« Habemus papam | Mon métier, ce n'est pas nounou ! » |
Il neige et il gèle depuis dimanche soir. Quoi de plus normal même si nous approchons à grands pas de la fin de l'hiver. Comme à leur habitude, la RATP, la SNCF et plus généralement les services de l'état le découvrent avec horreur. Ce n'était pas comme si la nature ne leur jouait pas ce sale tour régulièrement. Peut-être pensent-ils qu'avec le réchauffement climatique, il ne sert à rien d'investir.
Résumons-nous. Il est tombé dix petits centimètres de neige à Paris intra muros et en proche banlieue. Je ne suis pas allé voir plus loin ce qu'il en était. Pas de quoi paralyser une région normale. Or depuis hier, il est quasiment impossible de se déplacer. Ce matin, j'ai même entendu sur France Inter un ministre que je ne citerai pas — ce serait lui donner une importance qu'il n'a pas et lui faire trop d'honneur — signaler que, s'il était difficile de se déplacer, c'était parce que les français ne chaussaient pas de pneumatiques dit neige en hiver. Tu parles.
Je viens d'une région où l'on est habitué aux intempéries hivernales. Chez nous, on dit qu'il neige et on passe à autre chose. En hiver, c'est plutôt normal. Les services de l'état et les communes font le nécessaire et, même lors de l'hiver 1986 où il y avait fin février dans notre jardin 1,20 m de neige, la région n'était pas bloquée. En ville, les habitants allaient travailler à ski de fond, mais les déplacements étaient tout à fait possible. Ils étaient juste un peu plus longs.
En région parisienne, c'est un peu différent. On regarde tomber la neige et le désespoir aux dires d'une vieille chanson d'Adamo. Lorsqu'on a un peu de chance, on voit passer une saleuse. Du sable ? Des chasse-neige ? Aucun. De mon bureau, je vois d'un côté l'A1 et d'un autre l'A86. Aucun engin n'est passé hier sur ces deux autoroutes parce que les services de l'état ont attendu la formation des premiers embouteillages pour décider de faire quelque chose. C'était trop tard, les véhicules de l'équipement ne pouvaient plus passer. Et comme l'automobiliste parisien n'a vraiment pas l'habitude de rouler sur une route gelée, la panique était totale jusqu'à tard dans la nuit.
Parlons aussi des transports en commun. Ce matin, gare du nord, j'ai compté un RER sur les deux lignes B et D en une demi heure. Naturellement, c'était aux heures dites de pointe. Le STIF découvrait que la glace peut entraver le bon fonctionnement des aiguillages. Pourquoi ne pas faire comme dans l'est de la France ? Les aiguillages sont chauffés en période de gel par des becs de gaz pour qu'ils puissent fonctionner normalement. Pourquoi ne pas faire cela en région parisienne pour éviter de bloquer tous les usagers des transports en commun ? Ce n'est pas comme si cela n'arrivait pas régulièrement. Combien de jours de travail perdus en raison de ce qu'il faut bien appeler une négligence coupable ? Combien d'accidents parce qu'aucun des quais d'aucune gare que j'ai eu l'occasion d'emprunter n'était déneigé ? Il n'y a certainement pas de statistiques.
Quant aux boulevards parisiens, mieux vaut ne pas en parler. Les températures étaient négatives depuis quarante-huit heures. La neige, poudreuse à souhait, qui est tombée a été damée par les véhicules jusqu'à se transformer ce matin en une couche de glace bien épaisse. Même chose sur les trottoirs où personne ne dégage, ce qui est presque un moindre mal, ce matin, j'ai vu une concierge dégager la porte de son immeuble à grands coups d'eau chaude ! Qui est alors responsable des accidents ? La ville ? Les syndicats de copropriété ? Le mauvais temps ?
Mais, automobilistes mes frères, chaussez des pneus hiver et vous pourrez rouler en toute sécurité. Un ministre l'a dit, c'est donc vrai. Ces pneus sont totalement inefficace sur la couche de glace que nous avons actuellement. Il faudrait au moins des chaînes. Pire, ce n'est pas à l'usager contraint et forcé du réseau routier d'obvier par des moyens dérisoires aux carences de l'état et à sa désorganisation. Ne pas pouvoir se déplacer en région parisienne dès que le sol est légèrement blanchâtre n'est pas une fatalité. Ce n'est que la conséquence d'une défection chronique de tous les services de l'état. Et prétendre qu'en Allemagne ou en Suisse, cela se passe mieux parce que les gens chaussent des pneus hiver est une contre-vérité qui permet de s'affranchir à peu de frais de sa responsabilité propre en la rejetant sur la fatalité et sur l'individu. Cela se passe mieux parce que les services allemands ou helvètes n'attendent pas qu'il y ait cinq centimètres de neige sur une route pour intervenir avec le matériel idoine.
Mais durant ce temps, que fait la mairie de Paris ? Elle communique. Et croyez-vous qu'elle communique sur ce qu'elle fait pour dégager les grands boulevards, seule chose susceptible d'intéresser actuellement le parisien ? Que nenni, elle communique pour faire savoir à tout le monde qu'elle va débaptiser des squares, des rues et des avenues qui portent des noms d'hommes pour avoir la parité dans les toponymes. Et pas quelques uns, il s'agit de vingt-cinq pourcents ! Mon cher Delanoë, tu es tombé encore plus bas que je ne l'aurai jamais cru possible. La parité, ce n'est pas cela. Si tu voulais réellement la parité, tu commencerais par remplacer une partie des gérontes qui peuplent le conseil de Paris pour mettre à leurs places des femmes. Débaptiser des noms de rues est du plus beau ridicule. Mais il est vrai que pendant qu'on parle de cela, on ne s'occupe pas des choses qui fâchent comme de la circulation dans Paris. Sois sans crainte, demain les températures vont remonter et le bordel généralisé qui tient lieu de circulation depuis lundi matin sera vite oublié.