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Ça y est. Les quais sont à nouveau embouteillés jusqu'à des heures indues. Le touriste est content, il peut visiter Paris Plage et le parisien râle.
Une quantité démente de sable a été déversée sur les voies sur berges, munies de cabines de plage et de plein d'autres choses qui n'ont rien à faire à cet endroit puisque de toute façon, personne ne se jette à l'eau. Je ne sais pas si ce sable provient encore de Fontainebleau, mais pour les huit éditions précédentes, la mairie de Paris faisait venir ce sable, l'un des plus chers au monde, pour le balayer dans la Seine lors de la fermeture.
Depuis une dizaine de jours, la circulation pourtant estivale est devenue monstrueuse car tous les véhicules se retrouvent sur les quais. Là où il fallait quelques minutes pour aller de la place de la Concorde à porte de Bercy, il faut maintenant une grosse demi-heure par temps calme. La durée du trajet en temps normal serait plus proche de l'heure en raison du grand nombre de feux subtilement désynchronisés. Pourtant, sur des quais à sens unique, cela relève de la performance ou de l'acte délibéré.
Anne Hidalgo, premier adjoint au maire de Paris — adjoint est une fonction donc ne s'accorde pas n'en déplaise aux féministes à poil dur —, a trouvé le moyen d'annoncer hier que les voies sur berge des rives gauche et droite seront définitivement fermées aux véhicules à l'horizon de 2012.
Durant un mois, du 15 juillet au 15 août, la circulation dans Paris est impossible en raison de Paris Plage. Le nombre de véhicules circulant dans Paris est pourtant à cette époque au plus bas. Fermer les voies sur berge toute l'année risque juste de transformer le centre de Paris en un immense embouteillage. Le but de cette municipalité est d'embêter l'automobiliste. Soit, c'est un choix, mais je ne suis pas sûr que l'automobiliste qui circule dans Paris le fasse par goût ou par plaisir. Il le fait parce qu'il n'a pas le choix. En limitant la circulation sur les berges, les véhicules se retrouveront juste immobilisés sur les quais. Les automobilistes et les habitants des quais apprécieront certainement.
Ce plan est dans la continuité des sens interdits qui fleurissent sur des bouts de rues. Depuis quelques mois, des rues très fréquentées sont interdites à la circulation sur des tronçons de quelques mètres (rue Jean-Pierre Timbaud à la traversée du boulevard Jules Ferry, rue Saint-Antoine devant l'église Saint-Paul dans le prolongement de la rue François Miron…) forçant les véhicules à effectuer de longs détours et permettant aux contractuelles de verbaliser tous ceux qui se font surprendre. Des interdictions de tourner à gauche apparaissent aussi. Les feux auparavant synchronisés ne le sont plus, ou plutôt non, sont savamment synchronisés pour ralentir le plus possible le flot des véhicules. Toutes ces nouveautés font que même avec moins de véhicules en circulation dans Paris, la circulation devient de plus en plus difficile.
Cette municipalité intelligente devant être à cours d'idées, je leur proposerais bien de créer Montmartre Neige. Avec le funiculaire comme remonte-pente, elle devrait réussir à faire quelque chose de parfaitement inutile et complètement branché au mépris des habitants du quartier.
J’imagine que le sable est balayé dans la “Seine". :-)
Je ne sais pas si tu connais les excellentes pages que Philippe Muray a consacrées à Paris Plage, je suis persuadé que tu t’en délecterais. Ça doit être dans “Moderne contre Moderne” ou “Festivus Festivus”
Bien vu pour la “scène"… Non, je ne connaissais pas, mais je vais y jeter un oeil.
Tiens, ce n’est pas le texte auquel je pensais, mais il y a quelque chose sur le site officiel de l’auteur :
http://www.philippe-muray.com/extraits-philippe-muray.php
(cliquer sur Paris Plage à gauche)
Fabuleux, quelqu’un avec un esprit chagrin pire que le mien ;-)
Franchement, si cet extrait t’a plu, procure toi ses livres, tu vas te régaler. J’avoue que la lecture de ton blog m’a rappelé certains textes de Muray. Ce qui n’est pas un mince compliment dans ma bouche.