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Certains jours, je suis vraiment déçu que le ridicule ne tue plus. Et encore, je ne parle que du ridicule, pas du populisme. En effet, je susi tombé un peu par hasard sur un billet écrit de la main de Chritiane Taubira sur son compte Facebook. Ce billet, le voici.
Christiane Taubira 15 mars, 05:08
On nous prédit l’apocalypse.
Il est en effet fort probable que l’arithmétique électorale des dimanches 22 et 29 mars donne à nouveau la mesure du désarroi, de la confusion et de la colère.
Les difficultés économiques issues de deux quinquennats dépensiers, dont le dernier a non seulement dilapidé la richesse nationale dans des cadeaux fiscaux mais en plus creusé les inégalités, sont durement vécues par certains de nos concitoyens et suscitent grand désarroi. Le chômage de masse, la pauvreté persistante, la précarité rampante, le recul des services publics isolent, et génèrent de la peur et de la colère. Les attentats de janvier ont instillé un sentiment de vulnérabilité collective.
Les harangues venimeuses, les diatribes vénéneuses, les démagogies ricanantes inoculent de la confusion. Pourtant elles ne font que trahir les calculs sordides de dirigeants aux convictions instables mais à l’idéologie inchangée. Car il faut se souvenir.
Oui, il existe depuis longtemps, structurellement depuis la Révolution française, un courant politique qui n’a que faire de la patrie quand ses intérêts particuliers y sont contraires, mais toujours prompt à s’emparer de la Nation pour la dévoyer et la souiller en alibi du rejet de l’autre et du repli sur soi.
Oui ce courant politique est reconnaissable, malgré ses travestissements en défenseur du peuple ou gardien des traditions, car il reste opposé à la République qui nous fait vivre ensemble, tout en parasitant les institutions républicaines ; il est reconnaissable car il a des invariances, telles que ces obsessions sur la composition de la population.
Oui il a déjà trouvé un chef d’aubaine pour le mener aux portes du pouvoir ; ces forces rétrogrades et antirépublicaines étaient en effet bien à la manœuvre dans l’entourage du général Boulanger qui, déjà, ralliait des progressistes et des démocrates égarés.
Non, il n’y a aucune perspective de progrès dans l’esbroufe antisystème de ceux qui séduisent en dérobant le vocabulaire de la Révolution et de la République, mais maraudent pour grappiller les avantages du système.
Non, les ennemis intimes de la République, de la démocratie, de la laïcité ne peuvent en devenir les gardiens.
Non, ceux qui dérapent ne dérapent pas, ils avouent.
Mais les Français, toujours, finissent par se venger d’avoir été entraînés dans les basses eaux de la haine et le ressac de toutes les rancœurs, après avoir été trompés sur le prétendu déclin de la France et oublié pour un temps l’idée même de ce qu’est ce pays.
En dépit des fragilités et des souffrances, des millions de Français tiennent visière haute dans la tempête et gardent dignité et courage. Ils poursuivent en proximité l’expérience du dialogue, de la solidarité et de la convivialité, malgré l’épreuve quotidienne de la difficulté et de l’inquiétude, y compris celle de la désillusion commune, du désespoir partagé. Ceux-là n’auront à se venger de rien car ils n’auront rien à se faire pardonner. Prenant appui sur vous, nous continuerons à écrire l’Histoire de ce pays qui regorge des talents de toutes sortes de ses citoyens de toutes conditions.
À nous, par nos politiques de justice sociale et d’inclusion républicaine, de faire éclore à nouveau l’espoir sur le terreau de cette dignité et de ce courage.
Christiane Taubira
J'ai toujours eu un faible pour les envolées lyriques de cette égérie du camp du bien, surtout lorsqu'elle se prend les pieds dans le tapis, ce qu'il faut tout de même constater est assez fréquent. Il est assez surprenant de toujours rejeter la faute sur les autres en oubliant ses propres travers. Les gouvernement de l'ancienne majorité ont peut-être dilapidé l'argent du contribuable, mais à bien y regarder, il n'ont fait ni mieux ni pire que tous les gouvernements précédents depuis une quarantaine d'années. Et ils n'ont pas fait pire non plus que les gouvernements que nous subissons avec bonne humeur depuis l'élection de François Hollande.
Elle ne voit même pas en quoi son texte se caricature ironiquement lui-même. Parce que tout ce qu'elle reproche avec colère à l'opposant nécessairement nauséabond en monopolisant la peur de l'Apocalypse — rien de moins et dans la bouche d'une socialiste, c'est assez cocasse — pourrait lui être de la même façon retenu.
Mais il s'agit de diviser pour mieux règner. Couper les électeurs entre les bons qui n'auront rien à se reprocher et les mauvais qui auront succombé au côté obscur de la force et qui n'auront plus droit qu'à l'exclusion n'est pas le meilleur moyen de lutter contre les extrêmes qui ne progressent qu'en raison de l'incurie des derniers gouvernements.
J'ajouterai qu'elle est personnellement comptable d'une bonne partie des problèmes. À l'heure où il était urgent de proposer une réforme de la justice non partisane et qui aurait pu être acceptée par tous ses acteurs, quand il fallait réformer la justice consulaire et le droit du travail, la première chose qu'elle a fait était de monopoliser le travail des législateurs avec le mariage pour tous, texte mal ficelé s'il en est, et de bloquer toutes les autres réformes qui auraient pu être débattues à l'assemblée nationale durant quelques mois. S'ériger après cela en donneuse de leçon est assez étrange.
Mais il faut un certain courage pour cela. Ou ne pas avoir d'amour-propre. Ou pire encore, être prêt à tout pour conserver son poste.