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Les limites de la démocratie

12.06.13 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Depuis l'affaire Clément Méric, je m'interroge sur les limites de la démocratie. Donner le pouvoir au peuple est certes louable, mais l'hypothèse sous-jacente qui n'est que rarement évoquée est que ce peuble va déléguer ce pouvoir à des hommes dont les actions seront bénéfiques au bien commun. Or jamais n'est évoqué dans nos démocraties le fait que la somme des intérêts particuliers ne recouvre que rarement l'intérêt général.

Nous en avons encore eu un exemple criant ce matin.

En effet, Jean-Marc Ayrault vient de lancer les procédures de dissolution des groupuscules d'extrême droite nationaliste responsables de la mort de Clément Méric. En même temps, il vient de gagner six points dans les sondages. Comme la semaine passée n'ont été médiatisées que l'augmentation des impôts sur le revenu par la modification du quotient familial et cette douloureuse affaire, il est assez facile de déduire qu'une bonne partie de cette embellie est due à sa prise de position contre l'extrême droite nationaliste en général et le groupe de Serge Ayoub en particulier.

Or l'immense majorité des électeurs a peur de la peste brune et est intimement convaincue que la violence de l'extrême droite nationaliste est dangereuse alors que celle d'extrême gauche trouve sa justification dans celle de l'autre camp et, qu'une fois l'extrême droite fascisante rentrée dans le rang, la violence d'extrême gauche s'éteindra d'elle-même. C'est un peu simpliste et très mal connaître cette mouvance. Mais comme des spécialistes auto-proclamés de ces deux extrêmes en ont parlé dans le poste, cela doit être vrai. En d'autres termes, l'électeur voulait entendre que soient demandées les dissolutions des groupuscules d'extrême droite nationaliste. On les lui a données sur un plateau. Comme l'électeur est instinctif, il a trouvé cela très bien, même s'il n'y avait aucune raison de ne pas dissoudre aussi les groupuscules violents de l'autre bord, même si cela était totalement contre-productif. En effet, les groupes en question ont déjà annoncé qu'ils renaîtraient sous un autre nom. Ce sont les services de renseignement qui vont être contents puisqu'ils vont devoir refaire un travail déjà fait et sabordé par le gouvernement.

L'information parcélaire donnée par des media qui vont de plus en plus à la facilité n'aide pas à éduquer l'électeur. Une information, aujourd'hui, est aussi vite annoncée qu'elle est oubliée. Les enquêtes poussées permettant une information réelle n'existent plus et sont remplacées par des reportages vite consommés qui n'apportent pas l'éclairage nécessaire au citoyen. Comme en même temps le temps électoral a été raccourci passant du septennat au quinquennat, nous sommes en perpétuelle campagne électorale et la politique ne se fait plus qu'en fonction des sondages d'opinion. Ainsi, en ajoutant à la dictature des sondages d'opinion la mauvaise information du citoyen donc de l'électeur, nous obtenons la situation délétère que nous vivons depuis quelques années. Quelles que soient les décisions à prendre, seules celles qui froisseront le moins la majorité des électeurs seront prises. L'exécutif ne cherche plus à savoir si une décision est bonne ou mauvaise à long terme, mais si elle permet à sa cote de confiance de monter dans le prochain sondage. Son horizon est celui de la semaine, au mieux, celui de la prochaine élection, même si cette élection n'a rien à voir avec les décisions prises. Il cherche à flatter tous les intérêts particuliers des électeurs et refuse de s'attaquer à un problème d'intérêt général dès lors que celui-ci contrarie les intérêts particuliers de ses électeurs. La future réforme des retraites risque fort d'être bien en-deça de ce qu'il faudrait faire en raison du conflit latent entre intérêts général et particuliers. À l'heure où il faudrait mettre tout le monde autour d'une table pour enfin réformer durablement notre système des retraites, chaque syndicat commence à tirer la couverture à lui. Le gouvernement ne fera donc rien contre les régimes spéciaux dont une grande partie est indue, ne s'attaquera pas au problème des retraites dans la fonction publique ou au cas des multipensionnés, ne réformera pas le statut de la retraite des professions libérales ou des artisants qui ne descendront pas dans les rues. En revanche, si la CGT cheminot commence à manifester, il est fort possible que le gouvernement la satisfasse au moins en partie quitte à pour cela ponctionner d'autres travailleurs un peu plus pour peu qu'ils soient minoritaires.

Le principe même des élections rapprochées est donc mauvais et nuisible à la démocratie. Si l'on excepte la solution ultime du despotisme éclairé, ne restent plus que deux solutions. Redonner du temps pour avoir une réelle respiration démocratique en empêchant à un élu de faire deux mandats consécutifs, ce qui nous permettrait de sortir de la dictature des sondages conduisant à traiter les affaires du pays à l'affect, ou tout simplement tirer au sort nos représentants, ce qui au vu de la capacité d'analyse de certains ne serait pas forcément un mal.

 

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