« Le snobisme du stylo(graphe) à plume | Un SMIC à 3350 € » |
Hier se tenaient les élections européennes. Pour confirmer les sondages d'opinions de ces dernières semaines, le Front National — mais pas encore socialiste malgré son programme politique, c'est déjà ça de pris ! — est arrivé loin devant les autres partis politiques. Je ne suis pas sûr qu'il faille s'en réjouir, mais il ne faut pas non plus dramatiser.
Dans ma circonscription, il n'y avait que trente-et-une listes. Cela ne fait pas beaucoup. Certaines de ces listes étaient folkloriques, surréalistes. D'autres n'avaient même pas cru bon de devoir imprimer des bulletins de vote. C'est dire leur audience.
Malgré cela, sur l'ensemble de la France, le FN est victorieux. Il est victorieux, mais avec un nombre de voix inférieur à son score des dernières présidentielles. Il est victorieux, mais avec deux électeurs sur trois qui se sont abstenus, préférant sans doute aller à la pêche. Lorsque l'on regarde les résultats de plus près, on se rend pourtant compte que si le taux d'absention est en baisse par rapport au dernier scrutin européen, il diminue plus fortement aux endroits où le FN a fait ses meilleurs scores.
Ainsi, ce n'est pas tant une percée des idées de la dynastie Le Pen qui ont gagné que les partis traditionnels qui ont essuyé une veste. Les électeurs du FN se sont plus mobilisé que les autres. Il n'y a donc pas 26 % de votes en faveur du FN, mais quelque chose qui doit tourner autour de 15 %. C'est déjà beaucoup.
Et que n'a-t-on pas entendu ce matin. Notre premier ministre, Manuel Valls, a cru bon déclarer qu'il fallait encore faire sortir plus de français de l'impôt sur le revenu. Il est évident qu'en donnant du pain et des jeux au bon peuple, celui-ci va à nouveau voter pour le Parti Socialiste. Personne n'a signalé qu'en dehors du mariage pour tous qui était une priorité nationale, aucune promesse de François Hollande n'a réellement été tenue jusqu'au bout. Et pour celles qui pourraient encore l'être à la fin de son mandat, force est de constater que s'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, la lenteur aura tout de même été de mise.
L'électorat FN est un ramassis de mécontents qui attendent l'homme ou, en l'occurrence, la femme providentielle. On trouve une partie de ces mécontents au FN, l'autre étant au Front de Gauche dont le programme politique, à y regarder de près, n'est pas si éloigné que cela de l'autre front. Et ces mécontents votent pour l'obstruction voire la destruction. Il faut dire à leur décharge que l'on ne parle d'Europe que trois semaines tous les cinq ans et qu'entre temps, on lui met toutes les turpitudes des gouvernements nationaux sur le dos en bouc émissaire idéal qu'elle est. Pire, on y recycle nos hommes et femmes politiques grillés sur les échiquiers nationaux. Comment dans une telle situation encore s'étonner du résultat ?
Aujourd'hui n'est pas un grand jour pour la construction européenne. Heureusement, l'ensemble des partis eurosceptiques ne forment pas une majorité. En revanche, leur pouvoir de nuisance est immense et je suis prêt à parier qu'ils utiliseront ce pouvoir non seulement pour bloquer toute réforme ou toute évolution, mais aussi pour tenter de démontrer que cette Europe ne peut pas fonctionner. De l'art et de la manière de mélanger les causes et les conséquences !
Mais tout n'est pas perdu pour autant, il est étonnant de constater que cette poussée des extrêmes nauséeux n'a pas vraiment eu lieu dans les pays les plus touchés par la crise. Elle n'est donc pas tant le résultat de la conjoncture que de la relation qu'ont les gouvernements nationaux à l'Europe.
Quant à moi, je note qu'en France, les fédéralistes du centre ont eu 10 % des votes exprimés.
Je ne résiste pas à l’idée d’évoquer ici un extrait de “la droite d’aujourd’hui", livre publié en 1979 par Jean-Pierre Apparu chez Albin Michel.
“En privilégiant, en favorisant par trop tous les faibles dans tous les domaines, on affaiblit le corps social en général. On fait exactement l’inverse de ce que font les éleveurs de chiens et de chevaux. Je ne suis pas hostile à ce que l’on soulage les malheurs, par exemple les handicapés, mais on aboutit maintenant presque à une promotion du handicapé. La politique qui fait que le bandit est mieux traité que le retraité va aboutir au fait que tout le monde voudra être bandit. On arrivera à un stade où, si le handicapé peut vivre assez librement et assez aisément toute sa vie, les gars essaieront d’être mutilés dès l’âge de dix-huit ans de façon à ne pas faire de service militaire, ne pas aller travailler. Un peuple qui prendra ces méthodes-là sera balayé par les barbares le jour où ils vont se mettre en route. Dans l’histoire des peuples, il y a toujours, à un moment donné, la sanction. Tous les peuples qui se sont laissés glisser, amollir, soit par la vie matérielle facile, soit par l’abandon des grands principes de vertu collective et individuelle, ont été balayés par les barbares.”
Cet extrait est de la plume de Jean-Marie Le Pen. Souvenez-vous en.