôt que de donner une réponse fausse et risible, voici les réponses les plus troublantes :
Il aurait été intéressant de ventiler ces résultats par classe d'âge pour voir si, oui ou non, le niveau de culture générale de la population moyenne baisse. En tout cas, je ne sais pas pour vous, mais moi, ces résultats me font peur.
Mon pauvre ami !
Lorsque j’ai besoin de main d’oeuvre (ça va grosso modo du CAP au Mastère), par précaution, je fais un petit test pour savoir si tout simplement ces braves gens vont pouvoir me comprendre. Pas au sens psychanalytique du terme, non, me comprendre de manière très littérale.
C’est très scolaire (et c’est tant mieux, ça me permet de savoir s’ils ont résisté dans le passé au manque de sommeil).
Bon géographie d’abord. Jusqu’au bac pro inclus, une bonne partie des personnes pensent que l’océan qui borde la France est le Pacifique. Dans leur logique, la GB devient les USA et la Corse devient, bien malgré elle, la GB. Je vérifie en leur donnant une carte de l’Europe à me remplir. La méditerranée est tout à fait inconnue sous nos latitudes : mer noire, rouge, vous choisissez la couleur que vous souhaitez.
Comme mes gens doivent se déplacer, je vérifie tout de même qu’ils ne pensent pas que Lille ou Brest sont à trente bornes de Marseille. Ca fausserait leurs calculs. Ben, leurs calculs seront faux pendant plusieurs générations.
Question politique. Je demande qui est le président russe. Même Staline ou Brejnev feraient l’affaire pour moi. Eh ben non : c’est Chirac très souvent qui gagne le gros lot. J’ai même changé ma question en commençant par : “En Russie, quel est…” car je croyais qu’ils ne lisaient pas la fin de la question.
Histoire : qui a buté notre bon Henri IV ? Mesrine ! J’ai choisi Henri car même en profond coma pendant le cours d’histoire, l’écartèlement de Ravaillac, c’est assez fun, ça réveille. Pas suffisamment semble-t-il.
Vocabulaire. Faut savoir où on met les pieds. Pour beaucoup, “taciturne” veut dire “qui sort la nuit". “Excédent” égal “Pas assez” (et dire qu’on nous gonfle avec les histoire laitières), “Le Vicomte Duschmoll a épousé une roulure” est à traduire par : a choisi une gymnaste (le gros pervers).
Orthographe. Ce n’est pas racontable. Je me souviens d’une étudiante qui m’orthographiait Hitler en Itler. Elle n’a pas eu le fameux point godwin. Elle n’a d’ailleurs pas eu de points du tout.
Calcul. Pensez-vous possible qu’un mec se lève, vienne vous voir car 300 / 3 lui donne des soucis. Surtout que l’espèce de croix à laquelle il manque un bout, il ne sait pas trop ce que c’est.
Je peux continuer des heures ainsi. J’ai des tonnes d’archives que je garde pour le fun, pour montrer les preuves à mes amis et pour le jour où, atteint de la fameuse “longue maladie", je souhaiterai en finir moi-même sans trop de regrets.
Le pire dans tout cela, c’est que ces personnes pour la plupart ont eu leur diplôme. Ils ont leur CAP, leur Bac Pro voire leur Mastere. Ils n’ont pas trafiqué les documents à l’aide d’un logiciel connu dans le milieu “artiste qui ne sait pas dessiner".
Le coup terrible je l’ai ressenti le jour où, pour faire des ménages et filer le pognon à une association animalière, j’ai accepté de donner des cours d’informatique (ce qui n’est d’ailleurs absolument pas de ma compétence) à une bande de racailles.
J’ai choisi leur terrain : le jeu de baston. Ils ont une floppée de logiciels où on dessoude un malotru pour un mot déplacé. Et j’ai commencé à leur montrer comment on peut le hacker. J’en ai été pour mes frais : ils sont cons, mais cons… Ils n’arrivent même pas à franchir quelques niveaux. Alors faire péter les protections, pirater le jeu, c’est même pas dans une autre vie qu’ils sauront le faire.
Donc tes histoires sartriennes… D’ailleurs tout le monde sait que France Cul est une radio porno.
Je tiens à préciser que toutes les fautes de grammaire dans ce texte sont intentionnelles : je ne voudrais pas gêner les jeunes lecteurs.
Vous seriez bien gentil de me laisser mes illusions au moins pour la matinée…
Le smartphone est à lui seul un redoutable ennemi à abattre. Si ça continue, je vais finir comme Stallman d’ailleurs (crasseux, tapant sur un portable chinois poussif).
Tu as vu la tronche des jeunes cons (et hélas, peut-être encore plus des jeunes connes) ? Captés par leur smarphone pire que Peyrefitte en train de surveiller l’Ortf. Toute la journée, au boulot, en cours, dans la bagnole, aux chiottes. Avec le prix des bestiaux, même le plus fauché arrive à en avoir ou en voler un. On n’a pas l’espoir qu’un rejeton de prolo en soit privé et par dépit en soit conduit à développer une compétence quelconque.
