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J'utilise du matériel informatique. Du vrai, censé être fiable, pas du PC ou du Macintosh pas cher et jetable. Rectification, le Macintosh est cher et pourtant jetable.
J'ai retiré de production récemment une Sun Ultra1E de 1997, mais il me reste toujours une U2E tournant sous Solaris9 vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qui va aujourd'hui sur ses quinze ans de bons et loyaux services. Elle a d'origine 2 Go de mémoire et deux processeurs à 300 MHz. J'ai tout de même changé les disques d'origine pour qu'elle utilise deux disques de 300 Go en Raid1. On n'est jamais trop prudent.
Heureusement que j'avais cette machine sous la main puisque vendredi derner, dans la soirée, une de mes Sun T1000 a décidé de rendre l'âme sur un problème d'alimentation. Je précise que cette T1000 est branchée sur un secteur secouru et parfaitement ondulé à 230V, que l'onduleur produit une forme d'onde parfaitement sinusoïdale et que la température et l'humidité de la pièce blanche dans laquelle elle fonctionnait sont parfaitement régulées à 20°C et 40% d'humidité relative. Connectée directement sur le réseau électrique standard, je pense qu'elle aurait sauté bien avant.
Cette T1000 a moins de sept ans et son prix d'achat était de plus de dix mille euros hors taxe.
Ce qui est acceptable pour un vulgaire PC à moins de mille euros ne l'est pas pour une telle machine qui n'est pas exactement jetable. D'autant que l'on sait faire des choses fiables.
En effet, parmi mes machines bizarres mais assez rarement allumées, il me reste un lot de SparcStation 20 munies soit de deux SuperSparc 75 MHz ou d'HyperSparc 200 MHz en version double ou quadruple, une SparcStation 2 (de 1991) et une 5, une SparcStation IPX, une Ultra60, une Ultra420, quatre Blade2000 et un AlphaServer 800. En dehors d'une alimentation d'U60 qui a claqué mais il faut dire qu'elle avait été stressée par un réseau électrique perturbé à Brive-la-Gaillarde par de nombreux orages, aucune de ces machines n'a eu le moindre problème et elles fonctionnent toujours comme au premier jour. L'électronique peut donc être quelque chose de fiable, encore faut-il y mettre le prix et ne pas faire des économies de bouts de chandelles. Je passe naturellement mes Ultra5 qui sont vraiment légères d'un point de vue électronique et la qualité des mémoire d'origine Sun qui n'arrêtent pas de claquer depuis quelques années surtout dans les Ultra5, les Blade2000 et les T1000. Étrangement, en achetant des mémoires compatibles, je n'ai plus ce problème. Je ne crois pas trop aux coïncidences.
Force est de constater qu'à partir de 2005, si le prix des machines Sun n'a pas franchement baissé, leur qualité est devenue déplorable. Sun Microsystems a donc vécu depuis sur un malentendu. Si l'architecture Sparc est sans doute avec la POWER l'une des dernières architectures matérielles performantes et, n'ayons pas peur des mots, valables et propres depuis que l'Alpha a été fossoyé sans vergogne par Hewlett-Packard qui est en train de le payer très cher, le reste de l'électronique est particulièrement bâclé. Pourquoi donc acheter de telles machines beaucoup plus chères qu'un PC de base et tout autant jetables ? Aucune raison valable, tant financière que technique, ne le justifie.
Je ne sais pas ce que va devenir l'architecture Sparc. Je ne sais pas ce que va en faire Oracle, mais j'ai très peu d'illusions. Pourtant, les processeurs Sparc ont leurs épingles à tirer dans la bataille de la réduction de la consommation. Mes quatre antiques T1000 déploient cent douze fils d'exécution parallèles, sont chacunes munies de deux disques SAS et de 4 ou 8 Go de mémoire et sont connectées à une baie SunStorage de douze disques U320. Le tout consomme en pointe 4A sous 230V. Difficile de faire mieux, même avec des serveurs à base d'Intel Atom comme j'en ai vu récemment.