« Petite analyse de la dette française à destination des imbéciles et des électeurs du Front de Gauche | Manifestations » |
J'ai la chance d'être ce que la SNCF appelle un grand voyageur. En effet, j'ai la chance de faire quelques milliers de kilomètres tous les mois grâce à la SNCF et je commence à en entrevoir les desseins profonds. Je vous l'avoue, c'est un peu difficile tant les intérêts de la direction de la SNCF, de celle de RFF, des syndicats et du monde politique y jouent une guerre de tous les instants. Heureusement que radio-sacoche m'a un peu aidé sur ce coup-là.
Depuis des années, je constate que la petite ligne Limoges-Brive, celle qui passe par Pompadour, est en travaux l'été. Naïvement, lorsque j'ai appris que RFF changeait les traverses antédiluviennes, je pensais que c'était pour en mettre des neuves. Que nenni, je sais maintenant de source sûre que les traverses qui sont posées actuellement sont les anciennes traverses déposées de la ligne d'Ussel qui, elle, a eu la chance d'en avoir de plus neuves. Ce qui n'est plus bon pour Ussel est bon pour Pompadour et Saint-Yrieix. Passons. Je pense pourtant que ce qui coûte réellement cher dans cette opération ne sont pas les traverses mais le fait de devoir déposer les voies.
J'ai aussi appris que cette ligne était en sursis car RFF ne voulait plus entretenir les infrastructures entre Pompadour et Saint-Yrieix. Le projet est donc de faire un terminus à Pompadour depuis Brive et un autre à Saint-Yrieix depuis Limoges. C'est très bien, sauf que la majorité des ouvrages d'art sont à Vignols — les sept viaducs — et que les ouvrages d'arts entre Pompadour et Saint-Yrieix sont bien moins nombreux et ont tous été restaurés récemment — dont un tunnel refait à neuf. Passons.
Il y a quelques années, les horaires de cette ligne ont été complètement désorganisés pour que plus personne ne puisse la prendre, le nombre de rotations a été réduit, les gares fermées, les voies de croisement déposées. Une fois la ligne coupée en deux, la SNCF déclarera que ses trains seront vides et elle sera supprimée comme a été supprimée la liaison entre Limoges ou Brive et Clermont-Ferrand parce que la région Auvergne n'a pas voulu achever les travaux entre Laqueuille et Eygurande, un petit tronçon de 22 km de voies pour 7 millions d'euros que la région Limousin était prête à prendre en charge au moins en partie.
Vous allez me dire que c'est perdu au fin fond du Massif Central et vous aurez raison. Il n'empêche que c'est en plein milieu de la ligne Bordeaux-Lyon et, qu'à l'heure où j'écris ces lignes, le Bordeaux-Lyon demande un passage par Paris. La fermeture de la ligne Ussel-Laqueuille est non seulement scandaleuse sur le plan de l'aménagement du territoire, mais aussi sur le plan de l'utilisation des finances publiques. Alors que des dizaines de millions d'euros ont été investis dans le but de revitaliser la liaison transrégionale, des sections de voies quasiment neuves se retrouvent à l'abandon ou en cul-de-sac. Entre Eygurande et Ussel, la fibre optique a même été posée quelques mois avant la fermeture. Il est évident que tous ces investissements n'ont une utilité qu'avec une liaison de bout en bout.
Remarquez bien que la région Auvergne n'en est pas à son coup d'essai car un autre tronçon vers la région Rhône-Alpes a été fermé récemment. Ce ne serait que risible si la France n'était pas en déficit chronique et que ce n'était pas l'argent du contribuable.
Pourtant, en ces temps de disette budgétaire et malgré le fait que le conseil d'état a rejeté la LGV Poitiers-Limoges, sa déclaration d'utilité publique vient d'être signée. C'était le 10 janvier dernier.
La LGV Poitiers-Limoges, qu'est-ce donc ? Vous allez me dire qu'il s'agit d'une ligne à grande vitesse pour faire rouler des TGV et vous auriez tort. En effet, il s'agit d'un barreau à voie unique reliant comme son nom l'indique la capitale poitevine chère à Marie-Ségolène Royal à Limoges, donc un peu Brive-la-Gaillarde donc un peu aussi Tulle chère à son ancien petit ami actuellement grand croix de la légion d'honneur et accessoirement président d'une république un peu trop bananière.
Il est vrai qu'aujourd'hui, les 130 kilomètres séparant la gare de Poitiers de celle de Limoges-Bénédictins sont avalés en deux heures par un train régional sur une antique ligne à voie unique. Mais ce barreau de LGV étant à voie unique lui aussi, la vitesse maximale d'un TGV sera limitée à 160 km/h, ce qui nous promet au mieux un parcours en 50 minutes. Vous me direz que c'est toujours cela de gagné. Mais de Paris-Montparnasse à Poitiers, il y a déjà 1h40 de trajet. En rajoutant les cinquantes minutes restantes, cela nous fait au mieux 2h30 de Paris à Limoges sans compter un arrêt intermédiaire.
