« Nouvelles idées et pause fiscale | Python ou l'exemple à ne pas suivre. » |
Si nous avons les hommes et femmes politiques que nous méritons, il faut bien constater que nous ne sommes pas très méritants. Nous avons actuellement au gouvernement une brochette qui ne brille que par son incompétence, une équipe dont certains membres pétris d'idéologie crasse n'ont d'une part aucune légitimité électorale et d'autre part même pas le début de culture nécessaire à la plus petite compréhension d'un problème qui dépasse la liste de courses.
Je vais ici parler du cas Duflot.
Vous souvenez-vous ? Il y a deux ans, Cécile Duflot déclarait crânement à propos du risque de radiations issues de la centrale de Fukushima :
On ne peut pas le savoir aujourd’hui. La probabilité en France métropolitaine est faible mais on ne peut jamais savoir avec certitude. La météorologie fait que cet accident étant survenu dans l’hémisphère sud, a priori le système de vents reste dans l’hémisphère sud, mais on ne peut pas en être certain.
Vous aviez oublié ? Pas moi. Le français a décidément la mémoire courte. Il a sans doute aussi oublié sa complainte sur l'air de « j'ai glissé sur une peau de banane dans un couloir du métro ». Que les couloirs du métropolitains soient sales, c'est une information, un fait qui doit permettre à la RATP de modifier ses habitudes de nettoyage ou d'entreprendre la chasse aux indélicats. Que Cécile Duflot glisse sur une peau de banane n'est pas une information. En faire état est même pathétique.
Mais revenons à ses connaissances géographiques. Ce n'est à l'évidence pas un lapsus puisque son explication enfonce le clou. Elle place bien le Japon dans l'hémisphère sud, sans doute à la place de la Nouvelle-Zélande. Pour quelqu'un qui a eu un DEA de géographie, c'est assez navrant. Vous me direz que la géographie, c'est autre chose que la liste des départements avec les préfectures et les sous-préfectures et vous aurez raison. Mais de là à ne pas savoir placer le Japon sur une carte… Soit Cécile Duflot a eu son diplôme en cadeau dans un paquet Bonux, soit l'université qui le lui a donné ne l'a fait que pour se séparer d'une agitatrice incontrôlable, soit encore le niveau a tellement baissé qu'un DEA de géographie peut maintenant être donné à tout le monde. Rayons le troisième cas, il paraît que le niveau ne baisse pas. Les gouvernements successifs l'affirment haut et fort.
Le parti politique dont est issue Cécile Duflot, Europe-Écologie-les-Verts, représente grossièrement 2% des votes aux dernières élections présidentielles. Mais à la suite d'un accord que je qualifierais sans vergogne de honteux pour la démocratie, ce parti s'est vu attribué un certain nombre de sièges au gouvernement. Et parmi ces sièges, nous avons la joie de subir l'inénarrable Cécile Duflot, ses caprices et sa compréhension lacunaire de l'économie.
Le gouvernement actuel préfère une répartition égalitaire de la misère à une répartition inégalitaire de la richesse. Nous le savions déjà puisque depuis Mitterrand qui nous a bien fait plonger entre 1981 et 1983 rien n'a vraiment changé à gauche. Mais le programme de Cécile Duflot dépasse de loin tout ce qu'un socialiste français peut espérer dans ses rêves les plus fous. Il faut dire que Cécile Duflot est en charge du logement et qu'il est urgent de faire quelque chose.
Il manque en effet des centaines de milliers de logements en France. L'état, vu ses finances catastrophiques, ne pourra jamais construire ces logements et il est nécessaire de faire croître le parc locatif privé puisqu'une bonne partie de la population ne pourra jamais accéder ni à la propriété ni aux HLM.
Et que fait-elle ? Elle veut imposer par la loi l'encadrement des loyers, l'obligation de prendre une assurance pour loyers impayés et, cerise sur le gâteau, l'impossibilité d'expulser un locataire indélicat dès lors qu'une personne de plus de soixante-cinq ans habite l'appartement, que cette personne figure ou non sur le bail. Je ne sais pas pourquoi, mais les mauvais payeurs risquent fort de vivre avec leur grand'mère assez rapidement.
