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Je cherche un redresseur de karma. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire dans une vie antérieure, mais là, ce n'est plus possible.
Je suis l'heureux propriétaire depuis 2002 d'une ruine dans l'endroit qui n'est pas le plus profond de la campagne française, mais juste à côté. Voici une partie de la planche cadastrale.
Fig. 1 : planche cadastrale
En mauve, la propriété du Grincheux, en rose pâle, celle de son ennemi depuis hier. La route entre les deux propriétés est un chemin creux en pente, la transversale horizontale est un chemin vicinal régulièrement refait car défoncé par des semi-remorques qui effectuent des rotations pour l'entreprise de mon cher voisin. Heureusement que la conformation naturelle du terrain fait que je n'ai pas sous les yeux cette zone industrielle campagnarde, une légère crête me masquant opportunément ces entrepôts disgracieux.
Nous ne sommes plus sous l'occupation, mais j'ai parfois l'envie irrépressible de dénoncer mon prochain surtout lorsqu'il s'est permis de construire n'importe quoi n'importe comment, seule explication au cadastre qui n'est pas à jour, loin s'en faut.
Jusqu'à présent, j'étais totalement indifférent à cette personne. Les gens du hameau m'avaient prévenu. Sauf que cette personne possède une entreprise, qu'il fait vivre un certain nombre de personnes des environs et qu'il se croit tout permis. Mais absolument tout permis. Il se croit d'autant plus tout permis que personne ne lui a jamais tenu tête et qu'il a des appuis politiques en jouant la carte de la délocalisation possible dans le canton d'à-côté.
Avant-hier, donc, un bureau d'étude est passé pour nous annoncer qu'ErDF allait poser une nouvelle ligne moyenne tension (20 kV). Cela devenait nécessaire, l'entreprise en question ayant un nombre de chambres froides tout à fait respectable. J'étais donc assez content puisque j'avais indiqué le problème à ErDF il y a quelques années sans que personne ne s'en émeuve. Mais aujourd'hui, le problème était devenu urgent. Il fallait installer des groupes électrogènes pour l'entreprise en question. J'avoue humblement que ce n'est pas mon problème. Le souci durait depuis des années, on n'était plus à quelques jours près.
Je pensais naïvement que le transformateur en question allait être installé devant l'entreprise en question. Pas du tout, il le serait juste à la limite de mon terrain, en contrebas (tracé bleu), après l'installation d'une nouvelle ligne aérienne au milieu de champs et sur la limite basse de mon terrain. La personne du bureau d'étude me signale aimablement que le tracé a été décidé par le président du syndic Monsieur M. Ne lui faisons surtout pas plus de publicité.
Notez bien qu'il existe déjà une ligne en bordeau sur la feuille cadastrale. La logique aurait voulu que le même tracé soit réutilisé et que ce transformateur soit installé de l'autre côté du chemin, du côté de l'entreprise qui sera d'ailleurs l'unique abonné relié à ce transformateur.
Impossible me dit-on.
Du bureau d'étude, je passe au maître d'œuvre, naturellement en vacances. J'explique néanmoins mes griefs à son adjoint qui me propose alors de faire passer la ligne en souterrain et que si celle ligne passe à plus de deux mètres de la limite de mon terrain, ils n'avaient même pas à me demander l'autorisation.
J'ai eu l'impression de répéter en boucle qu'il y avait deux problèmes : la ligne, puisque je n'ai aucune envie d'avoir des lignes basses et moyennes tensions sur tous les côtés de mon terrain, et le transformateur qui sera impanté au bas d'un chemin creux qui se transformera en torrent au premier orage. Et dieu sait qu'il y en a dans le coin, des orages !
Comme il n'y avait pas vraiment moyen de discuter, j'ai fini par dire que l'électricité était tout de même un peu mon métier, qu'il était absurde d'installer une telle ligne alors qu'il y avait beaucoup plus simple à faire et pour moins cher et que, de toute façon, je m'opposerais par voie judiciaire à ces travaux. Un nouveau transformateur, oui, c'est nécessaire, mais pas n'importe où ni n'importe comment.
En fait, ce qui m'a profondément choqué, c'est que le type propriétaire de cette entreprise a fait jouer tous ses appuis locaux pour éviter à tout prix l'installation d'un transformateur ErDF sur l'un de ses terrains. Il a simplement proposé de l'installer sur une parcelle au bas de chez moi dont il a la jouissance sans en être propriétaire pour ne pas avoir de servitude sur l'une de ses parcelles. La merde est bonne pour les autres.
Hier matin, à 10h00, alors que j'envisageais un courrier aux instances préfectorales, le téléphone sonne. Mon interlocuteur de la veille me rappelait. À vrai dire, je n'y comptais pas trop. Et il me rappelait pour me dire que le problème était réglé, que la ligne passerait en souterrain le long de l'ancienne ligne basse tension aérienne (ligne bordeaux) et que le transformateur serait implanté du côté de l'entreprise et non du mien, ce qui est logique pour deux raisons : d'une part le terrain de l'autre côté du chemin est plus haut et cet équipement ne risque pas d'être inondé comme les maisons du bas du hameau, et d'autre part, cela évite des travaux de génie civil pour faire passer en souterrain une ligne de force sous ce chemin creux. Dans le fil de la discussion, mon interlocuteur me signale que mon voisin est un drôle de zouave caractériel (sic) et que cela avait un peu chauffé parce qu'il ne voulait pas démordre de l'implantation initiale du transformateur. Le contraire eut été étonnant.
J'ai de la chance. J'ai été plus de dix ans à mon compte et j'ai appris à me battre. Je sais tirer le bon levier pour éviter de me faire écraser par le premier venu. J'ai aussi eu de la chance parce que j'étais là pour m'en occuper.
Si je n'avais pas été là, je me serais retrouvé avec tous mes arbres abattus sur une distance de six mètres de la ligne moyenne tension (donc pas d'arbre sur une bande de six mètres au bas de mon terrain), avec un transformateur de forte puissance en contrebas du talus m'interdisant de construire une piscine le jour où je pourrais en avoir envie. Tout ça pour parce qu'un type ne voulait pas de cela chez lui alors qu'il était le principal responsable du dysfonctionnement du réseau.