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Bertrand Delanoë est content. Une fois de plus, il a réussi à provoquer une belle pagaille à Paris. En effet, depuis ce matin, les quais de la rive gauche sont interdits aux voitures. Il faut, pour être honnête, signaler qu'il n'y a pas plus de transports en commun qu'hier et que c'est une belle pagaille.
Rendre les quais aux piétons, c'est bien. Encore faut-il que les parisiens et tous ceux qui sont contraints de prendre une voiture dans Paris puissent trouver un moyen de transport de substitution, ce qui n'est pas le cas. Encore, lorsqu'on reste dans Paris intra muros, c'est faisable. Mais dès qu'on est obligé d'aller en proche banlieue, ce n'est plus la même chose. Aller à Meudon ou à Vélizy relève la plupart du temps de la gageure. Pourtant, ces deux communes ne sont qu'à un jet de pierre des portes de Paris.
Il faudrait une bonne fois pour toute que notre cher édile comprenne que le parisien n'est pas un masochiste qui s'ignore et prend sa voiture pour l'insigne plaisir de passer deux ou trois heures dans les embouteillages. Le parisien qui prend sa voiture tous les jours pour aller travailler ne la prend que par obligation. Entraver la circulation ne conduira pas à une baisse conséquente de la circulation, simplement à une hausse des embouteillagese et de la pollution. C'est donc un immense progrès.
Les statistiques de la mairie sont pourtant formelles. En deux mandatures, 30% de véhicules en moins dans Paris. Mais combien d'embouteillages en plus ? Ces chiffres ne sont pas publics. Je vais pourtant en parler. L'an passé, il fallait quelques minutes pour passer la place de la République, même aux heures de pointe. Aujourd'hui, je défie quiconque de le faire en moins de vingt minutes. Et encore, c'est sans compter la mise à double sens du boulevard Saint-Martin et la voie unique du boulevard Magenta faites toutes deux pour fluidifier le trafic. Et la pollution n'a pas augmenté. Pas du tout. En moins d'un an, le premier étage de mon immeuble est devenu noir, les automobilistes coupant par les petites rues pour éviter le merdier — il n'y a pas d'autre mot — de la place de la République. Même les bus de la RATP comme le 65 coupent actuellement en passant devant mes fenêtres !
Combattre la circulation automobile sans donner aux gens les moyens de se passer de leur voiture est une politique vouée à l'échec. Les transports en commun existants sont saturés et les nouveaux peinent à voir le jour parce qu'il est beaucoup plus intéressant pour une municipalité de banlieue de vendre des terrains à des promoteurs immobilier que d'acheter des terrains en vue de construire une nouvelle ligne de RER.
Si vous voulez que Paris soit une ville uniquement touristique, vidée de ses habitants qui n'auront plus les moyens d'y vivre — que ce soit en raison des prix de l'immobilier ou des contraintes de circulation —, continuez comme cela, vous êtes sur la bonne voie. Et dire que vous vous targuez d'être socialistes et écologiques. Votre chance est que vos électeurs ne sont pas ceux qui sont coincés tous les jours dans les embouteillages que vous avez propoqués. À votre place, j'aurais honte.