« Quatre postes | Vacances ! » |
Je hais les touristes. Vicéralement, je les fuis comme la peste. La mode étant aux marchés de Noël en Alsace, qu'est-ce que j'ai pu déguster en décembre dernier. Tout le mois de décembre à batailler pour avoir des billets de trains hors de prix le week-end et arrivé chez moi, je me retrouve avec des centaines, que dis-je, des milliers de touristes qui déambulent lentement dans des rues où il n'y a strictement rien à voir en beuglant des chansons à boire. Sans doute un effet collatéral du vin chaud. Il y en a même un qui m'a demandé sans rire où se trouvait le parking de la rape, ayant trop forcé sur le vin chaud pour se souvenir qu'il s'agissait en fait du parking du général Rapp… J'ai mis quelques longues secondes à comprendre ce qu'il me demandait, secondes durant lesquelles il me regardait en se demandant si je parlais bien français ou si j'étais complètement demeuré. Encore celui-ci parlait-il un langage qui s'apparentait à du français aviné. Souvent, ce sont des langues complètement bizarres et on a de la chance s'il s'agit d'allemand, d'anglais ou d'un quelconque langage proche et relativement connu.
Comme le pou est un parasite du cheveu, le touriste est un parasite des villes et autres lieux de curiosités. Il est l'ennemi juré de l'automobiliste puisqu'il peut se mettre à courir au milieu de la chaussée parce qu'il a vu le petit truc indiqué par son guide vert et qu'il cherchait depuis quelques minutes. Le touriste est toujours habillé de choses criardes et circule principalement en groupe. Le touriste seul cherche à se fondre dans la foule, à utiliser la conformation naturelle du terrain pour filer à l'anglaise et retrouver d'autres touristes. L'instinct grégaire sans doute. En hiver, il a un peu de mal à sortir sa casquette et ses tongs, mais il se croit intelligent en prenant son passeport et en mettant sa doudoune pour passer une journée en Alsace, et il n'est pas rare de voir le chef d'entre eux brandir un parapluie ou un quelconque bout de tissu au bout d'une perche pour signifier à sa troupe la direction à prendre.
En toute saison et nuit comme jour, le touriste est particulièrement bruyant et fait profiter aux indigènes sa joie insigne et ridicule d'être dans leur ville, montrant ainsi que si lui est en vacances, l'indigène est trop bête pour ne pas être en congés et devra, lui, reprendre le travail le lendemain malgré une nuit blanche constellée de chansons à boire et de bruit de déjections sauvages sur les trottoirs.
J'en arrive à me dire qu'il faudrait vérifier les identités des touristes à l'entrée de toutes les zones dites touristiques. Si un touriste ne se comporte pas correctement, on devrait pouvoir envoyer des équipes d'importuns quelques jours chez lui pour lui faire les pieds. Vous allez me dire que je ne suis pas charitable. Mais ai-je dit une seule fois que j'étais charitable ? Et ce n'est pas vous qui habitez dans une zone touristique !