« Madame Doubtfire | En France, tout traîne sauf les conneries ! » |
Selon un sondage CSA pour BFMTV, deux français sur trois s'opposent à la condamnation des clients de la prostitution. Je parle ici de la prostitution et non des prostituées, parce si lors des débats il a toujours été question des prostituées, il ne faudrait surtout pas oublier qu'il y a aussi des prostitués.
Il faut noter que ces opposants ne sont pas statistiquement typiques des clients de la prostitution puisqu'il ressort de ce sondage que 79% des hommes et 58% des femmes interrogés s'y opposent.
Ce sondage a été publié vendredi dernier alors qu'une proposition de loi était examinée à l'assemblée nationale. Cette proposition contient un article permettant de punir l'achat d'actes sexuels d'une amende de 1500 €, amende passant à 3750 € en cas de récidive. Elle contient aussi un système permettant l'octroi d'une indemnité et d'un titre de séjour ouvrant droit au travail pour les prostitués voulant sortir de la prostitution. Mon esprit chagrin me signale que ce dernier point est pervers puisqu'il pourrait tout à fait créer un appel d'air utilisé par les groupes mafieux. Je dois voir le mal partout.
Je suis consterné par le fait que l'article phare de cette proposition a été adopté par un hémicycle aux rangs clairsemés. Le Parisien nous apprend en effet qu'il n'y avait qu'une petite trentaine de députés présents et que le vote a été fait à mains levées alors que des associations de prostitués manifestaient à l'extérieur du bâtiment.
Pourtant, les spécialistes de la prostitution estiment tous que cela ne servira en rien à lutter contre la prostitution, le proxénétisme et les diverses mafias. Nous avons donc un texte de loi qui va certainement faire la navette jusqu'au sénat, texte de loi qui institue un grand machin ingérable, que personne ne réclame, qui ne sert à rien s'il n'est pas simplemet contre-productif, qui coûtera une fortune pour le faire fonctionner efficacement et qui, surtout, est imposé malgré la réprobation générale.
L'assemblée nationale n'a rien d'autre à faire actuellement. L'économie va mal et tout est fait pour la plomber encore un peu plus. Les chiffres du chômage, contrairement à ce qui a été dit, sont mauvais (beaucoup de chômeurs sont sortis mécaniquement de la catégorie A en passant en fin de droits, beaucoup d'autres en sont sortis parce qu'ils ont travaillé quelques heures le mois passé). L'emploi des cadres se casse la figure et les salaires sont de plus en plus bas. Les entreprises sont attentistes alors que ce sont les entreprises qui sont les seules à pouvoir faire baisser ces chiffres en embauchant.
Et pendant ce temps, que fait l'assemblée ? Elle s'occupe. Au lieu de mettre à plat le système fiscal, au lieu de réorganiser le service public pour le rendre une bonne fois pour toute efficace, elle s'est occupée durant plusieurs mois du mariage pour tous qui n'était vraiment pas une priorité vu l'état de la France. Aujourd'hui, elle s'occupe de la prostitution. Pauvre France !
Ce qui me fait vraiment peur, c'est la répartie de Najat Vallaud-Belkacem, ministre du droit des femmes, saluant « un débat qui fait honneur à notre démocratie » et « le travail des parlementaires de tous bords (avec une faute d'orthographe dans le communiqué) ». Elle persiste même en ajoutant « qu'ils le soutiennent ou qu'ils expriment des réserves, chacun a été pleinement concentré sur un objectif commun : répondre aux souffrances qu'expriment les personnes prostituées ». Notez bien le personnes prostitués, en lieu et place de prostituées. Najat Vallaud-Belkacem est ministre du droit des femmes, pas ministre de la santé ou de la justice, et il faudrait ne pas oublier que la prostitution n'est pas l'apanage des femmes, même si elles sont majoritaires. Faire porter une telle proposition par le ministre du droit des femmes est perturbant. C'est généreux, mais est-ce vraiment une urgence ?
Les spécialistes sont unanimes pour répondre par la négative. Les personnes prostituées ne demandaient rien. Sinon, leurs associations qui, elles au moins, savent à peu près de quoi elles parlent n'auraient pas manifesté contre cette proposition.
Mais la France est sauvée, elle lutte contre la prostitution. Il est vrai qu'il n'y a rien de plus urgent à faire aujourd'hui !