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Je ne sais pas si vous le savez, mais le code de la route ayant cours à Paris est subtilement différent de celui qui est en vigueur en banlieue ou même en province. Ne me demandez pas pourquoi, je serais incapable de répondre, mais passé le périphérique, il convient de faire attention à sa façon de conduire.
En créneau ou en épi, une voiture doit par exemple avoir son arrière vers le trottoir sous peine de verbalisation par les contractuelles qui poussent par ici comme des champignons après la pluie. Et il doit pleuvoir souvent. Vous me direz que c'est un règlement qui ne porte pas à conséquence car on n'a encore jamais vu une voiture immobile causer un accident par refus de priorité.
Fig. 1 : authentique panneau Stop B2b français
Plus amusant — ou gênant voire déroutant, c'est selon —, les panneaux « cédez le passage » ou « stop » n'existent pas et toutes les priorités, même sur les bretelles d'accès aux autoroutes, sont des priorités à droite. Cette particularité explique à elle seule une bonne partie des embouteillages parisiens et un bon nombre d'accidents. Le provincial qui ne connaît pas cette règle risque fort de se faire surprendre, qu'il circule sur une autoroute ou dans une rue quelconque du département de la Seine. La petite rue qui débouche à droite est toujours prioritaire sur le boulevard pourtant beaucoup plus large qu'elle. Au regard du nombre d'accidents causés par cette histoire de priorité à droite, je n'arrive pas à comprendre pourquoi la préfecture de police n'a pas encore abrogé cette règle absurde.
Vous me demanderez pourquoi je disserte sur les spécificités du code de la route parisien. Peut-être tout simplement parce que j'habite au troisième étage d'un immeuble faisant le coin d'une rue et que j'ai depuis mes fenêtres un assez bon poste d'observation sur un carrefour générant à lui seul un important volume de tôle froissée. Ce carrefour n'étant pas muni de feux tricolores, la priorité à droite s'applique de plein droit. Il y a juste quelques problèmes insignifiants et totalement accessoires : un manque total de visibilité et une rue débouchant à droite, en descente et très peu fréquentée par rapport à l'autre voie d'accès.
Depuis plus de dix ans que j'habite dans cet immeuble, j'ai pu constater qu'il valait mieux mourir, pour un usager de la route tout au moins, en ayant la priorité pour soi que de la céder à quelqu'un qui venait de sa gauche. Il ne se passe pas un mois sans qu'il y ait un accident corporel. Je ne compte plus les motards qui se sont encastrés dans des véhicules quelconques, les voitures qui ont fini leur course sur le trottoir voire dans la devanture du restaurant. Il serait pourtant très facile de régler le problème car il suffirait de changer le sens de circulation de cette rue et de le remettre tel qu'il était il y a quelques années. D'une pierre, on ferait même deux coups en tordant une fois pour toute le cou à cette priorité à droite dangereuse et en limitant le flots des véhicules cherchant à échapper à la place de la République.
Rien ne change. Combien faudra-t-il encore d'accidents pour que la municipalité daigne faire quelque chose ? Il est vrai qu'il est plus rentable de verbaliser des véhicules en stationnement sur des places de livraison à deux heures du matin dans la nuit du samedi au dimanche, comme c'est le cas actuellement, que de résoudre les vrais problèmes de circulation. Il est plus facile d'établir des procès verbaux pour excès de vitesse sur la pénétrante du quai de Bercy, deux fois trois voies avec carrefours à niveaux, et limitée depuis peu à 50 km/h, que de s'attaquer aux carrefours dangereux.
Un mort sur la route est un mort de trop. Depuis quelques années, la pression sur les usagers de la route se fait de plus en plus forte et au vu du comportement de certains, ce n'est pas un mal. Mais quand les pouvoir publics s'occuperont-ils de tous les points noirs, de toutes les aberrations du réseau routier français ? Un bon nombre d'accidents pourrait être évité simplement.
Bonjour j’adore et j’adhere complètement à ce que vous avez écrit! Californienne d’orgine mais Savoyarde depuis plus de 20 ans je n’ai jamais compris cette loi. Justement je suis en train d’écrire un truc là dessus.! J’aimerais trouver les chiffres des accidents causés par cette absurdité. Excellent!
Merci