« Consignes pour le second tour | Mise au point » |
Anne Hidalgo a encore frappée. Représentante des bobos parisiens bien pensants, elle veut pour limiter la pollution restreindre la circulation des voitures dans sa ville et y interdire les véhicules anciens. C'est beau, c'est généreux, c'est certainement de gauche. Mais c'est une fois de plus parfaitement idiot et ouvertement populiste. Quand comprendra-t-elle que le parisien ne passe deux ou trois heures tous les jours dans sa voiture que contraint et forcé ?
Depuis quelques jours, pourtant, la capitale tousse. Il paraît même qu'elle serait bien plus polluée que certaines villes chinoises montrées du doigt à la vindicte publique. Il est vrai que la pollution est chez nous bien moins visible. Il s'agit de particules fines, principalement émises par les moteurs diesel et les chauffages au fioul.
Or l'état, dans sa grande clémente, continue de subventionner les véhicules roulant au diesel que ce soit au travers de bonus écologique ou de taxes plus faibles que celles touchant les carburants dits nobles.
Pour régler le problème de la pollution, il n'y a donc pas différentes manières de faire. Il faut une politique de développement des transports en région parisienne pour qu'ils soient utilisables et que les voyageurs constatent qu'ils offrent plus d'avantages que d'inconvénients vis à vis du véhicule individuel. Et il faut aussi que le carburant le plus polluant soit plus lourdement taxé que l'essence bien moins nocive pour l'environnement et nos poumons.
Mais comme à son habitude, l'état préfère le côté répressif qui rapporte des sous plutôt que de tarir la source du problème. Il y a bien trop d'argent en jeu et d'échéances électorales. Comment faire comprendre à l'électeur de base que son véhicule hier subventionné parce qu'émettant peu de CO2 aura son carburant lourdement taxé parce qu'émettant des particules fines ? Comment faire pour que les industriels ayant conçu depuis plus de trente ans des petits véhicules diesel bien polluants, même avec leurs filtres à particules, soient contraints à fabriquer des modèles à essence ? Et surtout, comment faire changer les mentalités ?
Impossible. Donc on ne résout rien, ce serait trop risqué électoralement parlant, on se contente de circulation alternée, d'interdiction de circulation. Cela fait plaisir aux électeurs qui ne comprennent pas tout surtout lorsqu'ils ne sont pas directement concernés.
À ce point du raisonnement, je ne puis que vous raconter une expérience vécue. Il m'arrive de rouler dans une DS. Pas la version moderne, la vraie, une 23ie Pallas, et ce véhicule n'est pas enregistré en collection. L'engin est mu par un moteur rugueux et agricole de 2347 cm3, rend bien plus d'une tonne à la balance et, seule concession faite à la modernité, utilise un système d'injection électronique. Il y a une dizaine d'années, ce véhicule était entretenu par le garage du regretté Bernard Pinpin, à Brive. Un jour de 2003, je me présente chez ce garagiste pour qu'il s'occupe du contrôle technique de ce véhicule. Rendez-vous pris, il part avec ma DS pour récupérer l'autorisation de circulation pour les deux années suivantes. J'ai dû faire une contre-visite que je n'ai d'ailleurs jamais payée, je m'y suis opposé et le contrôleur n'a pas insisté. Je m'y suis opposé car la contre-visite n'était pas pour défaut de freinage, d'éclairage ou autre défaut préjudiciable à ma sécurité ou à celle des autres usagers de la route. Pas pour pollution, parce qu'aux dires du contrôleur, ma DS polluait moins qu'une voiture récente de même classe et c'était bien là l'épineux problème. Selon lui, son appareil devait être révisé et j'ai eu un rendez-vous pour une contre-visite après étalonnage de son appareil. Même résultat, j'ai donc reçu mon précieux sésame et je ne suis plus jamais retourné chez ce contrôleur.
Nous voyons donc que le niveau de pollution n'est pas lié à l'âge du véhicule. Il dépend bien plus du type de véhicule et de son entretien. Mais interdire l'entrée de Paris aux véhicules que l'on sait polluant sera difficile, surtout si ces véhicules sont des engins récents. La solution à la pollution ne peut donc être qu'une solution politique traitant le problème en amont. Comme pour les autres décisions, elle demande un certain courage politique, courage qui semble faire cruellement défaut à nos élites républicaines.
Mais je vais peut-être vite en besogne. Je mets sur le dos de la malveillance ce qui n'est peut-être que de l'imbecillité crasse. Je n'arrive pas à me faire au rasoir d'Ockham.
“Le côté répressif qui rapporte des sous".
C’est un des problèmes majeur : je ne parviens pas à trouver de documents précis traçant le devenir de ces fameux sous. Où vont-ils ? A quoi servent-ils ? Subsidiaire : qui se sucre au passage ?
Selon le ministre ou le secrétaire d’état concerné, les discours sont divers et vaporeux. “Collectivités locales, budget de l’Etat, Santé, société italienne, non pardon, pas de société italienne…".
J’ai cherché par exemple dans les publications du SETRA : nothing. Pas de traces fiscales précises.
Les journaux, en ce moment rapportent, dans un domaine qui est finalement assez lié, que le prix d’un paquet de cigarettes devrait atteindre les 13 euros pour compenser les fameux coûts sociaux.
Coûts sociaux dont le calcul est lui-aussi assez énigmatique : coûts directs des soins, coûts de non-production, manque à gagner (le mort renâclant à payer ses impôts) etc.
On a produit et encouragé la consommation des clopes. C’est une industrie qui a été très rentable. Et quelle économie sur les retraites !
Depuis bien des années hélas, le jeune retraité se fait son petit cancer du poumon mais refuse de mourir avec célérité. Il s’accroche. Et commence à revenir très cher. Trop cher, même pour cette industrie.
J’ai toujours cherché la logique morale, humaniste. J’avoue que je suis resté sur un échec. La logique comptable semble plus cohérente. Je n’ose évoquer sa soeur : la logique criminelle.
Dans cette mesure dérisoire de la circulation alternée, ce laxisme d’Etat qui a aussi pour fondement l’électoralisme (on vote toujours pour quelque chose en France…), j’hésite entre la bêtise, le cynisme comptable et la démarche socialement criminelle.
Je ne sais pas quel est l’ordre adéquat entre ces trois termes. Mais je suis certain de toucher mon tiercé.