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Je ne sais pas si vous avez vu « le cave se rebiffe », film de Gilles Grangier tiré du roman éponyme d'Albert Simonin. On y voit Jean Gabin s'envoyer un pli postal contenant des typons de faux billets pour qu'ils soient gardés précieusement par la Poste l'espace d'un week-end. Extrait des dialogues de Michel Audiard :
– Je peux les mettre à la banque, j'ai un coffre.
– Tiens donc... Et les perceurs de murailles, vous ne lisez pas les journaux, vous ?
– Pourquoi pas ici ?
– Non.
– Merci, la confiance règne !
– Je connais ton honnêteté, mais je connais aussi mes classiques. Depuis Adam se laissant enlever une côte jusqu'à Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont foiré étaient basées sur la confiance. As-tu une enveloppe ?
– Oui, pourquoi ?
– Alors donne. Nous allons donc confier notre petit trésor aux seuls gens qui n'égarent jamais rien, aux employés de cette administration que le monde entier nous envie, j'ai nommé les PTT.
– Je n'aurais jamais pensé à ça.
– Et bien voilà... En postant cette lettre avant quatre heures, elle passera le dimanche en sécurité et le môme l'aura le lundi matin à la première distribution.
– Ça, c'est une fameuse idée les PTT.
– Vous êtes sûrs qu'on ne risque rien ?
– Rien, sauf une grève surprise, mais alors là, messieurs, faire confiance aux honnêtes gens est le seul vrai risque d'une profession aventureuse.
Non seulement la Poste est capable de garder consciencieusement un pli, mais elle est capable de faire bien mieux. Elle peut le livrer à la bonne adresse en un temps raisonnable.
J'ai en effet reçu il y a quelques jours un courrier émanant de ma banque professionnelle m'informant d'un changement de numéro de compte courant à la suite d'une migration de leur système informatique. Allons bon. Je ne vois pas en quoi la migration d'un système information induirait une modification de certains numéros de compte. Ce qui était vraiment surprenant, c'était la date figurant en tête du courrier. La courrier était daté du 14 mai 2003 et envoyé de Strasbourg. Réception à Colmar, soit quelques soixante kilomètres plus au sud, le 22 mai 2010 pour une modification des numéros de compte dans la nuit du 22 au 25 mai 2010 (sic).
Vous admettrez comme moi que ce courrier était surréaliste. Renseignements pris, ce changement a bien eu lieu dans la nuit du 22 au 25 mai 2010 (semper sic). J'ai même été déçu en apprenant que la banque en question avait fait un erreur de sept ans sur la date du courrier et que ce n'était pas une lettre perdue par la Poste qui arrivait chez son destinataire légitime sept ans après son envoi… Cela prouve au moins que les courriers d'information qu'elle envoie à ces clients sont tous attentivements relus.
Personnellement, ce genre de courrier me pose un problème insoluble. Comment voulez-vous faire confiance à une banque censée défendre un minimum les intérêts de ces clients alors même que celle-ci affiche son sérieux de façon si criante dans ses courriers ?
Et l'on ose encore après parler de Jérôme Kerviel, dangereux terroriste et franc-tireur des salles de marchés ayant échappé à la surveillance de sa hiérarchie complaisante.
“dans la nuit du 22 au 25 mai 2010 (sic)” ??
Comment faire confiance à une banque qui écrit cela ?