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RATP

02.07.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Entre deux grèves soi-disant pour garantir l'avenir du système de retraites et non les privilèges de certains, j'ai réussi à prendre le métro parisien, ligne 9, de la station Oberkampf à Marcel Sembat. Trente minutes de sauna pour le prix d'une baguette de pain, c'est vraiment donné. J'en étais là de mes réflexions sur l'absence de climatisation dans le métro et les chaleurs extérieures caniculaires lorsqu'au sortir de la rame, à Marcel Sembat, je suis tombé sur un automate de la RATP.

Je ne sais pas si vous le savez, mais le ticket de métro à une nette tendance à disparaître au profit d'un bout de plastique à puce. Encore un coup des écologistes qui partent du principe que le ticket de métro conduit à la déforestation et que l'impact sur la planète du bout de plastique plein de puces et fabriqué à grands coups de pétrochimie verte est négligeable. Il y a encore quelque temps, le quidam faisait la queue à la fin du mois au guichet pour acheter un coupon, aujourd'hui, il fait la queue à la borne automatique pour recharger son bout de plastique. Personnellement, cela ne me concerne pas, j'ai opté il y a quinze ans pour une carte intégrale correspondant à un abonnement annuel. Ma misanthropie coutumière m'interdit en effet de partager une queue avec mes frères humains.

Je disais donc avant d'être interrompu par moi-même que je suis tombé sur un automate de la RAPT dont le but premier est de permettre au quidam moyen de recharger son bout de plastique. À la place de l'écran habituel se trouve une console Linux du plus bel effet avec une erreur du système de fichier ext3. Pourquoi n'avais-je pas un appareil photo pour immortaliser la scène ? Le noir profond est tellement beau, l'erreur du système de fichiers est tellement plus poétique qu'une erreur de l'inénarrable Windows sous fond d'écran bleu et de codes parfaitement abscons. Il faut dire aussi que c'est beaucoup plus rare, un automate fonctionnant sous Linux n'ayant que peu de chance d'exploser dès que quelqu'un éternue devant lui.

Je n'ai à ce jour vu qu'une seule borne de la RATP plantée et ce dysfonctionnement n'est dû qu'à un disque dur défectueux. En revanche, je ne compte plus les guichets automatiques de banques ou les bornes Vélib ou Dagobert de la SNCF en carafe pour des raisons purement logicielles. J'ai même réussi un jour l'exploit consistant à faire redémarrer le guichet automatique de banque de la Société Générale de la rue de Rennes à Paris, au coin de la rue Littré, simplement en y introduisant ma carte bleue Visa tout ce qu'il y a de plus bête. Cette carte n'avait rien de particulier si ce n'est qu'elle n'émanait pas de la Société Générale. J'ai pu à ce titre admirer un redémarrage complet de l'automate fonctionnant sous Windows 2000 Professionnel. Je n'arrive pas à imaginer qu'une banque sérieuse se permette de gérer des terminaux sous un système d'exploitation aussi sensible. Que ce serait-il passé si la chose en question avait décidé de partir en vacances illimitées en plein milieu de la transaction ? Existe-t-il un système de COMMIT et ROLLBACK ? À qui parler lorsque la machine fait n'importe quoi en dehors des heures dites chrétiennes des jours ouvrables ? L'automate n'a qu'un seul avantage : renvoyer tous les dysfonctionnements d'un organisme (ici une banque) sur l'informatique qui, après tout, ne fait que ce qu'on lui demande de faire. À ma connaissance, l'outil informatique n'est pas encore doté de conscience et ne peut me haïr au point de planter rien qu'en me voyant arriver à sa portée. Je ne suis d'ailleurs pas assez paranoïaque pour le croire.

Nous voyons donc que nous vivons une époque moderne et que le progrès fait sans conteste rage.

 

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