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Politiques irresponsables

14.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

À Paris et en proche banlieue, je me déplace souvent à bicyclette. Je n'ai jamais grillé un feu, un stop, roulé sur un trottoir ou pris une rue à contresens. Circuler dans Paris est déjà une expérience assez amusante en soi sans que j'aie à y ajouter de risques inconsidérés. C'est pourtant sans compter avec les fulgurences du maire de la capitale. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, il s'appelle Bertrand Delanoë, émarge au Parti Socialiste — ce qui n'est pas une tare en soi même si j'ai un peu de mal à comprendre leur ligne politique si elle existe — et compte parmi ses amis de nombreux élus verts, intégristes autant qu'à vue courte et bas de plafond. Après les couloirs de bus larges de 4,70 m — pas assez pour qu'un bus puisse en doubler un autre arrêté, la largeur du bus étant pourtant inférieure à 2,50 m, largeur maximale autorisée pour un véhicule qui n'est pas un convoi exceptionnel — séparés des voies de circulation par une forêt de bambou, les stations de Vélib à des endroits incongrus uniquement pour enlever des places de stationnement alors qu'elles auraient pu être déplacées de quelques mètres sans gêner quiconque, les contractuelles qui verbalisent les voitures en stationnement vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept sous les yeux attendris de la fourrière qui attend sa proie telle un charognard, voici la circulation des bicyclettes à contresens.

Je n'arrive pas à imaginer dans quel esprit malade une telle idée a pu germer. Penser qu'il a fallu pas loin de quatre milliards d'années d'évolution pour passer de la première forme de vie à la merveille qu'est le cerveau humain et que celui-ci est capable de produire de telles inepties n'a pour effet que de me mettre à douter du darwinisme le plus élémentaire.

En effet, depuis le baron Hausmann, la largeur des rues de Paris n'a pas vraiment changé. Les dimensions des trottoirs, des places de stationnement et des voies de circulation sont restées identiques. Seuls se rajoutent de petits symboles autorisant les bicyclettes à emprunter ces rues en contresens, et encore, sans doute pour des raisons d'économies, ces pistes ne sont indiquées qu'aux intersections. Lorsque qu'une voiture arrive dans le sens normal de circulation dans une rue un peu étroite, le cycliste, qui roulait déjà dans le caniveau au risque de donner un coup de pédale sur le granit du trottoir et de terminer dans le ruisseau, n'a le choix qu'entre disparaître sous la voiture ou sauter dans les bras du piéton qui, lui, a du mal à rester sur le trottoir en raison de la présence à cet endroit d'une station de Vélib.

Je ne sais pas si l'esprit supérieur qui a inventé ce concept se déplace en bicyclette. À dire vrai, j'en doute fortement. Il devrait pourtant être condamné à utiliser ces pistes à contresens jusqu'à ce que mort s'ensuive, ce qui ne devrait pas trop tarder au regard de la configuration des lieux. J'aimerais aussi que la mairie de Paris nous indique à la fin de l'année le nombre d'accidents corporels causés par cette idée géniale ainsi que son coût pour le contribuable. Il n'y a rien à ajouter, on a les politiques qu'on mérite.

Au fait, qui se souvient de la forêt de bambou de la rue de Rivoli ? Gageons que cette nouvelle expérience de circulation tombera dans les mêmes oubliettes.

 

1 commentaire

Commentaire de: Henri

Avez-vous vu des élus faire du vélo quotidiennement ? ça existe. J’en connais UN (nota : je ne suis pas élu !), pas plus.
Je vous conseille le casque. Ce n’est pas très élégant. Mais quand on a vu un cycliste renversé par une voiture, le crâne heurtant le beau granit chinois du rond-point, terminer son parcours à la morgue, on finit par casquer.
Un de ces jours, on nous conseillera de sortir dans les rues en armure ou en char blindé.

11.12.13 @ 10:41


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