En d'autres termes, le locataire est toujours plus protégé face à des propriétaires dont le seul but, au moins pour Cécile Duflot, est de faire expulser les locataires. Pourtant, si la fameuse assurance obligatoire ne représente que 2% des loyers, c'est qu'il n'y a actuellement que 2% de loyers impayés. Les propriétaires font donc bien leur travail et ne cherchent pas à expulser plus de 2% des locataires. Offrir une telle garantie ne pourra que faire augmenter mécaniquement le nombre des impayés.
Mais ce n'est pas tout. Pour louer un appartement, il faut l'entretenir malgré les locataires indélicats, payer une assurance (optionnelle, mais recommandée, on ne sait jamais si son locataire possède une police valable une fois qu'il a intégré les locaux), payer les taxes foncières, taxes d'habitation pour local vide le cas échéant, les charges de copropriété incombant au propriétaire, les impôts sur le revenu, les CSG et CRDS, sans oublier l'ISF et l'impôt sur la plus-value, tout ce petit monde étant en constante augmentation. Le rendement locatif étant à la baisse en raison de toutes ces augmentations, les risques pour le propriétaire toujours plus grands, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que bon nombre de propriétaires laisseront plus volontiers leurs appartements vides que sur le marché locatif. Pire, ils pourraient les vendre à des gens encore capables de les acheter, tarissant du même coup l'offre locative pour les plus modestes.
La loi Duflot est ainsi une aberration idéologique contre-productive. Sous prétexte de taper sur les propriétaires — parce que c'est exactement ce qu'elle fait, elle ne s'en cache même pas —, elle ne va conduire qu'à un éclatement du marché de l'immobilier entre ceux qui pourront se loger parce qu'ils en auront encore les moyens et les classes populaires qui ne trouveront plus rien faute d'offre à leur mesure. Et la demande étant alors excessive par rapport à l'offre, je vous laisse entrevoir ce qui se passera.
Les effets commencent déjà par se faire sentir. Une étude du réseau d'agences Century 21 montre qu'au troisième trimestre 2013, l'achat de logements anciens par des particuliers qui veulent les louer a reculé de 5,8% sur un an. Cette baisse sensible confirme une tendance de fond constatée depuis la seconde partie de l'année 2012. Dans l'absolu, cela fait 81000 logements anciens qui n'ont pas été achetés tout en sortant du marché locatif. À Paris et en région parisienne, ces chiffres sont alarmistes car la part des investisseurs locatifs sur un marché déjà tendu a chuté en moyenne de 11%. Dans les départements de la petite couronne, les propriétaires en fin de bail cherchent à vendre plutôt qu'à trouver un nouveau locataire aux conditions actuelles. Dans l'Essonne, le plongeon de l'investissement locatif sur la même période est de 29,8%, 14,5% dans les Yvelines. Une partie de ces investisseurs étaient des cadres supérieurs (pour défiscaliser) et des professions libérales (pour préparer leur retraite car les professions libérales ne peuvent pas compter sur leurs cotisations pour avoir ne serait-ce qu'une retraite décente). Leur part s'est effondrée de 46%, une partie se tournant vers l'immobilier d'entreprise qui a augmenté dans la capitale sur la même période de près de 20%.
Le marché locatif déjà en proie à une pénurie risque de s'assécher totalement et d'amplifier la crise à venir. Les cinq cent mille logements promis par le gouvernement ne pourront être constuits faute de moyens et il est impossible d'éviter une grave crise du logement sans le parc locatif privé. Pourquoi vouloir à tout prix se l'aliéner ?
Nous venons à peine de digérer les inepties de la loi de 1948 et de son encadrement des loyers. Pourquoi vouloir à tout prix en remettre une couche ? Cécile Duflot n'aura rien appris du passé. Pour quelqu'un qui situe le Japon dans l'hémisphère sud, le contraire eut été étonnant.