« C'est la lutte finale... | Le papier ne refuse pas l'encre » |
La SNCF a présenté hier lors d'une conférence de presse des projets ambitieux. Par projet ambitieux pour la SNCF, je pensais à l'amélioration des dessertes sur les lignes secondaires que la SNCF saborde avant que la concurrence ne débarque en 2019. Que nenni, il s'agissait de projets numériques.
Et la SNCF voit les choses en grand puisqu'elle prévoit d'investir 450 millions d'euros dans ces projets. En particulier, elle veut fournir à tous ses voyageurs un accès internet à bord de ses trains. Qui plus est un accès gratuit. D'après la SNCF, il y aurait 9,6 millions d'utilisateurs par jour à satisfaire.
Pour le cas particulier des TGV — rien n'a été dit concernant les trains qui ne sont pas des TGV —, l'entreprise doit lancer un appel d'offre pour équiper ses trains de passerelles 4G/Wifi. C'est très bien, il me semblait que les TGV-Est avaient été équipés de Wifi, que le service était cher et fonctionnait mal. Guillaume Pépy indique même que, fin 2016, sans doute, l'ensemble des trains français pourra recevoir correctement internet. Objectif ambitieux surtout qu'il annonce un service gratuit ou plutôt un coût caché dans le prix du billet. Tant pis pour celui qui n'en a pas besoin.
Personnellement, en tant que grand voyageur plus et bifluoré, j'aurais préféré que Guillaume Pépy nous annonce que la SNCF allait simplement faire son métier, à savoir faire rouler des trains sur des rails et, si possible, les faire partir ou arriver à l'heure. Avec 450 millions d'euros, elle pourrait en refaire, des voies ! Pour information, la liaison Bordeaux-Lyon est fermée depuis le 4 juillet 2014 parce qu'il a été impossible de trouver 7 millions d'euros pour financer la remise en état de 22 km de voies. D'autres lignes secondaires sont traitées par le mépris avec des horaires inadaptés pour les faire mourir. La SNCF refuse de faire fonctionner le fret ferroviaire parce qu'elle est le premier transporteur routier français.
La SNCF fait donc tout sauf son métier alors qu'elle devrait être contrainte à ne faire que du transport ferroviaire. Pas du routier, du covoiturage ou autre.
Je me fiche de savoir si internet est accessible dans un TER qui n'existe plus. J'ajoute que je me contrefous d'avoir internet dans un train s'il n'est pas fichu de partir à l'heure parce qu'un contrôleur s'est fait agressé, parce qu'une vache est sur la voie ou tout simplement parce qu'une locomotive vétuste est tombée en panne, qu'une caténaire est tombée ou qu'une éclisse s'est dévissée.
Faire rouler des trains est le métier de la SNCF. Et ces trains sont actuellement de plus en plus pourris pour un tarif de plus en plus cher et un service totalement inexistant. Il n'y a plus aucune voiture bar dans un train qui n'est pas un TGV, les correspondances sont hasardeuses, mais il y a maintenant des pianos dans les gares. Empreintant régulièrement la ligne POLT, j'ai pu constater que les locomotives SYBIC utilisaient depuis quelque temps leurs deux pantographes. Habituellement, seulement l'un des deux est utilisés. Sur cette ligne alimentée en 1500 V continus et particulièrement vétuste, les deux pantographes sont utilisés pour ne pas faire trop vieillir des caténaires qui n'en peuvent plus et qui n'attendent qu'une bonne raison pour se rompre et tomber sur la voie. Cela arrive réguilièrement et la SNCF prétend que c'est l'ultra gauche ou les voleurs de métaux qui en sont responsables. Et lorsque l'on regarde ces SYBIC de prêts (les locomotives électriques les plus récentes), le bas de la carrosserie est rouillée et ne tient que par le film de sérigraphie.
À titre personnel, je considère que Guillaume Pépy se moque ouvertement de l'usager. Dans le jargon de la SNCF, on parle actuellement de client, mais nous ne sommes que des usagers parce que nous n'avons pas le choix du prestataire. Cette entreprise doit être l'une des grandes entreprises françaises la plus mal gérée. Sa direction n'a aucune vision, elle est noyautée par des syndicats à la bêtise crasse et personne ne veut rien y changer.
Vivement que la concurrence arrive. J'espère que d'ici-là la SNCF n'aura pas fait mourir toutes les lignes secondaires, préférant mettre des bus sur les routes à une heure où tout le monde se gargarise d'écologie.