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Il y a longtemps que cela nous pendait au nez, cette fois, c'est la bonne. Hewlett-Packard a annoncé hier, 10 juin 2013, la fin d'OpenVMS. J'espère que, de là où ils sont, messieurs Hewlett et Packard ne voient pas ce qui se trame.
Après avoir depuis les années 1990 renoncé à la fabrication d'appareils de mesure, de calculatrices de poche fiables — ma 28S fonctionne toujours après vingt-quatre ans de bons et loyaux services alors que mes deux 48 ont rendu l'âme sur des problèmes de clavier et que les plus récentes sont ouvertement en plastique toc —, après avoir sabordé l'architecture HPPA et tué l'Alpha sans aucune raison valable si ce n'est de les avoir remplacés par l'aberration technique qu'est l'Itanium, voilà que HP s'attaque au fer de lance de ses systèmes d'exploitation. Vous me direz qu'il y a eu des développements du côté de HP-UX. Oui, mais simplement parce que HP-UX était en concurrence frontale avec Linux et qu'il fallait bien faire quelque chose. Mais la mort de HP-UX n'est qu'une question de mois.
Outre HP-UX, Hewlett-Packard développe, ou devrais-je dire développait, Non Stop et OpenVMS. Je n'ai jamais touché Non Stop, en revanche, j'ai eu l'occasion de pratiquer et d'administrer OpenVMS. Il me reste même un AlphaServer 800 chez moi, ma PWS500 étant maintenant au paradis des calculateurs. À bien des points de vue, ce système d'exploitation était un chef d'œuvre. Stable, solide, sécurisé, logique, sachant se faire oublier, tout ce qu'on attend d'un système d'exploitation. Mais aujourd'hui, j'admets qu'il est un peu vieillot. Pourquoi vieillot ? Parce que depuis le rachat de DEC par Compaq puis celui de Compaq par HP, rien n'a été fait pour promouvoir ce système et le faire vivre. HP a préféré vivre sur les licences du parc installé en se moquant ouvertement de ses clients dont j'étais. Depuis 2009, le développement étant devenu trop cher, il a été envoyé en Inde avec les fabuleux résultats que l'on a pu voir, comme OpenVMS 8.4 sur Alpha tout juste installé dont le SSHD.EXE provoque une violation d'accès lors d'une connexion entrante (et dont la correction tant qu'à faire nécessitait un contrat de support) ou dont le support de la carte graphique de la console est aléatoire, empêchant par là toute mise à jour de licence dès lors que la licence Motif a expiré. Des logiciels non testés envoyés dans la nature, sans aucun doute du grand art et tout ce qu'il faut pour fusiller un produit.
Je ne pleurerai pas sur HP-UX lorsqu'il tombera dans les oubliettes de l'histoire tant ce système est mauvais et ne tient pas la comparaison face à un autre Unix, au hasard Solaris voire Linux. En revanche OpenVMS était un cran au dessus avant que HP ne l'accapare pour le tuer. Si dans le monde Unix, il est facile de trouver des volontaires pour développer un système d'exploitation à la mode Unix, il est très difficile de faire la même chose sous OpenVMS. Les utilisateurs ne sont pas des bidouilleurs, sont en moyenne plus âgés (on n'arrive pas dans le monde VMS aujourd'hui dans son premier boulot) et ont moins de temps à consacrer à l'écriture d'un système d'exploitation. FreeVMS est pour ces raisons encore dans les limbes et risque fort de le rester longtemps.
La question est maintenant de savoir vers quoi vont être portés toutes les applications écrites depuis trente-cinq ans et utilisant des possibilités qui n'existent pas dans le monde Unix. HP n'en a cure et cette entreprise montre une fois de plus que l'utilisateur n'est pas son principal souci. En revanche, le consommateur l'est. On ne devrait jamais faire confiance à un marchand de soupe, pardon à un vendeur d'encre, surtout lorsque l'on veut faire un travail sérieux.
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