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Il existe en France des utilisateurs de l'outil informatique rackettés de façon éhontée. Ces utilisateurs sont les professionnels de la santé : médecins, dentistes, pharmaciens… Toutes ces personnes doivent utiliser des outils informatiques certifiés par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie et le GIE Sésame Vitale.
Ergonomiquement, ces outils sont certainement très bien faits, mais il ne faut jamais regarder sous le capot ce qu'il s'y passe. Ils sont concédés sous licence à prix d'or à des praticiens qui ne peuvent en changer car il faudrait encore qu'ils puissent récupérer leurs données et chaque logiciel utilise sa propre base de données propriétaire, voire son système d'exploitation particulier.
Je me souviens, il y a quelques années, avoir été appelé par un pharmacien d'une ville de la proche banlieue parisienne parce que son ordinateur central était tombé en panne et que le réparateur, envoyé par le support du logiciel en question, ne pouvait pas intervenir avant trois semaines ! Le diagnostic était vite fait, le système tournait sous SCO Unix et ne fonctionnait plus correctement parce que la partition racine, l'unique partition, était pleine. Le disque d'origine de 8 Go étant un peu leger, la seule chose intelligente à faire était de changer ce disque. Il n'y avait qu'un seul problème, mais de taille : le système avait été nettoyé de tout ce qu'il fallait pour l'administrer. Même des commandes de base d'un Unix comme cp, rm, dd ou tar avaient été effacées par les installateurs du logiciel. Heureusement, avec deux boîtiers de disques USB et un ordinateur portable sous Linux, il a été possible de cloner le premier disque avant de partitionner l'espace disponible restant pour décharger la racine. Sans cette intervention et parce que l'éditeur dudit logiciel ne voulait pas que quelqu'un d'autre y mette les mains, cette pharmacie aurait été fermée durant trois semaines. Au regard du coût de la maintenance annuelle payée par le pharmacien à l'éditeur dudit logiciel, cette situation aurait pour le moins été anormale et grotesque.
Les dentistes sont aussi une cible de grand choix puisque la rumeur dit qu'ils ont plein d'argent à dépenser. Étant pour la plupart de parfaits béotiens informatiquement parlant, certaines sociétés sans scrupule n'hésitent pas à leur installer du matériel périmé ou des technologies en fin de vie. J'ai vu par exemple une machine gérer un équipement de radiographie panoramique en réseau avec un Windows XP Home SP3, 256 Mo de mémoire et un Duron 1400, sachant que le poste en question servait de serveur d'imagerie grâce à une base de données Solid. J'ai aussi admiré un réseau flambant neuf installé en 2002 en Ethernet 10Base2, le bon vieux câble coaxial avec les tés et les terminaisons. Pour couronner le tout, les cartes réseau 10Base2 étaient en E-ISA et non en PCI, certainement un fond de tiroir difficile à refiler à quelqu'un d'autre, ce qui fait que lors de la réfection du cabinet dentaire en question, il a fallu changer tout le matériel. Si encore il avait été possible de récupérer des cartes PCI avec un connecteur 10Base2, cela aurait été un moindre mal. Comment expliquer à un client que son réseau installé à grands frais cinq ans auparavant était à reprendre entièrement ?
Donc, disais-je, les dentistes travaillent avec quelques éditeurs de logiciel pour gérer leurs patients : historiques des rendez-vous, des facturations (et de la comptabilité du praticien), des ordonnances, mais pas l'imagerie (radiographies panoramiques ou non) pour laquelle il faut un outil externe de qualité approximative. Il y a donc au moins deux logiciels qui cohabitent plus ou moins mal, avec deux bases de données différentes. C'est sans compter avec les modules destinés à l'envoi des feuilles de soin électroniques qui rajoutent une couche à ces logiciels et un soupçon d'instabilité. Si encore ces logiciels étaient écrits correctement, cela pourrait passer, mais ce n'est même pas le cas. La plupart d'entre eux date du début de Windows 3.0 qui ne savait pas vraiment gérer un réseau informatique. Plutôt que de réécrire ces logiciels et d'en faire des applications intégrant l'aspect réseau, des rustines de toutes sortes ont été rajoutées pour utiliser des postes en réseau. Depuis vingt ans que des patches sont ajoutés à chaque nouveau besoin, ces logiciels ne donnent plus vraiment satisfaction. Ils perdent les pédales plusieurs fois par jour et la seule solution pour rétablir un fonctionnement normal est de redémarrer le poste.
Pour parachever le tableau, je n'ai encore jamais trouvé une configuration de réseau qui entrait dans les configurations validées par l'un des éditeurs de ces logiciels. Même la simple configuration serveur, lien Ethernet avec TCP/IP, poste client n'est pas une configuration validée pour un fonctionnement en réseau par l'un des éditeurs que je ne citerais pas.
Aussi y a-t-il un marché à prendre, immense, car je ne connais aucun dentiste qui soit réellement satisfait de son logiciel de gestion. L'ennui est le coût à l'entrée de ce marché qui empêche tout nouvel acteur de s'y introduire. Il faut que le logiciel soit estampillé « Sésame Vitale », agréé par la CPAM et les lobbies ont la vie dure.
Bonjour,
Je suis chirurgien-dentiste et je programme depuis plus de 25 ans toutes les machines binaires qui passent à ma portée.
J’ai développé pour mon cabinet un système fiable de gestion sous Linux.
L’interface graphique est codée en C++ Trolltech/Nokia
La base c’est du MySQL et j’en suis très content merci ;-)
J’utilise du Perl sous Linux et sous les machines virtuelles Windows pour synchroniser les échanges dans l’espace partagé (fichiers sésam-vitale et radios).
Sinon quelques scripts Bash et ça roule.
Ce n’est pas entièrement du libre car je dois encore faire appel à des outils propriétaires sous Windows en environnement virtualisé.
Mais l’essentiel est sauf : toutes mes données sont gérées dans un univers que je maîtrise totalement.
J’ai tout mis ici et il n’y a rien à vendre : http://www.opendent.fr