Pourtant, le Capitole, en 1969 partait déjà de Paris-Austerlitz à 7h45 le matin pour arriver à 10h39 à Limoges-Bénédictins, soit 2h54 de temps de parcours. Avec les moyens de tractions actuels, il serait parfaitement envisageable d'atteindre Limoges en 2h30 de Paris par la ligne POLT. Encore faut-il s'en donner les moyens et le vouloir, c'est-à-dire entretenir cette ligne.
Hélas, une fois de plus, le copinage pour ne pas dire le cul-inage a frappé. Le conseil d'état dit non, rejette le projet sur le fond, cela ne fait rien, le chef d'état dit oui. Il dit oui pour un projet à la rentabilité que l'on sait par avance douteuse voire totalement désastreuse. Il dit oui à un projet classé loin dans les priorités par la commission Mobilité 21 de Philippe Duron qui ralentissait considérablement l'équipement du pays en lignes à grande vitesse.
Autre problème et non des moindres : l'analyse du conseil d'état contrarie les grands desseins présidentiels d'une meilleure desserte du centre de la France et de la Corrèze en particulier… Pire, le calendrier est terrible pour François Hollande. Si un décret n'avait pas été pris avant le 12 janvier dernier, soit 18 mois après la fin de l'enquête publique qui s'était soldée on ne sait comment par un avis positif, la DUP aurait été impossible. Et le 12 janvier, c'est quelques jours avant la présentation des vœux du président de la République aux Corréziens.
Dilemme. Que faire ? Imposer le décret de DUP tout en sachant qu'il serait cassé plus tard ? Cela éviterait tout juste d'affronter les quolibets et les critiques. Ou bien prendre son courage à deux mains, acter tout de suite l'évidence, et concentrer tous les efforts pour la présentation d'une solution plus raisonnable, à savoir, probablement, la modernisation du fameux POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) oublié par tous les gouvernements successifs depuis que la priorité est donnée au tout TGV ? Car la renaissance du POLT correspond bien à la volonté de faire émerger un troisième type de voie ferroviaire, entre les TGV rapides et coûteux et les TER régionaux, lents et très subventionnés. La mission récemment installée par Alain Vidalies, et présidée par Philippe Duron, pour réfléchir à l'avenir des TET, pourrait donc relancer la ligne, en s'appuyant sur des chiffres positifs : la liaison Paris-Limoges est la seule franchement bénéficiaire parmi les lignes TET, avec des taux de remplissage supérieurs à 90% ! Moyennant quelques travaux peu coûteux, voire son équipement en matériel pendulaire, les temps de parcours pourraient être réduits pour atteindre ceux de la ligne Paris-Poitiers-Limoges tout en rendant service à bien davantage de territoires que la seule Poitiers-Limoges.
Ce dossier explosif révèle bien des fractures au sein de la classe politique, entre les tenants d'une politique volontariste d'infrastructures, quels qu'en soient les coûts ou presque, et les partisans d'une priorité à la modernisation de l'existant et aux projets matures. Le combat n'est pas terminé. Cela ne fait même que commencer.
Poitiers-Limoges, c'est la ligne Chirac-Hollande-Royal, avec de très forts relents de clientélisme électoral. Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, c'est bien moins vendeur pour les élus, mais beaucoup moins cher aussi pour la collectivité.
Quid de la liaison Angleterre, Bretagne, Poitiers, Limoges, Méditerranée ?
Pour aller de Nantes à Limoges/StYrieix, la SNCF nous propose de passer par Paris !
La DB elle proposait de passer par Poitiers. Mais je n’ai plus tenté de faire le parcours par le train.
Quant à la route, elle est en 4 voies de Nantes à Cholet et de Cholet à Mauléon. Ensuite, rien. La région Limousin ne semble pas intéressée. C’est une route très chargée. Les camions venant de l’est la rejoignent à Bellac.
Je peux constater les travaux grandioses faits à Poitiers pour le passage du Tgv. Je me demande toujours, est-ce bien raisonnable ? Mais je n’ai jamais vu d’études économiques de ces travaux.
L’aménagement du territoire, ça fait un bon moment qu’on s’en fout. Et les écolos patentés s’en foutent encore plus.
On est loin du temps où on calculait le coût d’un trou dans une rue de Paris et celui d’un trou dans une rue de petite ville.
Ouf, il reste les Chinois. Viendront-ils dans nos campagnes ? nous éviteront-ils d’embaucher des milliers de fonctionnaires territoriaux pour entretenir la nature pour la rendre accessible à tous les écologistes au pieds nus.
Fidèle lecteur de tous vos articles.
Je vous cite largement (dîtes-moi si j’abuse) ici :
https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2015/01/15/nouvelles-de-la-ligne-de-chemin-de-fer-de-limoges-a-brive-par-saint-yrieix/
Une ligne trop circulée
https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2013/04/05/la-ligne-sncf-limoges-brive-par-saint-yrieix-la-perche/
Sur la nationale 147
https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2014/05/03/la-mort-sur-la-rn-147/
Mais je vous en prie…