« La modulation des allocations familiales | Les pastilles royales de mamie Ségolène » |
Hier matin, j'étais convié par un fournisseur à un salon professionnel, précisément au salon « Arrow Multisolutions » qui se tenait au Pavillon Gabriel, à Paris. Encore dans les brumes matutinales, je sors du métropolitain à la station Concorde pour me rendre avenue Gabriel. J'avais oublié qu'avenue Gabriel se trouvait aussi l'ambassade des États-Unis d'Amérique, ce qui m'a valu de montrer mes papiers parce que j'étais du mauvais côté de l'avenue avec une serviette et qu'avec ma tête de terroriste barbue — la tête pas le terroriste aux dires d'une des douanières de l'aéroport Ben Gourion — on n'est jamais trop prudent.
Je parle de ma tête de terroriste pour que ce billet soit correctement indexé par les moteurs de recherche et par les boîtes noires gouvernementales qui sont en court d'installation un peu partout grâce à l'absence de réaction du peuple français qui devrait descendre dans la rue pour la violation flagrante de ses libertés fondamentales. Mais là n'est pas la question, les français sont au moins depuis le général des veaux.
Qu'écrivais-je d'ailleurs avant d'être assez grossièrement interrompu par moi-même et par une digression des plus malvenues ?
Ah oui ! J'étais en train de déambuler du mauvais côté de l'avenue Gabriel, grave erreur. Grave erreur parce que du côté opposé de l'avenue, j'aurais pu avoir une vue d'ensemble m'évitant de faire la bourde que j'ai faite. En effet, chassé par la maréchaussée du côté sud de l'avenue, j'ai été immédiatement assailli par ce que j'ai cru être des escort-girls et qui en fait n'étaient que des hôtesses d'accueil toutes de vert pomme vêtues et qui attrapaient le chaland pour le contraindre à entrer dans un salon professionnel. J'avoue ne pas avoir fait plus attention que cela, il y avait des caliquots avec en gros le nom de fournisseurs connus comme Arrow, Avnet et autres. J'entre donc et me retrouve propulsé dans une salle de conférence sans avoir eu mon mot à dire.
Fig. 1 : Virtualisation de la MSA. Si seulement…
Visiblement, cette conférence — et ce salon — s'adressait aux professionnels de l'informatique et de la virtualisation. Je me demandais ce que j'y faisais jusqu'au moment où je vis, en gros sur un écran, le sigle de la MSA. La MSA est l'OJNI (objet juridique non identifié) qui sert de sécurité sociale aux agriculteurs. Accrochez-vous bien ou accrochez-vous mieux, parce qu'à partir de ce moment, nous sommes tombés dans le surréalisme le plus fou. Le représentant de la MSA est, sur la photographie, le deuxième à partir de la gauche et je n'ai pas réellement compris quelle était sa fonction au sein de la MSA. En revanche, j'ai bien compris que sa présence était motivée par le cocktail ou le dîner de gala tant son discours était au choix risible ou destiné à faire peur à ses heureux cotisants. Heureusement d'ailleurs qu'il n'y avait pas d'agriculteurs dans la salle, je pense qu'ils auraient à juste titre aiguisé leurs fourches pour le pendre haut et court.
Je m'explique.
Ce monsieur a déclaré sans rigoler qu'avant de faire la connaissance de la société Veeam, soit avant 2010 si j'ai bien tout retenu, la MSA n'avait aucune solution de sauvegarde fiable de l'ensemble de ses données informatiques. Je ne parle pas d'archivage mais de simple sauvegardes. Et que depuis, cette même MSA possède deux datacenters contenant trois mille machines virtuelles sur quatre cents sockets. Oui, vous avez bien lu, trois mille machines virtuelles sur quatre cents sockets. Tout ça en possédant deux datacenters, l'un près de Lille et l'autre dans le sud de la France.
Je passe sous silence qu'on ne sait pas réellement ce qui nécessite autant de machines virtuelles. Pour la gestion des cotisations et des prestations, un mainframe avec un second redondant géographiquement distinct devrait faire l'affaire. Les bases de données se répliquant à chaud, la question des sauvegardes ne se posent pas. En revanche, on devrait parler d'archivage. Bref, en un mot comme en cent, ce monsieur ne savaient pas réellement de quoi il parlait et a fait rire jaune une partie de la salle dont mon voisin qui, au bout de quelques dizaines de minutes de ce discours, s'est mis à dormir du sommeil du juste.
Comprenez-moi bien, je ne prétends pas ici que les produits de Veeam sont bons ou mauvais, je n'ai aucun avis sur cette société. Je prétends juste qu'ils sont totalement inadaptés à une structure de type MSA mais qu'ils sont certainement facturés le prix fort. Ces outils conviennent à un prestataire de service fournissant des machines virtuelles, à certaines entreprises qui ont besoin de machines virtuelles, mais pas à une organisation qui a besoin d'un seul gros système informatique centralisé. Enfin, utiliser un marteau pour enfoncer une vis est très pratique lorsqu'on n'a jamais vu de tournevis. Et comme ce sont les cotisations des agriculteurs qui paient cela, autant en profiter.
Au bout d'une heure et demi de conférence, j'ai craqué, je suis allé sur le stand Arrow pour leur demander pourquoi ils m'avaient si gentiment convié à ce salon. Je me suis entendu dire qu'il y avait un second salon, juste dans le bâtiment suivant et qu'on y parlait d'électronique. Effectivement, il y avait un petit panneau indiquant ce second salon, bien plus intéressant que le premier qui n'était dans les faits que plublicitaire.
Mais sans ma méprise et l'empressement des escort-girls à me faire entrer chez Veeam, jamais je n'aurais pris conscience du désastre de la gestion informatique de la MSA. Merci à elles !