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Dominique Bertinotti a dévoilé avoir subi un cancer du sein. Au risque de me faire des ennemis, je trouve cette annonce indécente. Je trouve sa récupération politique indécente, tout comme je trouve indécente de la balancer à la figure des malades.
En effet, si Dominique Bertinotti a eu la chance d'avoir un cancer peu agressif, toutes les personnes atteintes ne peuvent pas en dire autant. Une chimiothérapie médiane demande plusieurs jours d'hospitalisation avec des effets secondaires loin d'être négligeables (fatigue, vomissements, la perte des cheveux n'étant qu'anecdotique…). Quant aux radiothérapies, mieux vaut-il ne pas en parler. Il est illusoire de pouvoir subir un tel traitement dans le dos de son employeur, comme il est souvent impensable de continuer à travailler durant ce traitement.
Un malade ne demande qu'une seule chose. Que son corps accepte tous ces traitements sans lâcher. Il n'en est souvent plus à savoir s'il peut continuer à travailler, la question ne se pose même plus pour lui. En revanche, la question qui se pose est d'ordre financière. S'il était salarié, tout n'est pas perdu parce qu'il a très souvent une assurance prévoyance. En revanche, rien n'est fait pour les travailleurs non salariés qui se retrouvent alors sans aucune ressource.
Le vrai combat n'est donc pas de dire que l'on peut continuer à travailler malgré un cancer. C'est assez facile dans le cas d'un cancer bénin. Le vrai combat, c'est de ne pas laisser les malades qui ne peuvent plus travailler sur le bord de la route dans ce cas.
À titre personnel, j'ai vu un certain nombre de malades de cancers un peu agressifs. Ces gens terminent sous morphine et seraient totalement incapables de travailler. Je ne souhaite pas au ministre une rechute — personne ne mérite de tels problèmes de santé —, mais si sa maladie avait été un peu plus sérieuse, sans doute aurait-elle réagi différemment.