Un smartphone, pourtant, c’est sympa. Je suis l’heureux possesseur d’une bête de course, un iTouch 1ere génération qui se refuse à tomber en panne. Je peux visionner des films, écouter de la musique en bagnole (ça se balance sur le poste radio), lire des bouquins pdf, faire des calculs de chien avec SpaceTime, jouer aux échecs, partager des fichiers sur un Dropbox quelconque etc. Enfin, un petit ordinateur embarqué. Malheureusement !
Manque plus qu’un compilateur et un clavier externe pour taper au km. Or, nos bourrins compulsivement attachés à cet outil ne risquent ni de compiler quoi que ce soit, ni même taper une phrase avec une subordonnée. En revanche, ils ont maintenant à peu près tout le reste, dans leur poche. Tu as donc le concentré éventuel de conneries tout le temps avec toi ! Je ne parle pas du cerveau, cela va de soit.
Pour reprendre espoir, j’ai vu que tout de même, les masteres arrivent quelquefois à faire des trucs de fous avec ces engins. Même quelques mômes qui se frottent aux concepts de cloud, de réseaux, alors qu’à l’école, l’E.N ne leur demande même pas un tel niveau d’abstraction.
Mais sur le commun, c’est plutôt la consommation “gros con” qui l’emporte haut la main. Jeux débiles, musique affligeante, communications pitoyables, facebook et j’en passe. Toute la connerie du monde dans la poche donc. Comment y résister ?
Deleuze évoquait déjà en son temps la contemplation morbide de la télé, ce qu’il appelait “les moments obligés de détestation de soi". Mais les gros cons dont il est question ne se détestent pas du tout, ce serait trop beau. C’est comme les toxicos : il est loin le temps où came rimait aussi avec contestation sociale.
Les avertissements qui pleuvent en ce moment sur internet, du style “comment facebook, google, apple et consorts vous baisent” n’émeuvent absolument personne. Surtout pas les pourceaux en question.
Reste le hack. Le hack méchant. Celui qui fait tomber et qui pousse le plus con à essayer au moins deux secondes de comprendre comment les choses fonctionnent. Je ne vois que ça. Le hack gentil, tout le monde s’en fout. Le hack qui fusille fichiers, réseaux, compte en banque, ordinateurs a au moins ce mérite : il offre la preuve par l’exemple qu’il faut de temps en temps essayer de comprendre un peu. C’est comme une crise économique en fait.
Pour reprendre espoir, je rêve donc de gens méchants. Des anars de droite ou de gauche, cela n’a pas d’importance. Mais des méchants intelligents qui poussent l’autre aussi à devenir un peu moins con.
Ce qui peut arriver de mieux à la grosse pouffe qui hurle dans son iphone n’est pas qu’on le lui vole. Mais que des méchants lui pompent son compte en banque, mettent ses photos de cul sur le web, grâce à un logiciel malicieux permettant, soit disant avec le gras du pouce, à la grosse, de mieux gérer ses calories.
C’est la seule chance qui lui reste.
Et qui nous reste. Tous les goûts sont dans la nature. Mais malheureusement, le goût de l’un en vient à tuer le goût de l’autre. Facebook comme exemple : est-il possible actuellement à un môme de ne pas y avoir un compte ? Non. Même dans les cas improbables où il serait contestataire avant l’heure, il serait liquidé socialement par son entourage scolaire. Le mauvais goût de certains est tout simplement violent, ce que souvent on se refuse à admettre.
J’ai aussi un smartphone à côté d’un Nokia 8110i, le même que celui utilisé dans le premier film Matrix. Les deux refusent de tomber en panne. Pour être honnête, le seul truc qui tombe en panne là-dedans sont les batteries.
Mon HTC Touch Pro, fonctionnant d’origine avec l’horreur Windows 6.1, a été hacké et il tourne actuellement sous Android 2.2 de mémoire. Il a un clavier complet, mais malheureusement, je n’ai pas encore trouvé le temps de le mettre en français. J’y ai en revanche installé toute la collection gcc. Ça peut servir. La prochaine étape sera d’installer sur la bête une distribution debian complète.
Quant à Facebook, comment dire ? Je n’ai pas encore trouvé d’intérêt à ces réseaux sociaux peuplés d’asociaux incapables de parler à leurs voisins immédiats.
Sur Facebook, il y a une sacrée différence entre les adultes (souvent en retour d’âge d’ailleurs) et les jeunes ou les enfants.
Lorsque tu t’inscris pour voir ce qu’est ce truc que le môme te demande avec encore plus de force qu’une mobylette, tu cherches assez vite des noms de personne que tu n’as pas vues depuis longtemps. Eh ben, c’est vachement flippant ! Ca sent la ruine, l’existence perdue. Le côté “copains d’avant” avec lesquels on n’était d’ailleurs pas copains du tout.
