« Bleu marine | Une ta(lo)che au front » |
Vous souvenez-vous du fameux contrat à terme sur la dette française mis en place le 16 avril 2012 ? Il aurait dû provoquer le chaos, le désastre, la spéculation forcenée des marchés. Du moins est-ce ce qu'ont dit tous nos prétendants à la présidentielle avant de ne plus en parler du tout.
Pourtant, il n'y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. La spéculation a bien d'autres outils autrement plus efficaces pour spéculer. Il existe des CDS (contract default swap) qui peuvent être détenus à nu — sans avoir dans son portefeuille le risque correspondant — et qui permettent de spéculer sur une banqueroute sans aucune vergogne. Les future OAT ne sont que des contrats à terme comme il en existe des milliers. Et comme ces contrats ne dissocient pas la prime de risque du risque lui-même, tout étant dans le terme du contrat, ils ne permettent pas une spéculation outrancière.
Tout cela pour dire que tous les outils de la spéculation à la hausse ou à la baisse de la valeur des titres français sont déjà disponibles sur les marché et ce ne sont pas ces contrats à terme qui vont changer quelque chose. Ils permettent en revanche de marquer les esprits en période de campagne électorale, surtout lorsque l'électeur ne comprend rien aux mécanismes de base de la finance.
Notre tiercé de tête, qui me rappelle assez étrangement un film de Sergio Leone, s'en est pourtant ému. Or, ce qui est dangereux dans la situation actuelle, ce n'est pas tant la spéculation sur la dette que son augmentation inconsidérée d'autant qu'il s'agit d'une dette structurelle. Si cette dette était limitée, il n'y aurait aucune raison que la spéculation s'en empare et le mieux à faire pour que la spéculation ne s'empare pas de cette dette, c'est tout de même de la juguler.
Fig. 1 : dans le désordre, nos deux finalistes et le premier accessit
Et c'est là que ça se gâte sérieusement. Parce que nos deux finalistes, conscients d'avoir un premier accessit en embuscade, sont prêts à toutes les compromissions et à toutes les bassesses. Ils sont prêts à dire presque n'importe quoi pour faire que les électeurs du troisième se reportent au maximum sur leurs candidatures.
L'un demande à l'autre trois débats alors qu'il sait que l'autre ne peut pas les accepter. S'ensuit alors une querelle pour savoir si le premier est un fort-à-bras ou le second un dégonflé. Le deuxième promet à tour de bras et, lorsqu'on regarde de plus près, rien n'est réellement financé puisque ses hypothèses de travail reposent sur des taux de croissance qui semblent largement surévalués. Mais comme il faut aussi ratisser sur les terres du troisième, l'un tend les bras et propose même de faire une contre-manifestation le 1er mai pour défendre le vrai travail (sic).
Tiens, je ne savais pas qu'il y avait du faux travail. Du travail au noir, du travail à temps partiel, du travail temporaire, du travail dissimulé, du travail fictif bien connu du RPR à la mairie de Paris, je savais. Mais du faux travail, je viens de l'apprendre. Quelqu'un aurait-il à gentillesse de me donner ici la définition du faux travail ?
Et dire que nous allons encore en prendre pour une grosse dizaine de jours sans qu'au final rien ne change réellement…