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Bleu marine
Le Front National de Jean-Marie a vécu. Histoire de le dédiaboliser un peu plus, Marine Le Pen qui d'ailleurs ne s'appelle pas Marine mais Marion Anne Perrine selon l'état civil aimerait se présenter aux législatives de juin 2012 sous le nom « Rassemblement Bleu Marine ». Rien que ça.
Il faut d'ailleurs souligner qu'une réclamation a été déposée dimanche dernier au Conseil Constitutionnel par deux avocats pour annuler les suffrages exprimés au moyen des bulletins Marinne Le Pen et Éva Joly sous le motif que les bulletins doivent correspondre à l'état civil des candidats
Donc si j'ai bien compris, un parti politique qui est déjà ouvertement nationaliste, franchement socialiste et adepte de la devise famille, travail, patrie ajoute à cela le culte du chef. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais c'est finalement assez dangereux. Du temps du père, le culte du chef existait déjà, mais il n'avait pas poussé le vice à le mettre dans un nom, peut-être simplement parce qu'un « Rassemblement Bleu Jean-Marie », cela ne signifie rien.
Plusieurs points me dérangent. Le père avait une ligne politique et s'y tenait, quoi qu'on puisse en dire ou en penser. La fille, c'est subtilement différent puisque son vote est contestataire. C'est même pour cela que son électorat a cru. En effet, les dernières études sociologiques montrent que les électeurs du Front ne sont plus des catholiques bornés mais qu'ils sont typiques statistiquement parlant de la population française. Les nouveaux électeurs du Front ne votent pas pour ce parti parce qu'ils sont racistes ou xénophobes mais par rejet ou contestation. Je ne suis pas en train de nier ici le vieux fond de racisme français, mais de signaler que ce fond de commerce n'est plus la pierre d'angle du Front.
D'où les tergiversations de Marine. J'ai un souvenir d'un meeting en début d'année où elle avait donné son point de vue sur le mariage homosexuel. J'ai souvenir qu'elle avait dit — pas bien fort je vous l'accorde — ne pas être contre en tant que laïque parce que cela relevait de la sphère privée. Elle a aussi écrit être pour le PACS alors que dans une matinale de France Inter, la même personne déclarait qu'elle était hostile au PACS car ce même PACS est une niche fiscale. On ne parle donc plus des homosexuels, ce serait trop sujet à polémiques. On attaque par la bande, sans vraiment nommer les choses et surtout sans avoir une ligne politique définie a priori.
Contrairement à son père, Marine navigue à vue en fonction de ce que l'électeur du Front veut entendre. L'héritage du père étant un fond de commerce juteux, autant l'user jusqu'à la corde puisque cela permet de vivre et d'exister.
Bien fous donc ce qui préjugent du report des votes du Front National au second tour.
2 commentaires
En somme, Marine Lepen commence à bien manier ce qui a toujours fait la force des autres partis : l’hypocrisie.
Sur le fond, le rassemblement en Autriche qui a fait tant de bruit puisqu’il était fréquenté, exactement comme au temps du père, par des neo-nazis, en étant la preuve, rien n’a changé. Mais, disons que c’est mieux tourné.
J’aimerais que cela soit un vote de contestation. Mais finalement, rien n’est plus pervers. Du temps du père, les électeurs et surtout leur chef se revendiquaient par une adhésion positive à une idéologie. Grosso modo, néo-nazie. Les sauteries familiales en Allemagne et en Autriche en apportant la preuve par les photos, ne laissaient guère de place au doute déjà à cette époque.
Et pourtant, on disait déjà que c’était un vote de “contestation". Des électeurs énervés qui rentreraient vite dans le rang en quelque sorte. Il aurait déjà fallu qu’on soit très précis sur ce qu’ils contestaient véritablement. Cela permettait en fait de les absoudre de pêchés mortels : non, ils n’étaient pas racistes, non c’était en fait de braves gens. Bref, grâce à cette absolution inespérée, on récupérait leur voix.
En ce moment, c’est l’apothéose chez l’UMP comme au PS : c’est le grand pardon pour les brebis égarées ! Ils n’ont fait que “contester” et s’énerver bêtement en votant FN plutôt que de voter utile immédiatement.