Les jeunes, c’est tout autre chose. Ils continuent la relation après les cours. Comme une sorte d’internat. C’est pour cela d’ailleurs que s’ils ne sont pas inscrits, ils deviennent très vite des parias. C’est le piège fondamental à mon sens.
Au début, pour paramétrer le compte de ma gamine, j’ai regardé quelquefois les échanges successifs, les photos etc. J’ai du le faire 4 ou 5 fois pas plus car c’est une attitude que je déteste au plus haut point chez un parent, regarder par dessus l’épaule. Donc je ne m’y connecte plus. Enfin, dans ce que j’en ai vu, c’est assez con. Les délires sur les profs, les photos dénudées, les amourettes de machin avec machine. C’est Gala sorti du bahut en gros. J’ai assez vite lâché, à la fois gêné de regarder sans y être invité et le spectacle de la bêtise est assez dérangeant à force.
Et là, Facebook ne te lâche jamais ! Il te propose des relations. Comme je ne réponds pas, il me propose de plus en plus de nanas, ça doit être des putes je suppose. Si ça continue, on va me proposer d’être “l’ami” de DSK.
Quand j’étais ado, les deux lectures obligatoires étaient, entre nous et sans que les profs ne demandent rien, “Le meilleur des mondes ” et “1984″. C’était la base. Ensuite ça a été la mode Tolkien, Herbert jusqu’à finir actuellement avec les bouquins de sombres crétins touchant aux vampires d’après ce que j’ai pu comprendre. Jamais à cette époque je ne me serais douté qu’Huxley aurait pu voir si juste.
Mais que faire avec Facebook ?
C’est la galère. Si je suis libre de mon informatique, je suis en gros tendance Kiss. Le minimalisme. Souvent je boote avec TinyCore sur un PC. Sur un Mac, c’est plus vicieux bien entendu, je lance le Terminal que je ne quitte pratiquement plus car les logiciels proposés par défaut me suffisent largement. Donc en gros le mode “vieux con". Je ne sais pas si c’est mieux ou moins bien, c’est ma façon d’être c’est tout.
Mais avec les enfants ? Là, c’est chaud. Déjà le Terminal, ils te demandent si la machine est en rade… Pour faire du html, Vim me suffit amplement, il m’est devenu un réflexe. Mais de l’ordre de l’invendable avec une môme. Donc je me suis tapé BBEdit rien que pour elle. Et c’est l’escalade.
Aujourd’hui, un coup terrible : elle me sort que le prof de physique veut utiliser Excel. Je déteste ce logiciel. De toute façon, je n’ai jamais vraiment compris à quoi servait un tableur. Alors, foutu pour foutu, je lui explique comment cette merde fonctionne.
Pour Facebook, j’ai vu qu’on pouvait y développer des applications. Pour avoir une info fiable, c’est d’ailleurs pas de la tarte. Ils ont changé leur fusil d’épaule, abandonné leur langage de prédilection. Bref le bordel. Et la structure a l’air assez chiadée. Je crains donc d’être obligé de me mettre dessus…
Je ne vois pas d’autres façons pour faire autrement. Expliquer que ce sont des fourbes est sans poids. Montrer comment on peut être plus malin qu’en postant des photos de chats qui se vautrent la gueule est peut-être une solution.
L’informatique est vraiment une misère. On croit avoir la paix avec un système qui fonctionne, qui nous convient. Eh ben non. Il faut pactiser avec le diable et se taper des trucs qu’on déteste. Sans être payé en plus. Je n’ose pas faire le compte des milliers d’heures que j’ai pu passer sur des logiciels qui me sortaient des yeux au premier regard.
J’ai réussi à convertir ma femme. Un peu violemment, je l’admets. C’était “j’arrête de te réinstaller Windows XP tous les trois mois, mais j’accepte de t’aider dès lors que tu utilises un système Unix". Depuis, il y a eu du Linux Debian, du FreeBSD, du Solaris et même du NetBSD sans que je ne sois plus jamais embêté.
Je pense qu’on doit pouvoir faire la même chose avec des enfants en les prenant assez tôt pour qu’ils ne soient pas encore dépravés.
Ca va être dur avec les enfants. Tant que ces monstres sont isolés socialement, ça va encore. C’est après !
Les profs jouent la paresse : ils travaillent sur MsOffice, ils ne changent rien (même avec les ordis “Conseil Régional” équipés de OpenOffice).
Les enfants sont sur Facebook et ont un smarphone relié à un cloud. Autant dire que tu les mets dans une confiserie. Et ce qui compte pour un ado c’est la photo et le film avec les logiciels qui vont avec. Et les jeux bien entendu.
Ma femme, j’ai échoué lamentablement. Même changer la version d’un logiciel est une preuve d’hostilité.
Par ailleurs, un agenda partagé entre les Macs, smartphones, Ipad, tout ça sauvegardé sur un cloud et mis à jour en temps réel, je n’ai rien trouvé sur Bsd/Linux qui le fasse simplement. Ou faire confiance à Google Agenda, autant dire faire de la peine à ceux qui veulent un internet libre.