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Ça y est, c'est fait. L'annonce officielle vient de tomber, PSA enterre l'hydraulique. Le clap de fin est donné, passons à autre chose.
L'hydraulique, chez Citroën, était la technologie qui a permis à cette entreprise de se différencier des autres fabricants automobiles depuis le milieu des années 1950 et la Traction Avant 15/6H. Ce système hydraulique a permis d'obtenir une suspension à assiette constante des plus agréables — à tel point qu'elle a été reprise sous licence par Rolls-Royce, copiée par Mercedes et quelques autres sans vergogne —, une direction assistée (DIRAVI ou non), des freins à haute pression diablement efficace et d'autres choses plus amusantes sur les authentiques DS comme la boîte de vitesses semi-automatique et les phares mobiles et les correcteurs de freinage.
Il y a quelques jours, Carlos Tavares, l'actuel PDG de PSA, faisait l'éloge pour les soixante ans de la DS de ce système révolutionnaire. Nous savons maintenant que ce n'était qu'un éloge funèbre puisque ce même Carlos Tavares vient d'annoncer la fin du système hydraulique avec les dernières C5.
Il paraîtrait qu'il coûte trop cher. Il paraîtrait aussi qu'il n'est pas efficace et qu'on peut faire mieux avec des suspensions à boudins métalliques commandés électroniquement. Personnellement, je demande à voir et, grand utilisateur de ces suspensions — puisqu'après une 2CV6, j'ai eu successivement une GSA, une BX, une authentique DS23ie et une XM —, j'aurais plutôt tendance à me ranger à l'avis des constructeurs allemands qui voient dans cette annonce la disparition d'un concurrent potentiel.
En effet, si un certain nombre d'erreurs et la crise pétrolière ont conduit Citroën dans le mur en 1974, Peugeot n'a jamais su quoi faire de Citroën lorsque l'usine du quai de Javel est tombé dans son giron. Après avoir maquillé des caisses à savon Peugeot à l'aide de doubles chevrons — je pense au couple LN/LNA d'un côté et 104Z de l'autre, mais il y a aussi des voitures à carrosseries plus distinctes — Peugeot vient de signer l'arrêt de mort de Citroën. C'était couru d'avance. En 1974, Peugeot avait récupéré une marque qui lui faisait de l'ombre parce que le gouvernement de l'époque l'y avait contraint. Quand la marque au lion produisait des 204, 304 et 504, celle au double chevron produisait certes des 2CV et des AMI, mais aussi des GS, CX, DS et SM sans compter ses poids-lourds. Un autre monde. Insupportable — que dis-je ? — intolérable pour Peugeot qui a immédiatement écrasé dans l'œuf toute velléité pour Citroën d'avoir une gamme supérieure à celle de la maison mère. Et c'est allé tellement loin que les utilisateurs de CX se sont retrouvés avec des moteurs calamiteux de la Française de Mécanique au début des années 1980 en lieu et place des moteurs dits à culasse spéciale hérités de la DS qui pourtant équipaient encore certains véhicules au tournant du siècle. N'ayant pas réussi à enterrer Citroën, la XM est lancée après un grand passage à vide dans les années 1980. Avec ce système hydraulique aujourd'hui si décrié, elle a été la voiture la plus vendue en Allemagne qui s'y connaît pourtant en véhicule de classe supérieure en 1989 et 1990. Cela n'a duré que deux ans parce que rien n'était fiable et qu'elles sont toutes tombées en panne. Pas des pannes hydrauliques, non, des pannes de connecteurs électriques. Et sur un tel véhicule, cela ne pardonne pas. La XM, même électriquement fiable à partir de 1994 ne s'en est jamais relevée. Et lorsque je vous aurais dit qu'il a tout de même fallu attendre 1997 pour que l'avant de la voiture ne repose plus sur deux blocs d'élastomère travaillant en extension mais en compression, vous comprendrez que le but de la famille Peugeot n'était pas de satisfaire ses clients. Pourtant, ce qui est acceptable pour une 205 ne l'est pas pour un véhicule qui en coûte quatre à cinq fois le prix. Tous ces ratés, voulus ou non par les vendeurs de cycles de Sochaux, ont ruiné la réputation de la plus belle marque automobile française encore existante. Là où il fallait continuer à faire du haut de gamme et de l'innovation, ce qui était dans l'histoire de Citroën, les boutiquiers de Peugeot en ont fait une grand'mère à tel point qu'il a fallu reprendre le nom DS pour en faire une marque à part. Pourtant, face à un véhicule actuel arborant fièrement le logo DS, la DS originelle qui vient d'avoir soixante ans n'a pas à pâlir.
La marque DS survivra peut-être. Mais pour Citroën, comme cela l'a été pour Talbot fossoyé de la même manière par Peugeot dans les années 1980, c'est la fin.