« Carnet noir | Truc bouclé ou bâclé dans l'urgence » |
Je ne remercierais jamais assez Jack Lang pour avoir inventé la fête de la musique et l'obligation de s'en réjouir à date fixe. Hier soir, comme à son habitude, la fête de la musique était le massacre de nos tympans par des hordes braillardes de fêteurs avinés. Et lorsque je dis avinés, je suis très en dessous de la vérité.
Hier soir, je me suis retrouvé embrigadé dans un dîner rasoir. Embrigadé, c'est le cas de le dire, le nombre d'officiers supérieurs au mètre carré était bien supérieur à ma tolérance habituelle. Mais j'étais rassuré, nous sommes bien défendu, au moins jusqu'à ce que l'ennemi arrive à nos portes, les géraniums étant déjà à nos fenêtres.
Vers 1h00 du matin, il me fallait tout de même quitter ce dîner mondain et cette lointaine banlieue résidentielle pour revenir dans mes foyers. J'ai été très surpris de ne pas voir le plus petit troupeau bêlant sur une vingtaine de kilomètres. J'étais presque joyeux, pas de mauvais goût musical, pas de type jouant faux se prétendant le nouveau Bernstein, pas de brailleur chantant la Mer de Debussy un ton en dessous en buvant la tasse. Non, rien. C'en était presque étrange.
Le calme avant la tempête.
N'étant pas foncièrement suicidaire, j'ai décidé d'éviter les grands boulevards et le centre de Paris où devaient quand même se tenir quelques regroupements festifs. Festifs !…
Jusqu'à la place de Stalingrad, aucun problème, il n'y avait pas plus d'embouteillages delanoesque qu'en plein jour, seuls quelques dizaines de types étaient en transe du côté de la cité de la musique, façon derviches tourneurs. Mais alors, le long du canal Saint-Martin, parcours malheureusement obligatoire pour se rendre à mon garage, c'était dantesque. Ce n'était pas la fête de la musique mais celle des bistrotiers. Une foule compacte qui ondulait sur des bruits sortis d'une sonorisation qui devait faire au bas mot quatre fois 14000W épanchait sa soif de musique à grands coups de boissons plus ou moins alcoolisées et, vue la tête de certains, de substances illicites. Ce n'était pas de la musique, ce n'était même plus du bruit, tout au plus celui de mouvements de foule et des bouteilles jetées sur la chaussée.
Les véhicules contraints de passer quai de Valmy roulaient littéralement sur les bouteilles, les verres, les déchets de cette foule inhumaine. Et le plus beau, la cerise sur le gâteau, un type a frappé ma voiture parce qu'il a dû se pousser pour me permettre d'entrer dans la rue à sens unique dans laquelle se trouve mon garage. L'an prochain, si je suis obligé de sortir un 21 juin, je penserai à prendre une batte de baseball pour leur apprendre la politesse !
Quant à mon entrée de garage, elle va faire le bonheur de la concierge. La bière coulant à flots étant diurétique, elle a servi malgré elle d'urinoir toute la soirée. L'odeur en était écœurante.
Faites gaffe les fêteurs de tous poils. L'an prochain, j'installerai une clôture à vache. À défaut du bon goût, ça vous apprendra au moins que l'urine est un très bon conducteur !
Une cloture à vache ? Certainement pas !
“Une cloture à veaux !”
Dixit “Le Général".
Prendre sa voiture, qui plus est en ayant l’intention de rentrer à Paris le soir même, Grincheux, voila une erreur dont je t’aurais crû incapable ! Un soir comme celui-là, mes véhicules restent enfermés à double-tours dans leurs boxes…
Pour ma part, j’ai eu à subir la “créativité” David Vavin. David Vavin (c’est son nom de scène) est mon voisin, étudiant attardé, fan de “musique electro". Pour ceusses qui ne savent pas ce qu’est l’electro, c’est une succession de “samples” contenant principalement des infra et ultra sons (et pas grand chose entre ces 2 bandes de fréquence) mis en boucle, le tout s’écoutant bien entendu à minima avec une sono de 14000W (© Grincheux)
Et le bougre a bien fait les choses : déclaration en bonne et due forme à la préfecture de police de Paris d’une scène sur la placette quasi sous mes fenêtres, et malgré l’heure d’arrêt des hostilités fixée à 2h du matin, les réjouissances ont duré jusqu’à après 3h.
Depuis ma chambre, avec fenêtres et volets clos, j’avais encore plus de 60 dB de bruit (mesuré avec mon smartphone), et je sentais les vibrations des basses par le sol (immeuble datant des années 70).
Comme toi, tous les ans, au 21 juin, je maudis Jack Lang, et l’espèce humaine en général… (nonobstant, j’ai eu l’occasion d’écouter un excellent groupe de Jazz au Rostand, face au jardin du Luxembourg).
Certains jours, j’en arrive à rêver de le fusiller avec des balles rouillées enduites d’ail pour qu’il crève au choix de la gangrène ou du tétanos… Il n’a pas une tête à être à jour de ses vaccinations.