« Une minute de silence | Le prix d'une vie » |
Cela n'a pas pu vous échapper, un quatrième opérateur de téléphonie mobile essaie d'entrer sur le marché français depuis quelques mois. Après des annonces fracassantes et des prix cassés, il a réussi à convaincre plus d'un million et demi d'abonnés à venir le rejoindre.
Certains esprits grincheux dont votre serviteur disaient à l'envi que la situation ne pourrait pas perdurer longtemps aux tarifs annoncés parce qu'un réseau n'est pas viable lorsqu'on ne couvre que 27 % de la population française et que le reste de la couverture est obtenue par un accord de roaming avec l'opérateur historique, accord qui entre nous a été refusé à Bouygues lors de son entrée sur le même marché. Il y a donc deux poids et deux mesures. Entre temps, France Telecom a pu constater que certaines cartes SIM prétendûment Free essayait de se connecter sur son réseau même si une station Free était à portée. Sans doute une erreur de paramétrage, laissons à Free le bénéfice du doute.
Puis est venue une première panne, étouffée parce que, comprenez-vous, c'est un tout nouveau réseau et que c'est normal. Non, justement, ce n'est pas normal. Le taux de disponibilité d'un réseau téléphonique doit être supérieur à une valeur fixéepar une autorité de régulation. Pour TDF, en 1996, le taux de disponibilité d'un faisceau hertzien, équipements de gestion compris, devait être supérieur à 99,95 %, soit moins de cinq heures d'interruption de service par an. Les stations et les faisceaux étant redondants, les interruptions de service sont largement inférieures et dans les faits de l'ordre de la dizaine de secondes.
Or hier, soit trois semaines après la première panne d'envergure, de nombreux abonnés de l'opérateur Free ont eu de grandes difficultés pour passer et recevoir des appels partout en France.
Nouveau raté pour Free Mobile qui a encore plié sous la charge ce mardi comme il y a trois semaines. Et comme il y a trois semaines, de nombreux abonnés Free, partout en France et quelque soit le réseau effectif utilisé (Free ou Orange en roaming), ont eu beaucoup de mal à passer ou recevoir des appels et SMS durant plusieurs heures.
L'incident s'est produit aux heures de pointe, en début de soirée. La situation serait revenue progressivement nominale en fin de soirée. Or le dimensionnement d'un réseau doit prendre en compte ces pointes. Au cas où Free l'ignorerait, cela se fait grâce à des lois d'Erlang. Je ne vais pas m'étendre mais c'est le b-a-ba du dimensionnement d'un réseau de télécommunication. Orange, de son côté, signale aimablement que le problème ne vient pas de chez lui même si ses propres clients ont aussi été touchés par la panne de Free. C'est de bonne guerre et pourquoi s'en priverait-il ?
L'incident d'il y a trois semaines provenait d'un dysfonctionnement d'un équipement de signalisation de Free Mobile. Cet équipement ne semble donc pas redondant. S'il l'est néanmoins, il serait peut-être temps de vérifier les bascules parce qu'un porte-parole d'Orange signale que les mêmes symptômes ont été observés hier en début de soirée. Les même causes provoquant les mêmes effets…
La première panne n'a donc pas servi de leçon et il risque encore d'y en avoir plusieurs autres surtout qu'on ne peut qu'émettre des hypothèses sur la source du problème. Sans doute l'infrastructure est sous-dimensionnée. Selon certains, le raccordement entre la station de base (l'antenne pour simplifier) et le reste du réseau de l'opérateur se fait en xDSL et non pas en fibre ou en faisceaux hertziens comme souvent chez les opérateurs de réseau. La capacité d'une station de base de Free est ainsi jugée bien moindre que celles des autres opérateurs, surtout en cas de trafic important.
Il paraîtrait que Free Mobile a pris le problème à bras le corps (sic). Reste à savoir quels seront les effets réels et tangibles pour les abonnés puisque si Free Mobile a attiré des abonnés avec des prix cassés et des forfaits sans engagement, les insatisfaits pourront retourner très vite vers des opérateurs un peu plus fiables selon le vieux principe qu'au dessus d'un certain prix, on paie une marque, mais qu'en dessous d'un certain prix, on n'en a que pour son argent.
Ha mais si, je veux bien une introduction aux lois d’Erlang moi. :)
Avec un nom pareil elles sont probablement bien !
Dernières nouvelles du front. Pour Free, le ciel s’obscurcit sensiblement car l’opérateur Orange a menacé samedi 24 mars de suspendre le contrat qui le lie à Free Mobile si l’utilisation de son réseau par le nouvel opérateur devait affecter ses clients. Cette annonce a été faite après plusieurs pannes pour les abonnés de Free ces derniers jours.
Orange n’hésitera pas à suspendre le contrat entre les deux opérateurs “si des incidents sur le réseau de Free Mobile devaient affecter la qualité de service” d’Orange, a dit un de ses porte-parole à l’AFP après des déclarations de l’Arcep affirmant que les pannes de Free étaient dues à l’accord entre les sociétés, ajoutant qu’Orange réfutait toute responsabilité.
(sources Nouvel Observateur)