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Carnet noir

08.08.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Monde de merde

Deux décès à signaler aujourd'hui.

Michel Polac a cassé sa pipe à quatre-vingt-deux ans. Ce n'est pas grave, me direz-vous, on lui en rachètera une autre. En revanche, je ne suis pas sûr que son nouveau régime à base de racines de pissenlit ne soit pas nocif pour sa santé.

Et Marvin Hamlisch, compositeur de musique de film oscarisé, goldenglobisé et j'en passe. On aime ou on n'aime pas les compositeurs de musique de film, personnellement, je trouverais toujours un Léonard Berstein, un Maurice Jarre — pas Jean-Michel parce que je ne peux vraiment pas, le père ! — ou un Bernard Hermann supérieur à tout les compositeurs contemporains et adeptes de la musique expérimentale à écouter avec des boules Quiès.

Ce qui m'a amusé, voire navré, c'est d'entendre ce matin sur toutes les stations de radio que Marvin Hamlisch était le compositeur de la musique du film l'« Arnaque » avec Robert Redford et Paul Newman. J'ai même entendu cela sur Inter lors du journal de 7h30 et à nouveau lors de celui de 8h00 où j'ai même pu entendre le début du ragtime qui berce le film en question. Sauf qu'encore une fois, pas un journaliste ne s'est réellement renseigné en se contentant simplement de relayer une information sans l'avoir vérifiée. Certes, Marvin Hamlisch a bien signé la musique de ce film, mais le présenter comme le compositeur de cette musique est un peu osé. Il n'a fait que les arrangements de musiques qui existaient bien avant lui puisque le thème principal du film est un ragtime de Scott Joplin mort de la syphilis en 1917, soit plus de cinquante ans avant le tournage de ce film !

Signaler que ce compositeur était l'auteur de la musique de ce film est déjà bizarre, ce qui n'enlève rien au talent du compositeur en question. Mais diffuser un morceau de musique qui a simplement été arrangé par lui pour le faire coller à des scènes d'un film est une erreur indigne d'un journaliste débutant.

 

1 commentaire

Commentaire de:
atg

Dans le genre “mystère insondable", l’Oscar de L. Rosenman pour Barry Lyndon m’a toujours laissé perplexe. Pas une seule note de lui dans le film. C’était sans doute un précurseur du D.J.

Je partage le désarroi sur la musique contemporaine. La branche me semble morte, à de rares exceptions. Jeune, j’écoutais Stockhausen, Risset, Xenakis. Et j’y trouvais un agrément. En les ré-écoutant maintenant, je me rends compte que c’était bien davantage un agrément idéologique que musical. L’opposition bien sûr et l’idée qu’on ne peut tout de même pas refaire indéfiniment la même chose.

La fréquentation des oeuvres anciennes me frustre toujours un peu. L’impression de fréquenter un cimetière. Ce n’est pas la enième interprétation de tel chef qui va me consoler question nouveauté et adéquation du public avec son temps.

Du coup, effectivement, la musique de cinéma me semble la plus continuatrice du dispositif classique. Elle peut être assez déstabilisante, lorsqu’on se rend compte que le compositeur est capable de changer radicalement de style en fonction du film (par ex. J. Williams), signalant ainsi qu’il ne s’agit que de recettes.

Mais j’arrive à y trouver plus ou moins mon compte lorsque le compositeur poursuit une ligne de développement bien précise. J’apprécie de plus en plus le travail d’H. Shore lorsqu’il travaille pour Cronenberg (l’ouverture du Festin Nu est exemplaire) par exemple.

J’ai un regret pour M. Polac. Ce type savait tout de même faire partager. J’ai découvert adolescent Schubert grâce à un “Bon plaisir de” diffusé je crois sur France Musique. Et quelques bouquins au passage.

Mais au fond, la littérature me laisse tout aussi déprimé que la musique. Elle n’avance plus. Je crois qu’elle ne peut plus avancer. Elle ne fait que se caler sur les événements extérieurs qui semblent lui servir de justificatif.

L’éternel ressassement est insupportable. Mais des arts qui ne survivent non par évolution interne mais en se justifiant sur l’évolution de la société et du temps me semblent tout compte fait assez moribonds.

De ce fait, mes lectures ou écoutes d’oeuvres “modernes” sont en fait de la consommation pure. Ca fait plaisir bien entendu. Mais il est difficile d’être dupe. Je visionne beaucoup de films. Ils sont bons, ils font passer d’agréables moments. Mais tellement peu m’émeuvent réellement.

09.08.12 @ 05:26


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