« Python ou l'exemple à ne pas suivre. | Le coup de l'amendement Delalande » |
Vous devez vous en souvenir, notre ancien président de la république omnipotent avait voulu pour qu'il y ait un peu plus de saine concurrence qu'un quatrième opérateur de téléphonie mobile arrive en France. Et ce fut Free pour notre plus grand malheur.
J'écris bien pour notre plus grand malheur parce qu'il faudrait bien comprendre une fois pour toute que toutes que cette pléthore de communications a un coup qui dépasse le prix indiqué par Free. Pourquoi ? Tout simplement parce que les réseaux arrivent à peine à être rentables en raison de l'avancée à marche forcée d'une technologie pas toujours voulue pour ne pas dire subie et que les différentes boutiques des trois opérateurs historiques peinaient déjà à s'autofinancer.
En effet, si le téléphone cellulaire a émergé en raison d'un besoin, celui de pouvoir être appelé à un numéro précis en étant en déplacement, ce sont les opérateurs téléphoniques qui ont créé des besoins de toute pièce avec l'imposition de la 2G+, 3G, 3G+ et maintement, de la 4G. L'offre créant le besoin, tous les jeunes se sont rués sur des nouveaux équipements qu'on aurait pu oublier. Pour un professionnel en déplacement, accéder en ssh à un serveur informatique ou à sa messagerie électronique est intéressant. Mais accéder à tronche-livre ou à cuicui depuis les couloirs du métro ne me semble pas être une avancée notable ou majeure. Sans doute mon côté vieux con.
J'en étais là de mes réflexions sur l'avenir des opérateurs téléphoniques en France lorsque je suis tombé cette semaine sur une information qui est passée presque inaperçue. Il y a quelques jours, Jean-Yves Charlier, actuel PDG de SFR, déclarait dans la presse que l'avenir était à la mutualisation des réseaux : SFR-Bouygues d'un côté, Orange-Free de l'autre. Emporté par le mouvement, il a même ajouté que « la mutualisation avec Bouygues serait un accord historique qui permettrait d'économiser plusieurs centaines de millions d'euros d'ici à 2020 ». De plus, elle « donnera une meilleure couverture qu'aujourd'hui, aussi bonne que celle d'Orange ».
Là, je reste songeur. Il y a un peu plus de quinze ans, je travaillais à la direction technique de la SFR. À cette époque, c'était Bouygues qui était demandeur et SFR a refusé son offre. Autres temps, autres mœurs.
En lisant entre les lignes, on comprend aussi que la couverture du réseau SFR est lacunaire malgré ce que l'opérateur cherche à faire accroire.
Juste après cette saillie on apprenait que le ministère de l’Économie et des Finances et l’Arcep incitent Free et Orange à signer un accord de mutualisation de leur réseau. Un observateur du journal Les Échos indique qu'« avec quatre opérateurs, l’industrie va mal, [et qu'] il faut donc consolider le marché. La mutualisation est le seul moyen d’y arriver sans braquer l’Autorité de la concurrence ».
Consolider le marché. Il fallait peut-être consolider le marché avant d'introduire un quatrième larron dans le jeu. En attendant, la consolidation se fait sur le dos des boutiques franchisées et les réseaux se font la guerre en attendant de savoir qui va manger l'autre. Et chacun y va de sa petite annonce. Bouygues clame que 63 % de la population sera couverte par sa 4G dès le 1er octobre. Attentons pour voir, c'est dans deux jours. De son côté, SFR affirme son antériorité sur le marché. L'opérateur a effectivement été le premier à proposer des offres 4G aux particuliers et aux entreprises, ce qui est très bien, mais on ne sait toujours pas à quoi sert la 4G. Quant à Orange, l'opérateur fanfaronne en clamant qu'il propose la meilleure couverture 4G de France et a poussé le vice jusqu'à développer un site internet dédié pour l'affirmer encore plus fort.
Et au milieu de ces grandes manœuvres, le cabinet Deloitte dévoile une étude qui prétend que près de 60% des Français ne sont pas intéressés par le réseau 4G.
On les comprend.