Je trouve ça d’une grande perversité. J’avais une préférence pour la brutalité de Chirac. D’une part, il disait clairement que c’était des ordures, que personne n’était dupe et qu’il était pour lui hors de question de simplement discuter.
D’autre-part, Chirac se lâchait aussi sur la spoliation de l’Afrique par les occidentaux. La video qui traine toujours sur YouTube est un must de la déclaration politique.
Là, je trouve que le discours sur l’électeur, pauvre brebis égarée, est d’une faux-dercherie jamais atteinte et a-priori très rentable. Déculpabilisons au maximum pour mieux en retirer les marrons du feu.
J’aimais le temps de la brutalité des déclarations soviétiques. De mémoire, sur une chaine française, on avait demandé à Gromyko ce qu’il ferait si l’Iran prenait en otage une ambassade russe. Réponse de l’intéressé : “On envahit !".
Encore pas si loin que ça, Poutine et son : “On ira les buter jusque dans les chiottes". Là, on sent bien que les Russes n’aiment pas les Tchetchenes et qu’ils comptent leur faire payer cher, entre autres, leur adhésion passée à l’Allemagne nazie !
J’ai en mémoire un bon sketch des Guignols dans lequel Tapie demande à Lepen de déclarer : “J’aime les juifs". Comme Lepen renâcle, n’ose pas dire non, Tapie insiste : “Allez Jean Marie, arrête de tortiller du cul pour chier droit ! Dis : j’aime les juifs !".
Qu’est-ce qu’ils contestent réellement les électeurs du FN ?
Dans mon micro-trottoir, j’ai des éléments :
- Il n’encaissent pas l’aide aux autres pays ("salauds de grecs!") et bientôt à l’Espagne et à l’Italie (si on n’y passe pas avant). Nous d’abord. Comme j’ai souvent bien plus d’atomes crochus avec un grec ou un italien qu’avec mon voisin de palier, je trouve que ça a un côte légèrement xénophobe et nationaliste.
- Ils ne supportent pas les montres de Sarko, son avion, qu’il puisse rouler comme un malade alors qu’eux on leur plume des points. Et surtout, qu’il ne “karchérise” pas les cités. Le salaud, il l’avait pourtant promis.
- Ils n’aiment pas qu’on pète leur bagnole, qu’on leur crache à la gueule quand ils prennent le métro, qu’on écoute une musique de sauvage et que la police ne fasse strictement rien.
- Ils ne supportent pas qu’on ne tranche pas la gueule aux récidivistes et que les magistrats soient toujours des gauchos dont les véhicules et les idées sont très avancés.
- Ils encaissent mal de payer sur leurs impôts des gens qui refusent tout emploi ou qui loupent pour la enieme fois leur Cap Paysagiste.
- Ils n’aiment pas qu’on leur fasse comprendre qu’ils ont moins de valeur qu’un ouvrier chinois.
- Très Gaulliens, ils n’aiment pas du tout l’idée de la construction d’une Mosquée dans leur quartier pour des gens avec lesquels ils se sont frités dans le passé, dans le présent et vraisemblablement dans le futur.
- Ils sont offusqués quand on les traite de racistes alors qu’ils reprochent un comportement inadéquat chez le quidam d’une origine généralement nord-africaine.
- Ils se plaignent qu’on dépense des sous pour mettre au pouvoir des types qui ne pensent qu’à la charria. Ca doit être le syndrome de l’accueil triomphal réservé à Khomeiny en France quand il était en délicatesse avec le Shah.
C’est donc très nationaliste. Je ne sais pas trop si c’est du capitalisme ou du socialisme. Ce ressentiment ne se nourrit pas forcément de rien. Mais si on leur dit, pour les amadouer, qu’ils se trompent mais qu’ils sont sympas au fond, je crains qu’ils ne préfèrent qu’on le trouve franchement antipathiques.
Mais relisez-moi bien. Je n’ai pas écrit qu’il n’y avait plus le noyau de durs aux coupes militaires, mais qu’à ce noyau s’est rajouté un sacré nombre de français moyens (pour peu que le français moyen existe), râleurs, insatisfaits et contestataires.
