« Qu'a donc fumé Benoît XVI ? | Le coup de la panne » |
Une information que tout le monde ne pouvait que trouver scandaleuse a fait le tour des media. Une enseignante aurait demandé à une classe de faire la fameuse minute de silence non pas pour les victimes, mais pour Mohammed Merah. Voici un extrait d'article parmi tant d'autres relevé sur le site du quotidien Libération :
Une professeur d'anglais du lycée Gustave-Flaubert, à Rouen, a été suspendue ce vendredi après avoir envisagé devant ses élèves une minute de silence en mémoire de Mohamed Merah, un geste sans signification politique selon ses collègues, qui évoquent plutôt les soucis de santé de l'enseignante. L'alerte a été donnée en milieu de journée par un communiqué du ministère de l'Education nationale. Exprimant son « indignation » devant une « initiative inqualifiable », le ministre Luc Chatel y demandait au recteur de Rouen de « suspendre immédiatement » cette enseignante pour avoir, selon lui, « demandé à ses élèves de respecter une minute de silence en la mémoire du terroriste Mohamed Merah ».
Mais Libération n'est pas seul a avoir tiré à boulets rouges sur l'enseignante. Tous les autres media s'en sont mêlés sans que jamais personne n'ait réellement vérifié ses sources. Cette enseignante a même été huée dans un meeting de l'UMP et seule l'AFP semble aujourd'hui revenir prudemment sur sa dépêche.
Et c'est dommage parce que tous ces journalistes, tous ces hommes politiques viennent de gravement diffamer cette enseignante. Par ailleurs, la chaîne i-Tele est allé jusqu'à donner son nom. J'espère que son avocat prendra la peine de porter plainte pour diffamation contre tout ce beau monde.
En effet, dans cette histoire, on ne connaît qu'une version assez tronquée de l'affaire. Selon les élèves de terminale ayant assisté à la soi-disante minute de silence dont nous pourrions d'ailleurs discuter du bien fondé, voici ce qui s'est réellement passé :
En revanche, il faut noter qu'une élève de la classe, qualifiée de peste contestataire, a appelé sa mère, avocate, pour lui raconter l'histoire en déformant la vérité. Dans cette déformation, elle raconte que l'enseignante leur a imposé une minute de silence et que beaucoup d'élèves étaient choqués. Naturellement, la mère n'attendant que cela et du haut de son Dalloz contacte immédiatement la presse pour baver. La presse contacte le rectorat, qui lui-même contacte le proviseur du lycée qui n'était au courant de rien et pour cause. Et là-dessus, le ministre de l'éducation nationale que je ne nommerais pas ici, ce serait lui faire trop d'honneur, hurle avec les loups en mettant l'enseignante à pied.
Dans cette affaire, aucun journaliste, aucun politique, aucune personne dont c'était le métier, n'a cru bon de vérifier une information pourtant sensible. Non, on a préféré abattre sur l'autel du politiquement correct — voire de la campagne électorale, ce qui est encore pire — une enseignante qui jusqu'à preuve du contraire est une victime de diffamation de la part d'une élève.
J'espère que cette enseignante aura la force de se battre. J'espère surtout que l'élève en question ainsi que sa mère auront à payer pour cela. J'espère, mais il ne faut pas trop rêver que ce ministre aura à donner des excuses publiques parce qu'il ne risquera pas d'en faire s'il n'y est pas contraint et forcé. J'espère aussi que tous ces journalistes qui ne méritent pas leur carte de presse auront sur les doigts d'une manière ou d'une autre. Il paraît qu'en droit français, nul n'est présumé coupable. Il serait bon de s'en rappeler. Ici, l'enseignante n'est même plus présumée coupable, elle est désignée coupable, mise à pied et jetée en pâture à la vindicte populaire.
Pourtant, il aurait été assez facile de creuser un peu le sujet puisque les enseignants du lycée Flaubert ont publié le communiqué de presse suivant :
COMMUNIQUE DE PRESSE DES ENSEIGNANTS DU LYCEE FLAUBERT
Les enseignants du lycée Flaubert sont atterrés et extrêmement choqués par l'emballement médiatique qui a suivi un incident de classe.
Dans un contexte émotionnel très sensible, des échanges verbaux entre une enseignante et sa classe ont été divulgués instantanément par un parent d'un élève de la classe, publiés immédiatement et sans vérification par organe de presse. L'identité de la collègue a été révélée.
L'article rédigé à charge qui a été immédiatement publié contient des approximations et un mensonge majeur : aucune minute de silence n'a été organisée dans cette classe.
Si des maladresses ont été commises, elles sont regrettables mais nous pensons qu'elles ne sont motivées par aucune volonté de prosélytisme, ni présupposé ou arrière-pensée politique.
La fragilité de notre collègue était connue par les services du rectorat.
Dans ces circonstances, nous pensons qu'elle doit bénéficier de la protection et de l'accompagnement de son administration.
Le calme et la sérénité sont plus que jamais nécessaires et nous demandons que les procédures existantes puissent suivre leur cours, sans que notre collègue soit jetée en pâture aux médias.
Sans préjuger des conclusions des procédures, nous apportons notre soutien moral à notre collègue.
Ce communiqué de presse est digne et sans commune mesure avec le torchon publié par les élèves :
Aujourd'hui, le vendredi 23 février 2012, nous commençions un nouveau chapitre en cours d'anglais, avec Mme XXX, intitulé "Nature Pride" (c'est-à-dire la fierté d'être un natif). Ce sujet traite du patriotisme des Indiens d'Amérique.
Mme XXX a tout d'un coup dérivé sur un autre sujet : l'affaire Mohamed Merah.
Il est tout d'abord inapproprié de parler de cette affaire en cours d'anglais et de plus elle a soutenu des propos qui nous ont tous outré voir choqué.
Mme XXX a clairement dit que Mohamed Merah était une victime, que le lien avec Al Quaida avait été inventé par les médias et "Sarko".
Elle a ajouté qu'il serait possible de faire une minute de silence pour cette "victime".
Voyons que nous étions en désaccord, elle nous a dit que nous devions sortir, ce que 16 élèves sur une petite vingtaine ont fait, les autres sont restés en essayant de comprendre ses propos.
Veuillez croire que notre acte était justifié et qu'il n'était en aucun cas dans le but de perturber le cours de Mme XXX.
Ceci s'ajoute au manque de respect qu'elle a envers ses élèves perpétuellement.
Pauvres chéris. Vous pouvez être reconnus responsables pénalement à partir de treize ans. J'espère qu'un jour où l'autre, sur cette affaire, vous le serez et que vous aurez à en payer les conséquences.